L'essentiel (TL;DR)
- Beaucoup d’idées reçues entourent l’alimentation du chat, mais la réalité est que chaque chat a des besoins spécifiques selon son âge, son mode de vie et sa santé.
- L’alimentation humide, la qualité des protéines, le contrôle du poids et l’adaptation de la ration sont essentiels pour prévenir maladies rénales, surpoids ou troubles digestifs.
- Le meilleur réflexe reste de suivre les conseils d’un vétérinaire, d’observer son chat au quotidien et d’ajuster son alimentation en fonction de son évolution.
1. « Les croquettes suffisent, pas besoin d’alimentation humide »
Faux. Si les croquettes apportent une nutrition complète, elles sont très pauvres en eau — environ 7 % seulement. Or, le chat boit peu par nature : ses ancêtres du désert obtenaient la majeure partie de leur hydratation via leurs proies ! Une alimentation 100 % sèche peut donc favoriser la déshydratation, et donc les troubles urinaires ou la maladie rénale chronique féline.
Mon conseil de vétérinaire : proposer chaque jour une part d’alimentation humide (pâtée, sachet fraîcheur, ration mixte) est bénéfique, dès le plus jeune âge, et encore plus pour le chat senior après 8 ans.
2. « L’alimentation humide fait grossir »
C’est tout l’inverse. Les aliments humides sont riches en eau et donc moins denses en calories que les croquettes. Ils procurent aussi une meilleure satiété, ce qui aide à réguler le poids.
Un chat nourri en partie avec de la pâtée a souvent un poids plus stable qu’un chat nourri exclusivement avec des croquettes, surtout après la stérilisation.
3. « Le chat doit manger deux repas par jour, comme un chien »
Faux : le chat est un grignoteur, dans la nature, il consomme 10 à 15 petites proies par jour. Son système digestif est fait pour de nombreuses petites prises alimentaires.
Restreindre les repas à matin et soir favorise la frustration, le stress alimentaire et parfois le surpoids par compensation.
Mon conseil de vétérinaire : Idéalement, laissez les croquettes à disposition (si votre chat sait s’autoréguler), ou distribuez sa ration en plusieurs fois dans la journée dans une gamelle anti-glouton.
4. « Mon chat peut se contenter d’une gamelle posée au sol »
Non : le chat a besoin de chercher et gagner sa nourriture, c’est une part importante de son équilibre.
Les gamelles "ludiques", tapis de fouille ou distributeurs à ouverture lente stimulent son instinct de chasse, ralentissent la prise alimentaire et préviennent l’ennui (un facteur souvent sous-estimé du surpoids).
5. « Il faut varier souvent l’alimentation du chat »
Pas forcément. Un chat qui digère bien son aliment n’a aucun besoin de changer régulièrement de marque ou de goût. Les changements trop fréquents peuvent au contraire perturber le microbiote intestinal et entraîner des diarrhées chez le chat ou une perte d'appétit.
Je recommande de garder une alimentation stable et d’adapter uniquement si le chat vieillit, présente une pathologie ou change de mode de vie.

6. « Les croquettes sans céréales sont meilleures »
C'est une des idées reçues que j'entends le plus fréquemment en consultation.
Faisons le point : les chats digèrent très bien les céréales depuis des dizaines de milliers d’années et n’ont pas besoin d’une alimentation sans céréales (sauf très rares cas d’intolérance).
Les céréales permettent de faire la structure de la croquette et d’apporter de l’énergie à l’animal. Les marques qui vendent du sans céréales (qui existent souvent depuis moins d’une dizaine d’années) les remplacent par d’autres ingrédients, sur lesquels on n’a très peu de recul au niveau de la digestibilité et d’éventuels effets sur l’organisme à long terme.
Deux études* sorties en 2022 et 2023 ont montré que l’alimentation sans céréales favorise le surpoids et le développement de maladies cardiaques chez les animaux (notamment en empêchant, pendant la digestion, la bonne absorption de certains acides aminés essentiels pour la fonction cardiaque). Le problème ce n’est pas l’absence de céréales, mais plutôt ce qui les remplace !
