En France, pas de taxe sur les animaux de compagnie, mais d’autres pays ont mis en place des dispositifs pour encadrer la possession et financer les services liés aux chiens et chats.
Le Budget 2025 pourrait instaurer en France une contribution pour les propriétaires de chiens et de chats. Déjà mise en place dans plusieurs pays étrangers, cette mesure interroge : comment est-elle appliquée ailleurs et à quoi sert-elle concrètement ? On vous explique.
L'essentiel (TL;DR) :
- La France n’impose aucune taxe sur les chiens ou autres animaux de compagnie, contrairement à certains pays étrangers.
- À l’étranger, les taxes sur les animaux financent refuges, stérilisation, parcs à chiens et encouragent l’adoption responsable.
- Les propriétaires français doivent identifier leur animal, respecter les vaccinations, déclarer les chiens dangereux, assurer la responsabilité civile et veiller au bien-être de l’animal.
Va-t-on devoir payer une taxe pour les animaux de compagnie en France ?
L’annonce d’une éventuelle taxe sur les animaux de compagnie a fait grand bruit au printemps dernier, semant la panique chez de nombreux propriétaires. L’idée viendrait du modèle allemand, où une taxe sur les chiens existe réellement, calculée selon la race et la commune de résidence.
Rapidement, des montants farfelus ont circulé sur les réseaux : 100 € pour un chien, 80 € pour un chat, 20 € pour un NAC, 10 € pour un oiseau et même 1 € pour un poisson ! Des chiffres qui ont laissé plus d’un Français dubitatif.
Mais qu’en est-il vraiment ? Rassurez-vous, cette information est totalement fausse*. Aucune taxe sur les animaux de compagnie n’est prévue dans le Budget 2025, ni même à plus long terme. Le ministère du Budget a officiellement démenti toute intention en ce sens. Une bonne nouvelle pour les millions de foyers français partageant leur vie avec un compagnon à quatre pattes (ou à nageoires !).
Le conseil Santévet : lorsque vous cherchez des informations sur les lois et taxes concernant les animaux de compagnie, évitez de vous fier aux réseaux sociaux et privilégiez toujours les sources officielles comme les sites gouvernementaux ou vétérinaires.
Dans quels pays existe-t-il une taxe sur les chiens ?
Plusieurs pays ont instauré une taxe sur les chiens, à la fois pour réguler la possession d’animaux et financer certains services publics.
Allemagne
En Allemagne, la Hundesteuer est une vieille institution. À Berlin, un propriétaire débourse environ 120 € par an pour son premier chien, puis 180 € pour chaque animal supplémentaire. Certaines races dites “dangereuses” peuvent être taxées jusqu’à 600 € par an.
Selon GlobalPETS, cette taxe a rapporté près de 414 millions d’euros en 2022, soit une hausse d’environ 3,3 % par rapport à l’année précédente. Ces fonds servent à entretenir les espaces verts, assurer le nettoyage urbain et améliorer la gestion des animaux domestiques.
Suisse
Chaque canton fixe sa propre taxe, généralement comprise entre 50 et 150 CHF (45 à 135 €). L’argent collecté est reversé aux refuges, services vétérinaires et campagnes de vaccination, contribuant directement au bien-être animal.
Italie
L’Italie ne taxe pas directement les chiens, mais impose une amende de 100 à 500 € aux propriétaires qui n’enregistrent pas leurs animaux dans le registre régional. Les fonds recueillis sont utilisés pour financer la stérilisation et lutter contre l’errance animale.
Pays-Bas
Les propriétaires néerlandais s’acquittent d’une taxe annuelle comprise entre 60 et 150 €, selon la commune. Ceux qui adoptent en refuge peuvent bénéficier d’une exonération, une mesure destinée à encourager l’adoption responsable.
Autriche
En Autriche, la taxe oscille entre 50 et 80 € selon la taille du chien et la ville. Les municipalités utilisent ces fonds pour créer des parcs à chiens et des espaces dédiés aux propriétaires.
Australie
Dans certaines régions australiennes, les chats non stérilisés sont soumis à une taxe de 50 à 100 AUD (30 à 60 €). L’objectif : réduire la population féline errante et soutenir les programmes de stérilisation.
Pourquoi le projet de taxe sur les animaux n’a-t-il pas vu le jour en France ?
L’idée d’instaurer une taxe sur les animaux de compagnie en France a refait surface à plusieurs reprises, notamment en s’inspirant du modèle allemand, où la Hundesteuer sur les chiens existe depuis longtemps. Pourtant, en France, aucune mesure de ce type n’a jamais été adoptée récemment, et plusieurs raisons expliquent cette réticence historique et contemporaine.
D’abord, il faut rappeler que la France a déjà connu une forme d’imposition sur les chiens. Introduite en 1855 sous Napoléon III, cette taxe avait pour objectif de réguler la possession des chiens et de lutter contre certaines maladies, notamment la rage. Toutefois, la mesure fut jugée peu efficace et administrativement complexe.
