Réussir une transition alimentaire en douceur
Changer de croquettes, de pâtée, de saveur ou de composition : ne croyez pas que nos boules de poils ne s'en rendent pas compte ! Passer du bœuf au poulet, du lapin au poisson… Les chats domestiques ont leurs habitudes et les changer peut bouleverser leur appétit, leur système digestif et leur santé. Si vous souhaitez changer l’alimentation de votre chat, quelle qu’en soit la raison, il faudra procéder par étapes.
Les maîtres sont parfois tentés de modifier l’alimentation de leur chat pour leur faire plaisir, par exemple en voyant que telle marque lutte contre la formation de tartre, ou qu'une autre propose de nombreuses gammes. Pourtant, dès qu'un type d’alimentation lui convient et lui réussit, il n’est pas nécessaire d’en changer. Le changement ne doit pas résulter de la seule volonté de tester un nouveau goût, une nouvelle texture, ou de faire des économies. Parfois, ce changement s’impose et devient nécessaire.
Les raisons qui poussent au changement alimentaire chez le chat
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles il est parfois nécessaire de procéder à un changement alimentaire : pour correspondre à un changement physiologique, comme chez la chatte gestante ou allaitante, ou par exemple si le chat souffre d’allergies alimentaires. Il est aussi conseillé de modifier le régime alimentaire des chats seniors pour respecter leur système digestif affaibli et éviter l'apparition de problèmes tels que l'insuffisance rénale ou le diabète.
Parfois, il faut changer d'alimentation pour mieux correspondre à l'organisme d'un chat stérilisé ou qui vient d'être opéré, d'un chat à poils courts, longs, ou tout simplement pour que ce soit compatible avec les spécificités de la race.
De la naissance à l'âge adulte : la meilleure transition alimentaire pour félins
Les premiers mois de vie sont une période très importante en ce qui concerne l’alimentation du chaton. C’est la période de croissance, donc ses besoins sont aussi importants que différents de ceux d’un adulte.
De la naissance à 2 mois, le chaton se nourrit du lait maternel. Les besoins nutritionnels de la mère doivent donc dans cette période être correctement couverts pour permettre une production de lait de qualité et en quantité suffisante.
Le sevrage, c’est-à-dire le passage d’une alimentation lactée maternelle à une alimentation solide, intervient généralement avant 2 mois. Puis au fil des ans, en grandissant, l’alimentation du chat sera adaptée à son âge, son activité et son mode de vie. Il pourra également être nécessaire de réévaluer l’alimentation après la stérilisation. Les volumes alimentaires seront alors modifiés.
La transition alimentaire se fera avant la stérilisation afin d’éviter la prise de poids dès le premier jour après l’opération. Cela permettra, par ailleurs, d’avoir habitué le chat à son nouveau régime alimentaire en période où il n’est pas stressé comme cela peut être le cas après la stérilisation/castration.
La prise de poids n’est pas une fatalité mais cela est à surveiller. L’obésité peut avoir de lourdes conséquences sur la santé du chat : réduction de l’espérance de vie, augmentation des risques de développer et/ou d’aggraver certaines maladies comme le diabète sucré du chat, le cancer, les troubles respiratoires, articulaires et hépatiques... Dans tous les cas, il faut être patient, car cela ne se fait pas du jour au lendemain. Généralement, pour faire un changement alimentaire dans de bonnes conditions, il faut compter environ deux semaines.
Pourquoi ? Tout d’abord, parce que l’appareil digestif du chat est différent du nôtre. Votre animal peut mal supporter une nouvelle nourriture proposée sans aucune transition au préalable. Cela risque d’entraîner des problèmes digestifscomme des diarrhées ou vomissements, ou encore un refus du chat de s’alimenter.
Ensuite, parce que les intestins du chat ont une flore bactérienne complexe : le microbiote intestinal. Comme généralement vous donnez à votre chat la même alimentation(croquettes ou pâtées) depuis un moment, ce microbiote s’adapte et sécrète des enzymes spécifiques pour digérer cet aliment. Si vous changez brutalement d’alimentation du jour au lendemain, le microbiote est incapable de le digérer et votre félin risque alors d’être malade.
Enfin, le chat peut refuser un nouvel aliment auquel il n’est pas habitué. C’est un animal qui est méfiant et qui n’aime pas trop la nouveauté. Son odorat très fin lui permettra sans aucun doute de repérer l’intrus dans sa gamelle ! D'où le besoin d’introduire un nouvel aliment progressivement.
