Claude Pacheteau

Pourquoi est-ce que mon chien renifle lors de ses sorties?

Lorsque vous sortez votre chien, il va passer une grande partie de son temps à renifler. Aussi bien en hauteur qu’au sol, au point d’y coller parfois la truffe. Pourquoi votre chien renifle-t-il autant ? Il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, il « suit » la trace, le passage d’autres congénères. Les odeurs sont de précieuses informations pour lui. Il ne faut pas l'en empêcher. Ensuite, il peut être attiré par une odeur, ce dont il faut se méfier s’il venait à manger quelque chose de toxique. Le flair du chien est remarquable. C’est pour cela d’ailleurs qu’il est utilisé dans de nombreux domaines de manière utilitaire et/ou ludique : des détections de maladies aux enquêtes criminelles, en passant par la recherche de personnes perdues ou ensevelies, de stupéfiants, d’explosifs, sans oublier la chasse et le cavage… avec la recherche de truffes.

Les chiens ont un sens olfactif très développé

Le flair du chien est remarquable. Surtout si on le compare à celui de l’homme. Le sens de l’odorat est celui qui est le plus développé chez le chien. Il serait 1 000 fois environ supérieur au nôtre avec quelque 200 millions de cellules olfactives contre… 5 millions chez nous ! De plus, le chien dispose de deux moyens pour percevoir des odeurs : par voie nasale et par voie rétro-nasale. C’est un sens chimique chez lui, comme peut l’être le goût.

Une couche de mucus recouvre la truffe. Elle facilite l’absorption des molécules de l’air « provoquant » des odeurs qui se solubilisent dans le mucus et se diffusent donc jusqu’aux terminaisons nerveuses. C’est donc grâce à ce mucus et à leur muqueuse olfactive que l’odorat des chiens est très développé

Il faut laisser votre chien renifler

En fait, quand nous observons, nous voyons (en premier) et le chien quant à lui… sent. C’est ainsi qu’il perçoit son environnement et en détecte des signaux, les informations.

La raison pour laquelle il faut laisser renifler votre chien, même si cela peut avoir parfois à vous énerverlorsque vous le promener ! Le long des murs, des poteaux, des haies, etc., il va ainsi savoir que des congénères sont passés avant lui.

Plus, par exemple, le chien qui est passé avant a laissé un jet d’urine très (ou assez) en hauteur, plus cela signifie pour celui qui va renifler par la suite que son congénère faisait partie "des grands".

Le chien va aussi se repérer dans l’espace qu’il connaît ou bien au contraire en faire la découverte. Il faut absolument le laisser renifler au risque de développer chez lui un forme de stress. Cela peut avoir par la suite une répercussion sur son comportement.

Bien entendu, votre chien peut aussi être attiré par une odeur : nourriture, charogne, produits sucré… Il faut donc tout de même être vigilant car la gourmandise l’emporte sur le bon sens souvent chez le chien, qui va alors manger ce qui lui passe sous la truffe. Le risque d’intoxication n’est pas à négliger. Une intoxication peut être très grave pour sa santé.

Le chien sent une chienne en chaleur à des kilomètres à la ronde !

N’oubliez pas non plus que votre chien est capable de détecter une chien en chaleur à plusieurs kilomètres à la ronde ! Gare au risque de fugue.

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Le chien va aussi renifler le derrière de celui qu’il rencontre. Les sacs anaux sont des diffuseurs d’informations. Le sébum qu’ils sécrètent se retrouvent aussi dans les selles (une odeur que les chiens « apprécient ») et qui participent également à la transmission d’informations. Pour autant, cette réaction entre chien n’a pas encore trouvé de véritables réponses scientifiques, notamment sur la molécule émise par la femelle en chaleur.

Ils se reniflent le derrière, ne les réprimandez pas

Certains maîtres sont gênés de voir leur chien renifler le derrière d’un autre et inversement. Surtout lors d’une rencontre avec une personne inconnue promenant elle aussi son chien. Les maîtres connaissant ce rituel ne s’en offusquent pas.

Dans tous les cas, ne réprimandez pas votre chien en cette circonstance, mais tentez d’attirer son attention ailleurs, comme avec une petite friandise… ça aussi c’est une odeur qu’il apprécie !

Le chien sent bien l’odeur des médicaments… malheureusement pour vous !

