Rage chez le chat : dangers et prévention

La rage est une maladie virale grave, mortelle et transmissible à l’homme, qui affecte principalement les mammifères, dont le chat. Bien que la France soit officiellement indemne de rage depuis plusieurs années, le risque persiste en raison des échanges internationaux et de la proximité avec des zones où la maladie circule encore. Comprendre les mécanismes de transmission, les signes cliniques et les mesures de prévention est essentiel pour protéger la santé des chats et des êtres humains.

L'essentiel (TL;DR) : 

  • La rage est une maladie virale mortelle affectant le système nerveux du chat, transmissible à l’humain, sans traitement curatif une fois les symptômes apparus.
  • La transmission se fait principalement par morsure d’un animal infecté.
  • La prévention repose sur la vaccination et la vigilance.

 

Qu'est-ce que la rage chez le chat ?

La rage est une maladie infectieuse virale grave et mortelle, causée par un lyssavirus de la famille des rhabdoviridae. Elle affecte le système nerveux central des mammifères, dont les chats et les chiens (à l'origine de la rage canine). Une fois les symptômes apparus, la maladie est inévitablement fatale.

Chez le chat, la rage se transmet principalement par la morsure d’un animal infecté, le virus étant présent dans les glandes salivaires. Après une période d’incubation variable (souvent plusieurs semaines), le virus envahit le cerveau, provoquant des troubles neurologiques majeurs, puis le système respiratoire.

La rage est une zoonose majeure, car elle peut se transmettre à l’Homme, entraînant également la mort sans traitement rapide.

Comment se transmet la rage chez le chat ?

Le virus de la rage se transmet principalement par la morsure d’un animal infecté, car le virus est présent en grande quantité dans la salive. Le virus pénètre alors dans l’organisme du chat via la plaie, puis remonte le long des nerfs jusqu’au système nerveux central où il se multiplie.

Modes de transmission chez le chat

  • Morsure directe : principal mode de contamination, généralement après un combat avec un animal porteur (renard, chauve-souris, chien, autre chat).
  • Contact avec une plaie ou une muqueuse : plus rare, si la salive infectée entre en contact avec une blessure ouverte ou les muqueuses (yeux, bouche, nez).
  • Transmission par griffures : possible mais très peu fréquente, uniquement si la salive infectée est présente sur les griffes.

Particularités

  • Le virus est fragile en dehors de l’hôte et ne survit pas longtemps dans l’environnement.
  • Il n’y a pas de transmission par contact simple (caresses, partage de nourriture).

La prévention passe par la vaccination des chats à risque et la limitation des contacts avec la faune sauvage ou les animaux errants potentiellement infectés.

Peut-on attraper la maladie de la rage en France ?

La France est officiellement déclarée indemne de rage terrestre depuis 2001 grâce à une surveillance rigoureuse et une politique vaccinale efficace chez les animaux domestiques et la faune sauvage. Ainsi, le risque pour un humain d’attraper le virus de la rage en France métropolitaine est extrêmement faible.

Cependant, quelques points importants restent à considérer :

  • Risque lié aux animaux importés : des cas de rage peuvent survenir suite à l’importation illégale ou non contrôlée d’animaux infectés.
  • Rage liée aux chauves-souris : des cas très rares de rage ont été identifiés chez des chauves-souris en France qui sont les principaux vecteurs, ce qui nécessite une vigilance particulière en cas de contact avec ces animaux. Les renards et ratons laveurs sont aussi des réservoirs.
  • Voyages à l’étranger : les voyageurs et animaux ramenés de pays où la rage est encore présente doivent être particulièrement vigilants.

La principale source de risque réside dans les importations illégales d'animaux en provenance de pays où la rage est encore présente, notamment en Afrique du Nord et en Europe de l'Est.

 

L'avis de Santévet : Bien que la rage soit aujourd’hui quasiment éradiquée en France, la vigilance reste de mise, notamment pour la vaccination des chats à risque et la gestion rapide des morsures ou contacts suspects.

Quelle est la durée d'incubation de la maladie ?

La durée d’incubation de la rage, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes, est généralement de 3 à 8 semaines chez le chat.

