Comment traiter et prévenir le diabète sucré du chat ?

 

Le diabète sucré est une maladie endocrinienne connue chez l’humain mais pouvant aussi toucher les chats, et plus particulièrement les seniors souffrant de surpoids. La prise en charge thérapeutique est complexe, et nécessite un suivi régulier de l’animal chez le vétérinaire. C'est pourquoi la prévention, notamment par la gestion du poids, est très importante.

L'essentiel

  • Le principal facteur de risque du diabète est l'obésité
  • Plusieurs traitements existent, qui sont assez contraignants et onéreux
  • Mieux vaut prévenir le diabète que le guérir !

 

Qu'est-ce que le diabète sucré chez le chat ?

Le diabète sucré du chat est une maladie secondaire à une anomalie du métabolisme des sucres, à l’origine d’une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire un taux de glucose dans le sang trop élevé. Cette affection ressemble au diabète de type II chez l’Homme. Le diabète existe aussi chez les chiens.

La glycémie à jeun d’un animal sain est censée être comprise entre 0.6 et 1.1 g/L. Au-delà de 2.2 g/L, l’hyperglycémie est confirmée.

L’insuline est une hormone produite par des cellules spécifiques situées dans le pancréas, c’est la seule de l’organisme capable de diminuer la glycémie, car elle permet aux différents organes d’absorber le glucose qui fournit de l’énergie aux cellules.

Au début de la maladie, le taux de sucre sanguin est constamment trop élevé. Pour compenser, la sécrétion d’insuline augmente pour essayer de diminuer l’hyperglycémie. Mais petit à petit, le pancréas va s’épuiser et en parallèle les cellules du corps deviennent résistantes à l’insuline : c’est ce qu’on appelle l’insulinorésistance. À ce stade, le glucose étant présent en trop grande concentration dans le sang, il va fuiter par les reins et les urines.

Quelles sont les causes de diabète sucré chez le chat ?

Le diabète sucré survient généralement chez les chats de plus de 8 ans, souffrant d’obésité, ayant un mode de vie sédentaire et sans activité physique.

"Environ 1% des chats, tous âges confondus, sont touchés par le diabète. La prévalence augmente en vieillissant, et augmente encore davantage chez les chats âgés ET en surpoids" Tabitha Hookey, vétérinaire spécialisée en nutrition, R&D chez Royal Canin

 

Des facteurs génétiques peuvent également intervenir, ainsi que certains médicaments, par exemple les traitements longs à base de corticoïdes ou de progestatifs. Des pathologies, telles que la pancréatite, peuvent aussi induire une insulinorésistance.

Les mâles castrés sont les plus touchés. La race Burmese est également plus à risque.

Il existe aussi un autre type de diabète bien différent et beaucoup plus rare à tout de même mentionner : il s’agit du diabète juvénile ou de type I, secondaire à un défaut de sécrétion d’insuline par le pancréas, qui touche les jeunes chats. Les symptômes et la prise en charge sont quasiment identiques.

Quels sont les symptômes du diabète chez le chat ?

Les symptômes sont directement liés à l’incapacité des cellules à absorber du glucose et donc à produire de l’énergie. On a donc une hyperglycémie, qui se traduit par divers signes cliniques, assez similaires au diabète chez l’Homme :

  •  Augmentation de la fréquence des urines et de la prise de boisson : le glucose dans le sang est éliminé dans les urines, ce qui augmente le débit urinaire, et le chat boit plus pour compenser car il se déshydrate. Parfois cela peut être assez marqué : l’animal passe son temps à boire, et urine partout dans la maison car il n’arrive pas à se retenir. C’est ce qu’on appelle la polyuro-polydipsie. Les urines peuvent être « collantes » à cause de la présence de sucre en grande quantité.
  • Perte de poids : le défaut d’insuline diminue l’utilisation du glucose par les tissus, l’énergie est donc puisée dans les graisses et les protéines, entraînant un amaigrissement.
  • Augmentation de l’appétit : le manque d’insuline empêche le stockage et l’utilisation du glucose donc le chat a toujours la sensation de faim. Le chat mange beaucoup, mais maigrit !
  • Faiblesse musculaire, troubles locomoteurs (n’arrive plus à sauter sur les meubles, marche « sur les talons »), fatigue, pelage terne et de mauvaise qualité, dégradation de l’état de santé général
  • À long terme, des infections urinaires peuvent apparaître.

