Une vétérinaire raconte son quotidien avec des chats seniors

Dans ma pratique, une part importante des consultations concerne aujourd’hui les chats âgés. Grâce à une meilleure alimentation, à la vaccination et aux progrès de la médecine vétérinaire, les chats vivent de plus en plus longtemps : il n’est plus rare de voir des animaux dépasser 18 ou 20 ans ! Mais le vieillissement entraîne forcément des changements physiologiques qui rendent l’organisme plus vulnérable à certaines maladies chroniques. En tant que vétérinaire, j’accompagne chaque jour des propriétaires désireux d’offrir à leur compagnon la meilleure qualité de vie possible, même à un âge avancé.

L'essentiel (TL;DR)

  • Les chats sont considérés comme seniors à partir de 10 ans, une période où leur organisme devient plus fragile et où un suivi vétérinaire régulier est essentiel pour dépister précocement les maladies fréquentes comme les troubles rénaux, l’hyperthyroïdie ou l’arthrose.
  • Une bonne hydratation, une alimentation adaptée et le maintien d’un poids optimal sont des piliers majeurs pour préserver leur santé et retarder l’apparition des pathologies liées à l’âge.
  • Chaque changement de comportement ou d’habitude chez un chat âgé doit alerter : une consultation rapide permet souvent d’agir tôt et d’offrir à son compagnon une vie longue, confortable et sereine.

 

Vieillir n’est pas une maladie, mais ça se surveille !

Un chat est considéré comme senior à partir de 10 ans, et « gériatrique » au-delà de 15 ans. Cela ne veut pas dire qu’il est condamné à être malade, mais son organisme change. Ses organes deviennent plus fragiles, son métabolisme ralentit, et il devient plus vulnérable aux problèmes de santé. La clé pour bien vieillir : prévenir plutôt que guérir.

Conseil du vétérinaire : prévoir au minimum une visite vétérinaire par an, idéalement tous les 6 mois après 12 ans. Un examen clinique accompagné d'une prise de sang permet de dépister précocement les maladies silencieuses, comme les troubles rénaux ou l’hyperthyroïdie, qui passent souvent inaperçus au début.

L’hydratation : un point essentiel

Les reins sont des organes particulièrement fragiles chez les chats, et d'autant plus chez les seniors. La maladie rénale chronique féline (MRC) est de loin la pathologie la plus fréquente après 10 ans. Elle évolue lentement, souvent sans symptôme visible pendant plusieurs mois ou années. Les premiers signes, assez frustres, sont une augmentation de la soif, des urines en plus grande quantité, et une perte de poids progressive.

Pour prévenir cette maladie ou en limiter les effets, l’hydratation est primordiale. On sait que les chats boivent naturellement très peu, et c'est en partie ce qui augmente les risques de développer des problèmes de reins.
C'est pourquoi je recommande, pour tous les chats (même les plus jeunes) et en particulier pour les chats âgés :

  • De donner tous les jours une alimentation humide (pâtée, sachet fraîcheur), en plus des croquettes. Ces aliments humides vont avoir un pouvoir très rassasiant et hydratant. Vous pouvez demander à votre vétérinaire de vous calculer une ration équilibrée entre croquettes et aliments humides qui couvre correctement les besoins de votre chat.

  • D’installer plusieurs gamelles d’eau fraîche dans la maison : à l'intérieur, à l'extérieur, dans différentes pièces... Evitez de les placer à côté de la litière ou des gamelles de nourriture, préférez les endroits calmes, si possible mettez-en une en hauteur. Je recommande également l'utilisation d'une fontaine à eau, si possible en céramique ou en inox, à bien nettoyer et entretenir minimum une fois par semaine pour éviter les dépôts de calcaire.

Ces petits gestes simples permettent d'augmenter considérablement la prise d'eau quotidienne, de maintenir une bonne hydratation et de prévenir les troubles urinaires et rénaux à long terme. Mis en place dès le plus jeune âge, les effets sont encore plus considérables.

chat senior hydratation

Hyperthyroïdie, arthrose : d'autres maladies du chat âgé

L’hyperthyroïdie féline est l’autre grande maladie du chat senior. Elle provoque une perte de poids malgré un très bon appétit, des changements de comportement (notamment des miaulements très forts ou de l'agitation), parfois des vomissements ou de la diarrhée. C’est une affection hormonale fréquente mais bien prise en charge si elle est détectée tôt. Un simple bilan sanguin permet de la diagnostiquer et d’instaurer un traitement adapté, qui sera à administrer à vie.

L’arthrose chez le chat est également très fréquente, mais bien plus sournoise. Les chats ne boitent pas : ils ralentissent, hésitent à sauter, dorment plus, se toilettent moins. Les signes sont très frustres, et beaucoup de propriétaires pensent que ce sont simplement des signes de vieillissement, alors qu'en réalité leur chat ressent de la douleur en permanence. Aujourd’hui, nous disposons de traitements efficaces : anti-inflammatoires adaptés, injections à action prolongée,  et surtout aménagement du logement (accès facilités, couchage moelleux, gamelles surélevées…). 

Le surpoids : le plus grand facteur de risque

Le surpoids est un véritable facteur de risque médical, dont les conséquences se manifestent souvent plusieurs années plus tard. Un chat "trop lourd" pendant sa jeunesse ou à l’âge adulte a davantage de chances de développer, en vieillissant, des maladies chroniques telles que le diabète du chat, l’arthrose, les troubles cardiaques ou la maladie rénale chronique.

Le tissu adipeux n’est pas inactif : il sécrète des substances inflammatoires qui entretiennent un état d’inflammation de bas grade dans tout l’organisme. Cette inflammation chronique fatigue les organes sur le long terme et accélère certains processus de vieillissement. De plus, le surpoids limite la mobilité, diminue l’endurance et altère la qualité de vie bien avant l’apparition de maladies visibles.