Quelle est l'alimentation idéale pour les chats ?
Alors comment nourrir correctement son chat ? Il y a plusieurs options, déjà en fonction de son mode de vie et de son état de santé, mais également selon son âge et ses besoins physiologiques.
Bien nourrir un chat âgé : que donner à manger ?
Les chats dits seniors disposent d'un système digestif plus fragile que celui des jeunes chats. Normalement, des croquettes classiques avec les protéines et les vitamines nécessaires suffisent. Néanmoins, certains vieux chats peuvent avoir des difficultés à croquer ou mastiquer ; dans ce cas, la nourriture en gelée, en pâtée ou en mousse sera préférable. Cela s'appelle la bi-nutrition, et permet de rendre la nourriture plus appétissante pour les chats âgés.
L'avantage d'une nourriture humide est de pouvoir hydrater correctement le chat senior qui, en raison de sa prédisposition à l'insuffisance rénale, peut ne pas boire suffisamment. Il faudra alors veiller à lui donner une alimentation équilibrée, pour éviter la prise de poids soudaine, et privilégier des croquettes spécifiques pour aider aux problèmes d'insuffisance rénale, ou de la nourriture humide écrasée.
Comment nourrir un chaton ?
La transition pour un chaton est différente puisqu'il est normalement allaité par la mère pendant 6 à 10 semaines. Il doit être sevré pour commencer à entamer une transition alimentaire puisque sans cela, son système digestif n'est pas assez évolué pour digérer la nourriture solide et en extraire tous les nutriments. De plus, ses petites dents ne sont pas encore assez solides pour s'attaquer à des croquettes.
Si le chaton est séparé trop rapidement de la mère, il faudra combler son alimentation avec un lait maternel conçu pour les chatons, à raison d'environ 15 ml de lait par jour, fractionné en repas toutes les trois heures. Ces quantités sont adaptées à des chatons d'environ 100 g, donc n'hésitez pas à prendre contact avec votre vétérinaire pour déterminer les besoins de votre boule de poils.
On peut commencer la diversification alimentaire vers la huitième semaine, et introduire progressivement de la nourriture solide en lui faisant d'abord goûter. Il faudra attendre qu'il soit plus adulte pour proposer une alimentation mixte avec de la nourriture humide et sèche. Avant cela, les pâtées et mousses risquent d'être trop riches pour leur système digestif fragile.
Si toutefois les croquettes sèches sont trop dures à manger pour votre chaton, et ce même si elles sont adaptées à leur âge, vous pouvez humidifier vous-même leur gamelle pour que ce soit plus simple à mastiquer.
Quels aliments faut-il surtout éviter de donner ?
Les félins sont des prédateurs qui ont besoin de protéines : une alimentation équilibrée pour le chat ne signifie pas qu'il faille lui donner des légumes verts ou des restes de table. Leurs capacités digestives ne sont pas les mêmes que celles d'un chien.
À éviter absolument chez le chat : le chocolat qui est mortel, mais également le lait, le thon en boîte, la pomme de terre crue, la plupart des boissons réservées aux hommes, et les tubercules. Pour une alimentation équilibrée, privilégiez une alimentation sans céréales, avec des compléments minéraux si nécessaire.
Beaucoup font l'erreur de donner du lait ou du thon en boîte à leur chat, et c'est compréhensible puisqu'ils en raffolent ! Mais ce n'est pas parce qu'ils aiment le goût que cela leur est bénéfique. En réalité, même coupé avec de l'eau, le lait de vache contient du lactose qui n'est pas facilement digéré par l'estomac du chat. Il risque d'avoir de fortes diarrhées, mais aussi de grossir très facilement en raison des graisses contenues dans le lait.
C'est d'ailleurs le même problème avec le thon : celui en boîte contient trop de sel et de mercure, ce qui n'est pas bon pour le cœur du chat. Leur système étant bien différent de celui de l'homme, ils risquent de développer des troubles cardiaques. Ce n'est pas grave de leur en donner un petit bout de temps en temps, mais cela ne doit pas constituer un repas complet, ni même être récurrent.
Comment procéder pour changer l’alimentation de mon chat ?
Vous pouvez, bien entendu, vous rapprocher de votre vétérinaire, qui peut vous donner des conseils personnalisés, car il connaît bien votre animal.