Mon conseil de vétérinaire : Dans le doute, on ne choisit pas d’alimentation sans céréales pour son chat et on reste sur une formulation appuyée sur des études scientifiques et sur laquelle on a du recul.
7. « Un chat stérilisé devient forcément obèse »
Heureusement non ! La stérilisation du chat réduit les besoins énergétiques (d'environ 20%) et augmente l’appétit, mais ce n’est pas une fatalité.
Avec une gamme de croquettes spécialement formulée pour chats stérilisés (et donc 20% moins calorique), une ration adaptée et un suivi du poids régulier, la majorité des chats stérilisés peuvent conserver une silhouette harmonieuse.
8. « Plus il y a de protéines, mieux c’est »
Pas tout à fait. Le chat a certes besoin d’un régime riche en protéines animales (et elles doivent apparaître en premier dans la liste d'ingrédients des croquettes), mais leur qualité est primordiale.
Des protéines mal digestibles ou d’origine végétale peuvent surcharger les reins et être moins bien assimilées. Une croquette de qualité, c’est une croquette qui contient des protéines faciles à digérer, composées au minimum des 11 acides aminés dits “essentiels” pour le chat.
En effet, certaines protéines sont tellement “complexes” que la digestion ne permet pas de les décomposer : les acides aminés ne sont donc pas libérés dans l’intestin, et l’ingrédient n’a donc aucun intérêt nutritionnel. C’est pourquoi, quand on parle de protéines, la qualité prime sur la quantité ! Un taux élevé de protéines de mauvaise qualité n’apporte aucun bénéfice pour l’animal. De manière générale, les protéines animales sont plus digestibles que les protéines végétales, sauf les poils, les plumes et le collagène (le “nerf” des viandes dures) qui est abondant dans les tendons, les cartilages et les pièces de viande de mauvaise qualité.
Mon conseil de vétérinaire : La liste des ingrédients fournie par les fabricants ne donne souvent pas beaucoup d’informations sur la qualité des protéines (à part pour quelques marques "vétérinaires"), c’est pourquoi la qualité des protéines est difficile à interpréter soi-même. Le prix reste un indicateur pertinent : les protéines de haute qualité coûtent cher, donc si des croquettes sont très bon marché c’est souvent signe d’une qualité moindre (mais l’inverse n’est pas toujours vrai !).
9. « Mon chat est sûrement allergique à son aliment »
C’est une idée très fréquente, mais dans les faits, les allergies alimentaires représentent moins de 5 % des causes de démangeaisons chez le chat.
La majorité des prurits sont d’origine parasitaire (à cause des puces du chat), environnementale ou atopique.
Un régime d’éviction peut être utile dans certains cas, mais il doit toujours être mené sous contrôle vétérinaire. Si votre chat a des symptômes de démangeaisons, n'hésitez pas à consulter votre vétérinaire : les frais sont remboursés par l'assurance maladie pour chat Santévet.
10. « Les marques vétérinaires sont juste du marketing »
Faux. Les gammes vétérinaires sont formulées à partir de données scientifiques, testées dans des laboratoires dédiés à la nutrition animale, et soumises à des contrôles de qualité stricts.
Elles garantissent une meilleure traçabilité des ingrédients, une digestibilité prouvée et une formulation adaptée aux pathologies (rénales, digestives, urinaires…).

11. « Le surpoids, c’est juste un problème esthétique »
C'est malheureusement faux. Le surpoids chez le chat est une véritable maladie : il favorise le diabète, l’arthrose, les troubles urinaires et réduit considérablement l’espérance de vie.
Un chat en surpoids vit en moyenne deux ans de moins qu’un chat mince.
Surveiller la courbe de poids, ajuster la ration et encourager l’activité sont des gestes essentiels pour sa santé.
12. « Les chats savent réguler seuls leur alimentation »
Ce n’est vrai que dans un contexte idéal : croquettes peu caloriques, environnement stimulant, activité physique suffisante...
Un chat d’intérieur qui s’ennuie aura tendance à “manger par plaisir” plutôt que par faim, un peu comme nous devant un paquet de biscuits ! Dans ce cas, il vaut mieux fractionner la ration quotidienne ou utiliser une gamelle ludique pour ralentir la prise alimentaire.