Cependant, cette période peut varier de 10 jours à plusieurs mois selon plusieurs facteurs :

  • La localisation de la morsure : plus elle est proche du système nerveux central (tête, cou), plus l’incubation est courte.
  • La quantité de virus inoculée lors de la morsure.
  • L’état immunitaire de l’animal.

Pendant la période d’incubation, le chat porteur de la rage ne présente pas de signes cliniques mais peut déjà être porteur du virus dans son système nerveux. C’est pourquoi toute suspicion de morsure par un animal potentiellement enragé nécessite une prise en charge immédiate.

rage chat errant

Quels sont les symptômes de la rage chez le chat ?

La rage féline se manifeste par des signes neurologiques et comportementaux évolutifs, généralement en trois phases.

1. Phase d’incubation

  • Aucune manifestation clinique visible.
  • Le virus circule silencieusement dans le système nerveux.

2. Phase prodromique (1 à 3 jours)

  • Changement de comportement : anxiété, nervosité, agitation ou au contraire abattement.
  • Premiers signes discrets comme des vomissements ou une légère fièvre.
  • Le chat peut devenir craintif ou, au contraire, plus affectueux.

3. Phase d’excitation (forme furieuse)

  • La forme furieuse est caractérisée par : hyperactivité, agressivité inhabituelle, attaques sans provocation.
  • Miaulements intenses, hypersalivation abondante.
  • Difficultés à avaler (dysphagie) dues à des spasmes pharyngés.
  • Paralysie partielle ou totale pouvant conduire à un coma.

4. Phase paralytique (forme paralytique)

  • Faiblesse musculaire progressive, souvent à partir des membres postérieurs.
  • Paralysie progressive des muscles de la mâchoire, de la langue et du larynx.
  • Incapacité à boire ou manger, puis mort rapide.

La rage est toujours mortelle après l’apparition des signes cliniques. En cas de suspicion, il est impératif de consulter un vétérinaire sans délai et d’éviter tout contact avec l’animal.

Comment diagnostiquer la rage chez le chat ?

Le diagnostic de la rage repose principalement sur l’examen clinique, l’historique des contacts et des tests de laboratoire spécifiques, car les signes cliniques peuvent ressembler à d’autres maladies neurologiques.

Anamnèse et examen clinique

  • Recueillir des informations sur tout contact avec des animaux sauvages ou errants potentiellement enragés.
  • Observer les signes neurologiques évocateurs : comportement anormal, agressivité, hypersalivation, paralysie.
  • Prendre en compte le statut vaccinal du chat.

Tests de laboratoire

  • Diagnostic post-mortem : analyse du cerveau, notamment du tronc cérébral et du cervelet, à la recherche d’antigènes viraux par immunofluorescence.
  • Techniques moléculaires : PCR pour détecter le génome viral.
  • Le diagnostic antémortem (avant la mort) est très difficile et rarement pratiqué, car la confirmation repose sur des examens invasifs.

Mesures en cas de suspicion

  • Isolement immédiat de l’animal.
  • Signalement aux autorités vétérinaires compétentes.
  • Surveillance stricte ou euthanasie selon les protocoles en vigueur.

Le seul moyen de confirmer le diagnostic est par autopsie de l'animal après sa mort. Le laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy joue un rôle essentiel dans la surveillance de la rage en France. Il reçoit environ 500 prélèvements annuels pour diagnostic de la rage et participe à des programmes de recherche sur les lyssavirus.

 

Comment soigner la rage chez le chat ?

À ce jour, il n’existe aucun traitement curatif efficace contre la rage une fois que la maladie est déclarée. Le virus attaque le système nerveux central de manière irréversible, conduisant inévitablement à la mort dans les jours qui suivent l’apparition des symptômes.

Combien de temps dure la rage chez le chat ?

La durée de la maladie, une fois les premiers symptômes apparus, est courte et fatale.

  • La phase clinique de la rage dure généralement de 2 à 10 jours.
  • Après l’apparition des signes neurologiques (agressivité, paralysie, hypersalivation), l’état du chat se détériore rapidement.
  • La mort survient presque systématiquement dans les quelques jours suivant le début des symptômes, souvent avant la fin de la deuxième semaine.

La rage évolue très rapidement vers la mort, ce qui souligne l’importance d’une prévention rigoureuse et d’une prise en charge immédiate des cas suspects.

Quel est le protocole de vaccination du chat contre la rage ?