 

Acidocétose diabétique : une complication sérieuse à redouter

Un diabète mal équilibré, mal contrôlé et/ou mal traité peut conduire à une acidocétose diabétique.

Les modifications métaboliques sont à l’origine de la formation de corps cétoniques acides, qui vont changer les paramètres du sang (notamment le pH) et provoquer des désordres graves sur tout l’organisme. Les signes cliniques sont donc assez sévères : vomissements, anorexie, fatigue extrême, essoufflement, jusqu'au coma.

Cette complication est une véritable urgence vétérinaire (tout comme l'hypoglycémie que nous détaillerons plus loin). Dans le cas d'une acidocétose diabétique, le chat doit être conduit sans attendre chez un vétérinaire.

Diagnostic : comment détecter le diabète chez le chat ?

Divers examens réalisés par votre vétérinaire pourront confirmer la suspicion de diabète, en particulier des analyses de sang et urinaires.

Un taux de glucose élevé dans le sang ne permet pas de confirmer la maladie car le chat présente souvent des hyperglycémies secondaires au stress. C’est pourquoi il est nécessaire à l'aide d'une analyse d'urine de vérifier la présence de sucre dans les urines, et/ou de doser un paramètre sanguin appelé les fructosamines, qui sont des sucres lents et reflètent donc la glycémie moyenne sur les dernières semaines.

D’autres examens pourront être réalisés pour chercher une éventuelle pathologie associée : pancréatite, infection urinaire...

L’objectif du traitement est de contrôler les symptômes, rétablir une bonne qualité de vie et de prévenir l’apparition de complications telle que l’acido-cétose.

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Comment soigner le diabète chez le chat ?

Soigner le diabète chez le chat passe par l'administration de médicaments visant à normaliser le taux de glucose dans le sang. Il faut non seulement éviter les hyperglycémie (hausse du taux de sucre dans le sang) mais aussi les hypoglycémies (baisse du taux de sucre dans le sang).

Traitement médicamenteux d'un chat diabétique

Deux approches existent dans le traitement du diabète sucré chez le chat :

  • Les injections d'insuline : elles permettent de faire baisser la glycémie, et sont réalisées une à deux fois par jour, à heure fixe, selon les indications de votre vétérinaire. C’est une thérapie assez contraignante, il faut pouvoir s’organiser correctement pour la bonne réalisation des soins. Les injections se font par voie sous-cutanée avec des aiguilles très fines. La dose à administrer vous sera indiquée par votre vétérinaire, et sera à adapter en fonction de la réponse de l’animal. Il vous montrera comment procéder de manière correcte.
  • Les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2 (SGLT2) : récemment introduits en médecine vétérinaire, représentent une alternative intéressante. Ce médicament oral réduit la glycémie en augmentant l’élimination urinaire du glucose, sans avoir recours à des injections insuline. Il est indiqué uniquement chez les chats stables, sans acidocétose ou autres maladies. Son utilisation nécessite une surveillance très rigoureuse.

 

Critère Injections d’insuline Inhibiteurs de SGLT2
Voie d’administration Sous-cutanée (2 fois par jour) Orale (1 fois par jour)
Mécanisme d’action Apport d’insuline exogène Élimination du glucose par les urines
Indications Tous les chats diabétiques, même instables Chats stables, sans acidocétose ni comorbidités
Avantages Contrôle glycémique précis Pas d’injection, observance facilitée
Inconvénients / risques Risque d’hypoglycémie, injections contraignantes Déshydratation, acidocétose, besoin de surveillance
Suivi nécessaire Courbes de glycémie fréquentes Bilan sanguin régulier, suivi de l’état général
Coût Modéré à élevé (selon l’insuline et matériel) Élevé (médicament récent)
Rémission possible Oui avec perte de poids et régime adapté Moins documentée pour le moment

 

Quelle est la meilleure alimentation pour un chat diabétique ?