Pas comme celle du vermifuge ou autre médicament que vous aurez caché dans un morceau de fromage à pâte molle par exemple et auquel il ne va même pas daigner toucher après l’avoir senti. Pour aider les maîtres, des laboratoires ont développer des médicaments appètent. Mais certains chiens n’y trouvent pas une odeur plaisante et refusent tout net de croquer dans. Qu’importe, il faudra passer à la manière forte. Mais cela est une autre histoire.

 

Les maladies liés à la truffe et l’odorat chez le chien

Certaines maladies peuvent avoir des conséquences sur le sens olfactif du chien lorsqu’elle touche la truffe. C’est le cas de l’hyperkératose (production excessive de kératine notamment au niveau de la truffe et/ou des coussinets) et qui peut être elle-même secondaire à une autre maladie (leishmaniose, lupus nasal…).

Des infections bactériennes, des maladies virales (sinusite, rhinite) peuvent toucher la truffe et donc avoir des répercussions sur l’odorat du chien.

Le chien peut souffrir, même si cela est rare, d’une perte de l’odorat (anosmie). Des cas de détérioration de l’odorat ont été rapportés chez des chiens de chasse notamment, dû à la présence d’acariens dans les cavités nasales.

Un épillet peut se loger dans la truffe ; il faut alors consulter (parfois on ne se rend pas compte de la présence de cette herbe sèche qui se loge dans les orifices). De même, un écoulement nasal doit inciter à prendre rendez-vous chez votre vétérinaire.

Une griffure, une blessure suite à une bagarre ou une chute, une brûlure, le contact avec des chenilles processionnaires, une méduse, un produit ménager ou autre irritant… Un accident ou « mauvais contact » peuvent eux aussi avoir des conséquences sur le flair du chien. 

La prise en charge par l’assurance pour chien permet d’être remboursé jusqu’à 100 % des frais vétérinaires en cas de maladie et/ou d’accident. Cela permet de pouvoir offrir à votre chien les meilleurs possibles afin qu’il se… « sente » au mieux !

 

Mon chien à la truffe sèche. Est-ce un signe de maladie ?

Non, pas forcément. Même si une truffe sèche peut être le signe d’un problème physiologique ou d’une maladie, l’idée selon laquelle le chien est alors malade est une idée reçue. Le mieux est de prendre la température de votre chien, d’observer tout changement de comportement et de consulter sans attendre votre vétérinaire le cas échéant.

Certains chiens présentent souvent une truffe sèche. On peut, pour l’hydrater, utiliser un peu de vaseline.

 

Certaines races ont la réputation d’avoir un flair plus développé que d’autres

Parmi les races de chiens au flair réputé, citons entre autres : le Berger Allemand, le Beagle, le Labrador, le Berger Belge Malinois, le Golden, le Teckel, le Border Collie ainsi que de nombreux chiens de chasse, évidemment.

Dans cette liste non exhaustive, il est impossible de ne pas évoquer le Saint-Hubert, maître en la matière. En France, la gendarmerie d’Auch, dans le Gers, a travaillé aux côtés d’un Saint-Hubert baptisé Happle. Celui-ci a permis de trouver le butin d’un cambriolage et… de confondre les voleurs.

Utilisé par la police, notamment dans le cadre de recherches de personnes disparues, il a été par ailleurs fait appel au Saint-Hubert afin d’identifier les criminels aux États-Unis. Une identification par ce chien était considérée comme une preuve devant les tribunaux.

 

Le flair du chien au service de l’Homme et... pour son plaisir

Le flair du chien est d’un très précieux recours – et secours - pour l’Homme qui le met à contributions de manière professionnelle (utilitaire) ou par plaisir. 

Le flair du chien est utilisé dans de nombreux domaines. Il a depuis longtemps fait ses preuves et est devenu indispensable en certaines circonstances.

Le chien est capable de détecter des maladies. C’est le cas de certains cancers, de signes avant-coureurs chez les personnes diabétiques ou souffrant de crises d’épilepsie, de paludisme, maladie de Parkinson...

Nosaïs est un programme développé au sein de l’UMES (Unité de Médecine de l’Élevage et du Sport) au sein de l’École Nationale vétérinaire de Maisons-Alfort.

Ce programme a pour objectif de développer le recours au sens olfactif du chien pour le dépistage précoce de certaines maladies, qu’elles soient chroniques, progressives, dégénératives.