Il est possible de vacciner son chat contre la rage selon ce protocole :

Âge du chat Vaccination initiale Rappel Fréquence des rappels Remarques
À partir de 12 semaines Première injection 1 an après la primo-vaccination Tous les 1 à 3 ans selon la réglementation locale et le type de vaccin Respecter la législation en vigueur (variable selon pays/région)
Chat adulte non vacciné Injection unique ou primo-vaccination selon antécédents 1 an après la primo-vaccination Tous les 1 à 3 ans selon la réglementation et le vaccin utilisé Vérifier l’historique vaccinal avant de commencer
Chat voyageant à l’étranger Vaccination obligatoire selon pays de destination Suivre les exigences du pays d’accueil Variable selon pays Le passeport européen pour animaux est requis en UE


Le protocole de vaccination antirabique peut varier en fonction du vaccin utilisé et de la réglementation locale. La vaccination contre la rage est souvent obligatoire pour les chats se déplaçant à l’étranger ou résidant en centre de vacances. Généralement, le vaccin doit être fait 21 jours avant la date du départ. Toujours consulter un vétérinaire pour un suivi adapté.

vaccin rage chat passeport

Quel est le prix du vaccin contre la rage pour un chat ?

Le coût de la vaccination antirabique chez le chat varie selon la clinique vétérinaire, la région et le type de vaccin utilisé. En général :

  • Le vaccin antirabique seul coûte environ 50 à 55 euros.
  • Un vaccin combiné (typhus, coryza, leucose, rage) peut coûter entre 80 et 90 euros.
  • Si la vaccination contre la rage est ajoutée en supplément à un vaccin combiné, elle peut coûter environ 15 euros.

À cela s’ajoutent parfois des frais de consultation vétérinaire, généralement entre 30 et 60 euros, ainsi que des frais éventuels pour l’identification de l’animal (puce électronique) et le passeport sanitaire si le chat doit voyager.

Que faire en cas de morsure de chat ou de chien ?

Les morsures de chats et de chiens peuvent entraîner des blessures parfois graves, avec un risque d’infection, y compris la transmission possible de maladies comme la rage dans certains contextes. Une prise en charge rapide et adaptée est donc essentielle.

1. Nettoyer immédiatement la plaie

  • Laver abondamment la morsure à l’eau claire et au savon pendant au moins 5 minutes.
  • Rincer soigneusement pour éliminer saletés et bactéries.
  • Éviter de frotter trop vigoureusement pour ne pas aggraver la blessure.

2. Désinfecter la plaie

  • Appliquer un antiseptique adapté (bétadine, chlorhexidine).
  • Ne pas refermer la plaie (pas de pansement compressif serré) sauf avis médical.

3. Consulter un professionnel de santé rapidement

  • Même pour une morsure apparemment légère, consulter un médecin ou un vétérinaire (si la morsure concerne un animal domestique connu).
  • Un professionnel évaluera le risque infectieux, la nécessité d’un traitement antibiotique ou d’un vaccin antitétanique.
  • En cas de suspicion de rage (animal inconnu, sauvage, ou non vacciné dans une zone à risque), un suivi strict et immédiat est obligatoire.

4. Surveiller l’évolution

  • Surveiller la plaie pour détecter toute rougeur, gonflement, douleur accrue, fièvre ou écoulement purulent.
  • En cas d’aggravation, consulter en urgence.

5. Prévention

  • Tenir à jour la vaccination antirabique des animaux domestiques.
  • Éviter les contacts avec des animaux errants ou sauvages.

Toute morsure doit être prise au sérieux. Une hygiène rigoureuse et une consultation médicale rapide limitent les risques d’infection et de complications graves.

La rage demeure donc une menace sérieuse malgré son contrôle dans de nombreux pays. La vigilance vétérinaire, la vaccination systématique des chats à risque et la sensibilisation des propriétaires sont indispensables pour éviter la réintroduction et la propagation de cette maladie. En cas de suspicion, une prise en charge rapide et rigoureuse est essentielle pour protéger la santé publique.

Sources :

  • Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES)
  • Organisation mondiale de la santé animale (OIE)
  • Dryad M., et al. « Epidemiology and control of rabies in domestic animals », Veterinary Microbiology, 2015.

Santévet

Leader de l'assurance santé animale