Néanmoins, en règle générale, pour réussir une bonne transition alimentaire, que ce soit avec des croquettes ou de la pâtée, il faut compter environ 2 semaines en mélangeant l’ancien aliment et le nouveau en procédant ainsi :
- commencez par mettre 25 % du nouvel aliment en le mélangeant à 75 % de l’ancien, pendant au moins 4 jours,
- passez ensuite à 50 % de chaque aliment pendant 4 jours de plus,
- puis les 4 jours suivants, mélangez 75 % du nouvel aliment avec 25 % de l’ancien.
Ne changez pas les heures de distribution des repas de votre petit félin, pas plus que l’endroit où vous déposez sa gamelle. Et voilà, vous avez réussi la transition alimentaire de votre chat, lequel peut maintenant consommer 100 % de sa nouvelle alimentation. Ses portions seront tout simplement réajustées en fonction de ses besoins.
Pour quelles croquettes opter, et combien de repas par jour ?
Le choix des croquettes dépend de l'âge de votre animal, mais également de son état de santé et de ses besoins nutritionnels. Vous pouvez demander à votre vétérinaire des conseils pour trouver la marque et la gamme les plus appropriées.
Il est recommandé de donner une quantité d’aliment correspondant à ses besoins énergétiques et de laisser le chat s’autoréguler dans la journée. S’il ne le fait pas par lui-même, alors il est possible de le rationner en plusieurs repas par jour en veillant à son équilibre comportemental. Pour cela, un distributeur automatique peut vous aider puisque votre chat perdra l'habitude de miauler après vous pour réclamer à manger avant l'heure, et s'habituera au rythme de l'appareil.
Toutefois, le chat aime faire plusieurs repas par jour. Donc, la distribution en libre-service est généralement tout-à-fait adaptée à cet animal. Si vous voyez que votre chat continue de manger tant que des croquettes sont disponibles, alors c'est à vous de rationner en plusieurs repas.
Placez ses points de nourriture – car il peut en disposer de plusieurs – à distance de son bac à litière, et dans un endroit calme. Tout comme ses gamelles d’eau fraîche d’ailleurs. Laissez toujours au moins une gamelle d’eau disponible pour votre chat afin d'assurer sa bonne hydratation.
Surveillez votre chat et son comportement durant la transition
urveillez votre chat durant la transition. Si vous observez qu’il a des selles molles ou bien des diarrhées et réagit mal, demandez conseil à votre vétérinaire.
Votre chat mange trop vite, il est boulimique ? Consultez sans attendre, car il peut souffrir d’un problème de santé à l’origine de sa boulimie. C’est le cas notamment avec le diabète du chat ou encore l’hyperthyroïdie, à l’origine de la polyphagie. C’est ainsi que l’on désigne ce symptôme se caractérisant par une faim excessive avec absence de sensation de satiété.
Par ailleurs, une mauvaise vermifugation (lutte contre les vers du chat) peut également entraîner un comportement alimentaire excessif. Tout comme un trouble du comportement : ennui, anxiété… Surveillez également son poids afin de vous assurer qu’il ne maigrit pas alors que vous avez débuté la transition alimentaire. À l’aide d’un pèse-bébé ou sur votre propre balance en le prenant dans les bras et en faisant la tare, il est très facile de s’assurer que le poids de votre compagnon reste stable.
Le poids d’une femelle adulte parmi les chats de type européen (croisés ou dits de « chat de gouttière »), est généralement compris entre 3,5 et 4 kg ; celui d’un mâle adulte entre 4 et 4,5kg. Cela diffère ensuite en fonction du gabarit de l’animal, mais aussi de la race à laquelle il appartient.
Le spécialiste de la santé animale peut vous prescrire des probiotiques adaptés pour restaurer la flore intestinale de votre félin, ou lui apporter de bonnes bactéries afin de la préserver.
Autre erreur à éviter : un changement d’alimentation chez une chatte en gestation. Il est préférable d’attendre la mise bas avant tout changement. Dans tous les cas, à l’apparition de symptômes, stoppez la transition là où ils sont apparus en attendant leur disparition avant de poursuivre.
Passer d’une alimentation industrielle vers une alimentation ménagère
Vous aimeriez traiter votre chat comme un roi et lui proposer des petits plats maison, soit une alimentation ménagère ?
Pourquoi pas, mais sachez que cette solution demande du temps et de l'argent. De plus, les produits frais se conservent bien moins longtemps et vous n’êtes pas à l’abri d’erreurs avec des rations mal équilibrées pouvant entraîner excès ou carences chez votre chat. Et donc avoir des répercussions sur son état de santé.
L’alimentation industrielle de bonne qualité apporte au chat tout ce dont son organisme a besoin, à travers un large choix d'aliments, de nutriments, et de nombreuses gammes. Ensuite, c’est une question de choix.