Conseil du vétérinaire : toujours de surveiller la courbe de poids à chaque visite vétérinaire. Une simple variation de 500 grammes chez un chat représente parfois plus de 10 % de sa masse corporelle, l'équivalent de 7 kilos pour un humain ! 

Les dents à surveiller de près

Les problèmes dentaires sont extrêmement fréquents chez le chat senior. Tartre, gingivite du chat, résorptions dentaires… Ces affections douloureuses entraînent une gêne à la mastication, une mauvaise haleine, parfois une baisse d’appétit
Un détartrage sous anesthésie est parfois nécessaire, mais il existe aussi des soins d’entretien : croquettes spéciales, lamelles à mâcher, gels dentaires ou alimentation humide adaptée.
Un point important à considérer et qui est souvent oublié : les affections bucco-dentaires ne se limitent pas à la bouche ! Lorsqu’il y a une inflammation chronique des gencives ou une infection bactérienne autour des dents, les bactéries et les médiateurs inflammatoires passent dans la circulation sanguine. Or, ces bactéries peuvent se fixer sur certains organes cibles, notamment :

  • les reins, où elles contribuent à entretenir ou aggraver une inflammation chronique (ce qui peut accélérer l’évolution d’une maladie rénale déjà présente) ;

  • le cœur, en particulier sur les valvules cardiaques, favorisant des lésions appelées endocardites (infections ou inflammations de la paroi interne du cœur) ;

  • plus globalement, le système immunitaire, qui reste en état d’alerte permanent, ce qui fatigue l’organisme à long terme.

Chez le chat âgé, dont les défenses immunitaires sont moins efficaces, cette inflammation chronique peut donc entretenir ou aggraver des maladies systémiques, en particulier les affections rénales et cardiaques déjà fréquentes à cet âge. C'est pourquoi nous, vétérinaires, avons l'habitude d'examiner avec attention les dents des chats que nous recevons en consultation afin de détecter toute pathologie et vous proposer une prise en charge adaptée.

Le cancer, un autre ennemi du grand âge

Avec l’allongement de la vie des chats, je diagnostique de plus en plus de cancers félins et de tumeurs bénignes ou malignes. Les signes sont variés et parfois très discrets : perte de poids, baisse d’appétit, grosseur anormale, changement de comportement… Là encore, la rapidité du diagnostic est essentielle.
Certains cancers se soignent ou se contrôlent durablement grâce à la chirurgie, aux traitements médicaux ou simplement à une prise en charge de la douleur.

Le conseil de Santévet : Le plus important dans le cancer, c'est de réussir à le détecter tôt, ce qui s'avère souvent compliqué chez les chats qui masquent beaucoup leurs symptômes. C'est donc à vous, propriétaire, d'être attentif au moindre changement chez votre compagnon et de nous le signaler rapidement. Les frais de consultation, d'examens diagnostiques et de traitement sont remboursés par l'assurance santé pour chat.

Vaccination à poursuivre, même à 15 ans

Beaucoup de propriétaires pensent qu’un chat âgé n’a plus besoin de vaccins. C’est faux : le système immunitaire décline avec l’âge, et certaines maladies infectieuses restent dangereuses, même pour un chat d’intérieur.
Je recommande de poursuivre la vaccination du chat, en adaptant le protocole au mode de vie de l’animal et à son état de santé. C’est aussi le moment de renforcer la prévention antiparasitaire, car les chats âgés sont souvent plus sensibles aux infestations.

Une alimentation adaptée, essentielle pour bien vieillir

L’alimentation joue un rôle déterminant dans la santé du chat senior. Avec l’âge, les besoins nutritionnels évoluent : le métabolisme ralentit, la masse musculaire diminue, et les organes (en particulier les reins et le foie) deviennent plus sensibles. Une alimentation spécifique “chat senior” est formulée pour répondre à ces changements. Elle contient notamment :

  • Une teneur contrôlée en phosphore et en sodium, afin de limiter la progression d’une éventuelle maladie rénale ou cardiaque,
  • Des antioxydants (vitamines E, C, taurine, lutéine…) pour lutter contre le stress oxydatif lié au vieillissement cellulaire ;
  • Souvent une densité énergétique ajustée, pour prévenir le surpoids lorsque l’activité physique diminue.

Chez certains chats âgés, il faut également adapter la texture ou la forme de l’aliment (croquettes plus petites, pâtée plus appétente) en cas de troubles dentaires ou de perte d’appétit.

Conseil du vétérinaire : réévaluer régulièrement la ration et le type d’aliment avec son vétérinaire : un chat senior ne doit ni maigrir ni grossir, et ses besoins peuvent évoluer rapidement selon son état de santé.

chat senior veterinaire

Observer, écouter, réagir vite

Dans ma pratique, ce que je répète toujours, c’est que le moindre changement chez un chat senior mérite une consultation.
Un changement d'appétit, un chat qui boit un peu plus, une démarche hésitante, une légère perte de poids… Ce sont de signes d’alerte à ne jamais ignorer !
Les chats sont experts pour masquer la douleur et la maladie : quand les symptômes apparaissent, la maladie est souvent déjà avancée et sera donc plus compliquée à traiter efficacement.

Ce que je retiens de mon quotidien avec les chats seniors, c'est que chaque vieux chat que je soigne me rappelle la même chose : leur longévité dépend autant de la médecine que de l’amour et de l’attention quotidienne de leurs propriétaires. Une alimentation adaptée, un suivi vétérinaire régulier, un environnement confortable et des gestes de tendresse… voilà ce qui fait toute la différence.

Santévet

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