Le flair du chien a aussi été rattrapé par l’actualité puisqu’il est mis à contribution pour la Covid-19. Des vétérinaires, médecins, biologistes, maîtres-chiens se sont mis à l’œuvre afin d’étudier la possibilité pour des chiens entraînés de détecter le virus. Les résultats des tests menés sur les chiens renifleurs spécialement entraînés apparaissent prometteurs.

Chiens d’avalanches, chiens de recherche en décombres (personnes ensevelies sous la neige ou lors d’une catastrophes naturelle ou, chiens de recherche de personnes disparues (fuites, fugues, personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer…), nos compagnons à 4 pattes n’ont pas leur pareil pour mettre leur flair au service de l’Homme et des victimes.

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Il existe des brigades canines spécialisées et il arrive que l’on fasse appel à des chiens extérieurs que les maîtres entraînent. C’est le cas pour retrouver une personne disparue notamment.

Cela peut aussi se faire dans un cadre ludique, comme avec les disciplines canines où le flair entre en ligne de compte dans le comptage des points lors d’épreuves : « Campagne », « Pistage » (le mordant sportif comporte aussi des épreuves faisant appel à l’olfaction), mais encore « cavage » (recherche de truffes). Le Lagotto Romagnolo, race de chien originaire d’Italie est par exemple expert pour dénicher le fameux « or noir » pour le plaisir de nos papilles !

Le flair incomparable des chiens est aussi utilisé par les douanes et la gendarmerie afin de détecter la présence de stupéfiants ou d’explosifs.

flair_du_chien_recherche_de_drogue_ou_d_explosifs

En France, la police scientifique fait appel à la truffe et au flair des chiens dans le cadre d’enquêtes. La cynophilie olfactive est une spécialité à part entière, employée par l’unité de la PTS (Police Technique et Scientifique). Un service unique en France et basé à Écully, en région Rhône-Alpes.

Les chiens – des Bergers Allemands et des Malinois principalement  - faisant partie de la PTS sont amenés à identifier des molécules odorantes prélevées par des fonctionnaires habilités sur des scènes de crime, notamment.

Un chien « renifleur » a relancé les recherches sur le meurtre d’une femme qui est n’a jamais été élucidé depuis… 1947 !

Ce chien en question est un Labrador nommé Buster. Il avait déjà permis de retrouver des Marines américains au Japon enterrés à l’époque de la Seconde Guerre mondiale ou bien encore des victimes du tueur Charles Manson.

 

Des odeurs que le chien… n’aime pas du tout !

Il ne faut pas croire que le chien n’a pas de réaction négative face à une odeur. Vous en avez certainement fait l’expérience en vous rendant avec lui chez le vétérinaire. En plus des odeurs « d’ambiance médicale », s’ajoutent celles laissés par ses congénères et qui témoignent de leur stress. Une alerte pour votre chien qui va alors, vous le comprenez, tirer des 4 fers pour ne pas entrer. Ces signaux peuvent être laissés par des glandes situées au niveau des coussinets.

Parmi les odeurs que le chien n’aime pas, citons celle du tabac, du moins la fumée. Le chien aussi peut être une victime du tabagisme passif.

Attention : la nicotine si elle est ingérée est toxique, tout comme les drogues (cannabis) ou encore les produits contenus dans les recharge de cigarettes électroniques.

Il y a aussi certains parfums, certaines odeurs laissés par les diffuseurs, l’encens, les huiles essentielles… que le chien peut ne pas particulièrement apprécier.

 

De la nourriture ou friandise cachée dans un jouet

Pour occuper votre chien en votre absence – cela peut permettre d’ailleurs d’éviter de s’en prendre aux pieds de meubles ou à vos chaussures ! -, vous pouvez cacher de la nourriture dans un jouet du style Pipolino.

Dans un Kong, également. Ce dernier est très résistant et l’on peut facilement, de par sa forme, le remplir de nourriture humide si votre chien est alimenté de la sorte.

En plus de l’amuser (pensez à le cacher, cela « attirera » d’autant plus son flair), ce jouet ainsi « réalisé » lui permettra de se défouler un peu avant sa prochaine promenade… le flair aux aguets !

A la maison et lors de vos sorties, vous pouvez aussi à votre niveau « travailler » le flair de votre chien. En vous cachant vous-même, en cachant un de ses jouet, un morceau de tissu, etc. Vous verrez avec quel plaisir et dextérité il va se montrer dans la grande majorité des cas performant.

 

Le saviez-vous ?

Autrefois, les chiens étaient identifiés à l'aide de l'empreinte de... leur truffe

 

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Photos : Shutterstock