Que penser du régime Barf : bien… ? Mais sous conditions

Régime décrit il y a plusieurs années, mais qui suscite un regain d’intérêt actuellement car il s’inscrit en plein dans la mouvance du ''naturel'', le régime Barf est un mode d’alimentation particulier. Basé sur l’usage de viande et de produits crus. Il n’est pas dénué de risques sanitaires et nutritionnels si l’élaboration de la ration n’est pas correctement maîtrisée. Mais il peut aussi être intéressant le cas échéant.

Souvent résumé à un régime « tout viande », ce qu’il n’est pas, le Barf peut être une alimentation élaborée et équilibrée s’il est préparé dans les règles.

Barf est l’acronyme de Biologically Appropriate Raw Food » (on trouve aussi la traduction Bones And Raw Foods), ce qui se traduit par  « Nourriture crue biologiquement appropriée ».

Ce type de régime vise à se rapprocher de l’alimentation naturelle des canidés et donc privilégie la viande pour cette espèce carnivore. Mais le régime n’est pas seulement carné, il peut intégrer d’autres ingrédients crus indispensables à une ration canine équilibrée.

Ce type de régime a été mis au point par un vétérinaire australien qui souhaitait proposer une alternative à l’alimentation industrielle classique. Il suscite ces derniers temps un regain d’intérêt, la société surfant sur la vague du naturel et du bio. Mais Barf ne signifie pas bio (voir encadré).

Il renvoie à la nature carnivore des canidés et s’oppose en cela à une autre mode beaucoup plus dangereuse, celle du végétarisme, voire du vegan qui, rappelons-le, n’est pas adaptée à l’espèce canine.

La pratique s’est développée ces dernières années, en lien avec la diffusion ultra rapide des informations viaInternet et les réseaux sociaux. Les « recettes » de ration Barf s’échangent ainsi plus facilement et circulent sur le Net.

Mais toutes ne se valent pas et la vigilance est de mise quant à l’équilibre de ce type de ration.

Pas seulement de la viande

Elles peuvent contenir de la viande crue (poulet notamment), des abats, des os (cous de dinde, intéressant pour les fortes mâchoires) mais aussi des produits laitiers (fromage blanc), des légumes, des légumineuses, de l’huile et d’éventuels compléments alimentaires.

La ration Barf exclut les céréales et les féculents ainsi que tous les produits transformés.

Outre l’équilibre, le principal écueil du régime Barf est le risque bactériologique, inhérent à tous les produits crus.

Il est parfaitement possible de distribuer de la viande crue à des chiens mais en prenant les précautions de conservation pour maîtriser le risque bactérien, et principalement les salmonelles. Pour cela, une réfrigération rigoureuse, voire une congélation, sont recommandées.

Pour l’équilibre de la ration, il peut être respecté en ajoutant au besoin un complément minéral et vitaminique (CMV) adapté.

Le cas échéant, ces rations très riches en protéines et en lipides peuvent être déséquilibrées en minéraux et oligo-éléments (calcium, cuivre, zinc…) et vitamines (D et A notamment).

L’usage des os devra également être effectué avec précautions, les risques étant bien réels pour les chiens : dents cassés, risque d’inflammation du tractus gastro-intestinal… Le chien devra y être habitué progressivement pour qu’il apprenne à les ingérer lentement.

Une dentition plus saine

A l’inverse, le Barf a aussi des avantages et notamment un temps de prise alimentaire allongé, l’animal mettant plus de temps à ingérer ce type de ration que des croquettes. A la clé, une dentition plus saine (limitation du tartre en lien avec une mastication accrue) et des mâchoires plus fortes. Les effets sur le comportement peuvent également être bénéfiques, le chien étant occupé plus longtemps.

L’appétence des régimes Barf est généralement très bonne et cette alimentation peut donc être conseillée aux animaux à l’appétit capricieux. Ce type de régime est associé à une dimension plaisir indéniable pour son animal et tout à fait dans l’air du temps.

Le tout naturel renvoie par ailleurs aux mêmes bienfaits que ceux mis en avant dans l’alimentation humaine (absence d’additifs, de conservateurs…).

D’autre part, avec ce type de régime, le propriétaire a le contrôle sur la qualité des ingrédients de la ration et peut donc s’assurer de leur haute digestibilité et valeur biologique.

Le Barf a souvent été décrié, notamment par le monde vétérinaire, mais ces critiques sont dirigées vers les régimes Barf déséquilibrés et notamment ceux élaborés uniquement à base de viande.

Une autre critique, fondée cette fois, porte sur le postulat du vétérinaire australien à l’origine de cette alimentation. Il remettait en cause, sans arguments étayés, la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments industriels et a promu son régime sur ces allégations injustifiées.

Pour autant, un régime Barf équilibré, c’est-à-dire élaboré à partir de viande, sans céréales mais additionné de légumes verts crus, de lait, de yaourt…, peut tout à fait convenir à un chien.

Toujours demander conseil à son vétérinaire

Pour ne pas prendre de risque, il est conseillé de se faire aider par son vétérinaire dans l’élaboration des menus, voire de commander des rations Barf équilibrées et livrées au quotidien ou congelées par des sociétés qui se sont spécialisées dans ce mode d’alimentation.

Les défenseurs du Barf peuvent alors en attendre certains bénéfices (comportement, prévention du tartre, amélioration du poil, meilleure préservation des nutriments thermosensibles) à condition de bien maîtriser l’équilibre nutritionnel de la ration distribuée.

Des études, rares mais étayées, ont validé la bonne digestibilité et les bienfaits d’un tel régime alimentaire.

Mais, malheureusement, l’inverse peut également être observé avec des régimes Barf déséquilibrés qui engendrent affections ostéo-articulaires ou risques sanitaires.

A noter que certains pays sont plus adeptes du Barf que d’autres, comme les pays anglo-saxons mais aussi l’Allemagne ou les Pays-Bas.

Remerciements à Maud Lafon, vétérinaire

Barf et Bio : ne pas confondre

En vogue depuis une bonne quinzaine d’années dans les commerces humains, les produits Bio et naturels ont commencé dans la foulée à remplir également les rayonnages des magasins animaliers spécialisés.

La réglementation française reconnaît depuis 2004 les produits Bio pour animaux et permet l’utilisation du logo AB sur les packagings depuis le 1erjanvier 2005.

L’agriculture biologique correspond à un système de production agricole spécifique qui exclut l’usage d’engrais, de pesticides de synthèse et d’organismes génétiquement modifiés.

Pour pouvoir porter le label AB, les références du petfood Bio doivent respecter une charte de qualité exigeante, garantissant des formulations avec des ingrédients issus de ce type d’agriculture.

En France, la réglementation autour du Bio est rigoureuse et, depuis 2004, les petfood bio sont soumis à leur propre cahier des charges, relatif aux animaux de compagnie.

Les différences avec le cahier des charges imposé à l’alimentation Bio humaine sont minimes. Alors qu’en humaine, les produits pour être estampillés Bio doivent contenir au moins 97 % de matières premières issues de l’agriculture biologique, la limite est fixée à 95 % pour le petfood.

Après avoir tâtonné et cherché sa place, la tendance Bio et naturel a fini par trouver son positionnement marketing et se situe dans le haut de gamme nutritionnel et sanitaire, au côté des produits Premium et super Premium.

 

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