13. « Donner des restes de table, c’est naturel »
Non, et c'est même parfois dangereux. Les chats n’ont pas les mêmes besoins ni la même tolérance digestive que nous.
Les aliments salés, gras ou épicés, ainsi que certains ingrédients (oignons, ail, chocolat, os cuits…) peuvent provoquer de graves intoxications chez le chat.
Même de petites quantités de restes perturbent la ration équilibrée et favorisent le surpoids.
14. « Le lait est bon pour les chats »
C’est un mythe qui perdure depuis les dessins animés ! En réalité, la majorité des chats adultes sont intolérants au lactose : leur organisme ne produit plus l’enzyme nécessaire à sa digestion.
Le lait provoque donc souvent diarrhée, flatulences et inconfort digestif.
Si vous souhaitez proposer une friandise lactée, il existe des “laits spéciaux pour chats” sans lactose.
15. « Une alimentation maison, c’est forcément mieux »
Pas sans formulation précise. Une ration maison non équilibrée entraîne rapidement des carences en calcium, taurine, iode ou acides gras essentiels.
Cuisiner pour son chat est possible, mais uniquement sous la supervision d’un vétérinaire nutritionniste, avec une recette calculée sur mesure.
Les recettes trouvées sur Internet ou inspirées des régimes “naturels” sont rarement adaptées aux besoins stricts du chat, notamment car ils ne contiennent pas tous les acides aminés nécessaires pour son métabolisme, ce qui peut s'avérer très grave à long terme.
L’alimentation du chat est donc un domaine où les idées reçues ont la vie dure ! En réalité, il n’existe pas de recette universelle : chaque chat a ses besoins, liés à son âge, son mode de vie et sa santé. Le meilleur réflexe reste de s’appuyer sur les conseils de votre vétérinaire, d’observer votre chat au quotidien, et d’ajuster son alimentation en fonction de son évolution.
Santévet
Leader de l'assurance santé animale
*Sources :
- “Applied Veterinary Clinical Nutrition”, A. Fascetti & S. Delaney, 2012
- “Encyclopédie de la nutrition clinique féline”, P. Pibot, V. Biourge & D. Elliott, 2008
- “Nutrition vétérinaire du chien et du chat”, S. Lefebvre, 2019
- “Nutritional guidelines for complete and complementary pet food for cats and dogs”, FEDIAD, 2024
- “Tout savoir sur les nutriments qui nourrissent, préviennent et guérissent les chiens et les chats”, D. Grandjean, 2006
- Adin D, DeFrancesco TC, Keene B, Tou S, Meurs K, Atkins C, Aona B, Kurtz K, Barron L, Saker K. Echocardiographic phenotype of canine dilated cardiomyopathy differs based on diet type. J Vet Cardiol. 2019 Feb;21:1-9. doi: 10.1016/j.jvc.2018.11.002. Epub 2018 Dec 5. PMID: 30797439.
- Eric J. Owens, Nicole L. LeBlanc, Lisa M. Freeman, Katherine F. Scollan. Comparison of echocardiographic measurements and cardiac biomarkers in healthy dogs eating nontraditional or traditional diets. 2022.
- Karp SI, Freeman LM, Rush JE, Karlin ET, LaMastro JN, Hicks JM. Comparison of echocardiography, biomarkers and taurine concentrations in cats eating high- or low-pulse diets. J Feline Med Surg. 2023.
- Kimberly J. Freid, Lisa M. Freeman, John E. Rush, Suzanne M. Cunningham, Megan S. Davis, Emily T. Karlin, Vicky K. Yang. Retrospective study of dilated cardiomyopathy in dogs. 2020
- - Walker AL, DeFrancesco TC, Bonagura JD, Keene BW, Meurs KM, Tou SP, Kurtz K, Aona B, Barron L, McManamey A, Robertson J, Adin DB. Association of diet with clinical outcomes in dogs with dilated cardiomyopathy and congestive heart failure. J Vet Cardiol. 2022