Si vous souhaitez opérer cette transition, il vous faudra compter 3 semaines environ. Les éléments qui composent la ration ménagère devront être incorporés à l’ancien aliment un par un, jamais tous en même temps.
Pour passer au BARF (Biologically Appropriate Raw Food), un régime se rapprochant le plus possible du mode de vie à l’état sauvage du chat, il est là aussi fortement conseillé de consulter votre vétérinaire afin d’élaborer les menus qui composeront les rations du chat pour une bonne maîtrise de son équilibre nutritionnel.
Le BARF n’est pas à confondre avec le bio. On trouve désormais sur le marché des croquettes bio pour chats. Certaines contiennent des légumes, des céréales ou encore des fruits, entre autres. Ces ingrédients ne conviennent pas au chat qui est un carnivore strict et a besoin de protéines animales, donc de viande ou de poisson. Avec une alimentation bio qui n’est pas faite pour lui, de mauvais produits, il y a un risque de carences en protéines, matières grasses, acides gras essentiels et/ou en vitamines et oligo-éléments…
Que mange un félin à part des croquettes, et comment bien le nourrir ?
Si vous n'optez pas pour une alimentation naturelle, mais que vous aimeriez diversifier la nourriture de votre animal, vous pouvez commencer par lui faire goûter de temps en temps des produits qu'il serait susceptible d'aimer. S'il est curieux et gourmand de nature, vous aurez moins de difficultés à lui faire découvrir d'autres saveurs. En revanche, si votre chat est du genre routinier, il est possible qu'il veuille se cantonner à sa nourriture habituelle. C'est dans ce type de situation que la transition alimentaire doit se faire tout en douceur.
La viande hachée, la volaille cuite et le poisson cuit représentent les besoins en protéines de votre chat. Pour autant, puisque cela demande une cuisson nature, sans sel ni sauce, spécialement pour votre animal... Ce type d'alimentation peut vite revenir cher. Afin de lui apporter tout ce dont il a besoin en matière de minéraux, de vitamines et d'oligo-éléments, le plus important est de vérifier que tous ces nutriments sont inclus dans son alimentation. Les acides gras et les acides aminés ne sont pas à bouder non plus : ils sont essentiels à la bonne santé de votre chat.
La meilleure chose à faire est encore de déterminer un menu avec votre vétérinaire. Celui-ci, après un petit bilan de votre animal, pourra vous conseiller les meilleures croquettes à lui donner, ainsi que des aliments à introduire dans son régime alimentaire, dans un but de diversification ou de bien-être.
Que faire si mon chat refuse le changement de nourriture ?
Il arrive malheureusement que certains chats refusent catégoriquement le moindre changement et toute nourriture inconnue, même si celle-ci est mélangée au repas habituel. Ils font le tri ou ne mangent pas. Ils souffrent de ce que l’on appelle la « néophobie ». Il va donc falloir ruser un peu pour rendre cette nouvelle nourriture plus appétente pour votre chat.
Vous pouvez alors utiliser de l’huile de foie de morue, de l’huile de saumon, ou de la poudre de graisse de bœuf en saupoudrant une petite quantité sur la nourriture de votre chat. Généralement les chats raffolent de ces odeurs et devraient vite oublier le goût inconnu de ces nouvelles croquettes ! En revanche, essayez de ne pas trop habituer le chat à ce genre de friandise, sinon il risque de vous la réclamer en permanence. Autre astuce : chauffer légèrement la nourriture de votre chat, ce qui la rendra plus appétente.
Le chat a besoin de se nourrir plusieurs fois par jour. Il faut donc lui laisser sa nourriture à disposition, cela l’incitera davantage à manger ce que vous lui présentez. Changer l’alimentation de son chat peut paraître anodin, mais il est recommandé pour cela de demander conseil à votre vétérinaire. Les fabricants d’aliments pour animaux ont fait d’énormes progrès, si bien que désormais, les normes de qualité qui régissent l’alimentation animale n’ont à rien à envier à celles de l’alimentation humaine.
Que ce soit en raison de l’âge, d’une maladie ou d’un surpoids, changer l’alimentation de son chat doit se faire progressivement. Le chat est sensible aux changements, car il n’a pas l’habitude de manger, comme nous, des aliments différents. Pour que son système digestif supporte au mieux ce changement, la phase de transition doit être faite en douceur, avec au besoin quelques compléments alimentaires adaptés, selon les recommandations du vétérinaire.
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