L’alimentation joue un rôle très important dans la gestion du diabète. Des mesures diététiques doivent être mises en place afin d’obtenir une perte de poids progressive pour les diabétiques de type II, avec une alimentation adaptée (alimentation thérapeutique). Des aliments industriels spéciaux, sous format de croquettes ou de sachets humides et pâtée (l'idéal est de donner quotidiennement un aliment humide et un aliment sec), existent sur le marché et pourront vous être recommandés par votre vétérinaire. Il est très important que votre chat mange correctement tous les jours, surtout après les injections d’insuline.

"Les aliments spécialement formulés pour les chats diabétiques contiennent un taux de glucides spécifique permettant de contrôler l'hyperglycémie post-prandiale, ainsi qu'une teneur élevée en protéines de haute qualité pour préserver la masse musculaire." Tabitha Hookey, vétérinaire spécialisée en nutrition, R&D chez Royal Canin

 

Que faire en cas d'hypoglycémie ?

Une hypoglycémie peut survenir s'il y a eu administration excessive d'insuline ou lorsque le taux de sucre dans le sang chute brutalement. Dans ce cas, il faut "resucrer" l'animal et donc lui faire absorber par exemple du miel, de l'eau sucrée, du sirop d'érable, etc. Il faut compter en moyenne une cuillère à café pour 5 kg de poids et être prudent car le chat peut avoir le réflexe de mordre.

Dans le cas où les symptômes persistent il faut conduire l'animal en urgence chez le vétérinaire. pensez à indiquer au professionnel de la santé animale le type d'insuline utilisée et si possible la dose injectée, à quelle heure ou bien encore si vous avez changer l'alimentation du chat.

Le conseil de Santévet : Si vous avez un chat diabétique traité avec des injections d'insuline, si jamais vous n’êtes pas sûrs d’avoir correctement réalisé l’injection, ne la refaites pas : 2 injections d’affilée peuvent conduire à une hypoglycémie très grave. Il vaut mieux louper une dose que de la refaire par erreur !

Un traitement à vie, un coût élevé

Traiter le diabète du chat représente un coût élevé, et le traitement sera souvent à vie. Il est également recommandé d'opter pour une alimentation thérapeutique spécialement formulée pour les chats diabétiques, que nous détaillerons plus loin. Pour les médicaments et l'alimentation, le coût est estimé à environ 100 à 150 euros par mois.

Assurer son chat le plus tôt possible permet de faire face à de tels frais. L'assurance pour chat de Santévet prend en charge et rembourse les frais vétérinaires liés au diabète. Par ailleurs, Santévet propose deux formules qui prend en partie en charge les factures d'alimentation thérapeutique délivrée sur prescription vétérinaire.

Une rémission possible

Dans environ 50 % des cas, lorsque les cellules pancréatiques ne sont pas totalement détruites, une détection précoce du diabète et une mise en place rapide du traitement médicamentu et diététique permet une rémission totale et donc une guérison de l’animal dans les 3 mois, qui n’aura donc plus besoin d’injections.

"Une baisse du poids augmente considérablement les chances de rémission chez un chat diabétique." Tabitha Hookey, vétérinaire spécialisée en nutrition, R&D chez Royal Canin

 

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Quelle est l'espérance de vie d'un chat diabétique ?

Comme vu précédemment, une rémission est possible chez le chat pris en charge et traité rapidement, qui peut concerner jusqu’à 50% des chats selon certaines études ! D’où l’importante de détecter tôt le diabète afin de mettre en place le traitement rapidement.

Lorsqu’il n’y a pas de rémission, le pronostic reste bon si le traitement et le suivi sont réalisés correctement.

Il arrive parfois qu’un chat présente du diabète ainsi qu’une autre maladie concomitante, dans ce cas-là, le pronostic est plus réservé.

Comment prévenir le diabète sucré chez le chat ?

Le diabète est donc compliqué à traiter chez le chat : c'est pourquoi la prévention est essentielle !

La prévention du diabète sucré chez le chat repose principalement sur la lutte contre l’obésité, principal facteur de risque de cette maladie. En effet, un excès de tissu adipeux diminue la sensibilité des cellules à l’insuline, favorisant l’apparition d’un diabète de type 2. Il est donc essentiel de maintenir son chat à un poids optimal tout au long de sa vie.

"Les chats obèses ont 4 fois plus de chances de devenir diabétiques que ceux ayant un poids normal." Tabitha Hookey, vétérinaire spécialisée en nutrition, R&D chez Royal Canin

 

Une autre étude*, menée par les chercheurs de l'Obesity Care Clinic de Royal Canin sur 1.3 millions de chats à travers le monde, a démontré qu'un chaton en surpoids a 1,5 fois plus de chances d'être obèse à l'âge adulte.

Cela commence donc dès le plus jeune âge, notamment après la stérilisation, avec une alimentation équilibrée, adaptée à son niveau d’activité et à ses besoins. Votre vétérinaire pourra vous conseiller différentes gammes adaptées, et calculer la ration journalière nécessaire pour la perte ou le maintien du poids de votre chat. 

L’activité physique joue également un rôle clé. Un chat actif brûle plus de calories. Même chez un chat d'intérieur, on peut stimuler son activité avec des jeux interactifs, des parcours à explorer ou des séances de chasse simulée. Si votre chat est très glouton, des astuces existent, notamment l'utilisation de gamelles ludiques ou de distributeurs automatiques.

Enfin, un bilan vétérinaire régulier permet de détecter précocement une prise de poids ou des signes évocateurs de diabète (polyurie, amaigrissement, fatigue). 

En résumé :

Le diabète sucré du chat est donc une affection fréquente chez les animaux âgés et en surpoids. En effet, le principal facteur de risque est l’obésité, c'est sur ce point que la prévention est essentielle. 

Sources : 

  • Colliard L et coll (2009). Prevalence and risk factors of obesity in an urban population of healthy cats. J Feline Med Surg.
  • Partington C, Hodgkiss-Geere H, Woods GRT, Dukes-McEwan J, Flanagan J, Biourge V, German AJ. The effect of obesity and subsequent weight reduction on cardiac morphology and function in cats. BMC Vet Res. 2024 Apr 24;20(1):154. doi: 10.1186/s12917-024-04011-0. PMID: 38658930; PMCID: PMC11040875.
  • Serisier S, Feugier A, Venet C, Biourge V, German AJ. Faster growth rate in ad libitum-fed cats: a risk factor predicting the likelihood of becoming overweight during adulthood. J Nutr Sci. 2013 Apr 23;2:e11. doi: 10.1017/jns.2013.10. PMID: 25191559; PMCID: PMC4153074.
  • Mathieu Montoya, Franck Péron, Tabitha Hookey, JoAnn Morrison, Alexander J. German, Virginie Gaillard, John Flanagan, Overweight and obese body condition in ∼4.9 million dogs and ∼1.3 million cats seen at primary practices across the USA: Prevalences by life stage from early growth to senior, Preventive Veterinary Medicine, Volume 235, 2025, 106398, ISSN 0167-5877.
  • Flanagan J, Bissot T, Hours MA, Moreno B, German AJ. An international multi-centre cohort study of weight loss in overweight cats: Differences in outcome in different geographical locations. PLoS One. 2018 Jul 25;13(7):e0200414. doi: 10.1371/journal.pone.0200414. PMID: 30044843; PMCID: PMC6059437.

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