Après plus d’un siècle d’application, elle fut finalement supprimée en 1971 par Valéry Giscard d’Estaing, principalement en raison de son faible rendement et de la difficulté pour les municipalités de collecter cette taxe de manière uniforme et équitable. Cette suppression a laissé un précédent : les Français se sont habitués à ne pas payer de taxe spécifique pour leurs animaux, ce qui a façonné une certaine sensibilité culturelle autour de la question.
Depuis cette époque, plusieurs tentatives pour réintroduire une taxe sur les chiens ont échoué. En 1998, par exemple, une proposition de loi visant à instaurer un système calqué sur le modèle allemand fut déposée au Sénat. Cependant, elle ne rencontra pas de succès, confrontée à une forte opposition politique et publique. Les autorités françaises craignent en effet les conséquences économiques et sociales d’une telle mesure.
L’un des principaux risques est l’augmentation des abandons d’animaux : selon un sondage IFOP, 7 % des Français ont déjà été contraints d’abandonner leur compagnon à cause de difficultés financières. Les décideurs publics redoutent donc qu’une taxe obligatoire ne pousse certains propriétaires à se séparer de leurs animaux, aggravant le problème de l’errance et mettant une pression supplémentaire sur les refuges.
Un autre obstacle majeur réside dans la perception d’une nouvelle taxe comme injuste ou excessive. Dans un contexte où la fiscalité est déjà souvent perçue comme lourde, toucher les propriétaires d’animaux pourrait générer un mécontentement significatif.
Quelles sont les obligations légales pour les chiens à ce jour en France ?
En France, bien qu’il n’y ait pas de taxe, les propriétaires de chiens doivent respecter plusieurs obligations légales afin d’assurer la sécurité et le bien-être de leurs animaux ainsi que celle du public :
- Identification : tout chien doit être identifié par puce électronique ou tatouage. Cette obligation concerne tous les chiens nés après le 1er janvier 2012** et vise à faciliter la traçabilité et à lutter contre les abandons.
- Vaccinations : certaines vaccinations sont obligatoires selon la région ou la situation sanitaire. Par exemple, le vaccin contre la rage est obligatoire pour les chiens qui voyagent à l’étranger ou participent à certaines activités réglementées.
- Déclaration en mairie : les chiens de catégories 1 et 2 (chiens dits dangereux) doivent être déclarés en mairie et faire l’objet d’un permis de détention. Cette démarche inclut également la stérilisation et la souscription à une assurance responsabilité civile.
- Responsabilité civile : tout propriétaire est légalement responsable des dommages que son chien pourrait causer à autrui. Il est donc fortement recommandé de souscrire une assurance responsabilité civile adaptée.
- Soins et bien-être : bien que ce ne soit pas toujours quantifié par la loi, le propriétaire doit garantir la nourriture, l’eau, l’abri, les soins vétérinaires et une attention régulière à l’animal pour assurer son bien-être. D'ailleurs, pour aider à couvrir les frais vétérinaires, il est possible de souscrire une assurance santé animale.
- Tenue en laisse et contrôle dans les lieux publics : certains chiens, en particulier ceux considérés comme dangereux, doivent être tenus en laisse et porter une muselière dans les lieux publics.
Est-ce qu’il existe des déductions d’impôts liées aux animaux ?
Contrairement aux idées reçues, la France offre déjà quelques avantages fiscaux pour les propriétaires d’animaux domestiques, même s’ils restent modestes et méconnus. Ces dispositifs ont pour but principal de soulager les familles face aux coûts élevés liés à l’entretien de leurs compagnons et de prévenir les abandons pour raisons financières.
À ce jour, il existe notamment une déduction fiscale de 30 € par chien ou chat pour les dépenses alimentaires. Bien que modeste, cette mesure contribue à réduire légèrement la charge fiscale annuelle des foyers possédant des animaux.
Plusieurs amendements récents ont été déposés afin d’étendre ces dispositifs et d’apporter un soutien plus conséquent aux propriétaires :
Dispositif proposé | Montant estimé | Type d’avantage | Objectif principal |
Crédit d’impôt pour les animaux | 30 € par mois et par animal (360 € par an) | Crédit d’impôt | Aider les propriétaires à couvrir les dépenses courantes liées à l’entretien des animaux |
Réduction fiscale pour la stérilisation | Montant variable selon la législation finale | Réduction d’impôt | Encourager la stérilisation des animaux pour limiter les abandons et la surpopulation |
Réduction fiscale pour l’identification (puce ou tatouage) | Montant variable selon la législation finale | Réduction d’impôt | Favoriser l’identification des animaux pour assurer leur traçabilité et leur protection |
Il reste désormais à voir si ces dispositifs verront réellement le jour.
En résumé, si plusieurs pays ont choisi d’instaurer une taxe sur les chiens pour financer des services publics, réguler la possession d’animaux et encourager l’adoption responsable, la France reste pour l’instant à l’écart de ce type de mesure. Les tentatives passées ont montré que la population et les autorités craignent surtout les effets négatifs, comme l’augmentation des abandons et le mécontentement face à une nouvelle charge fiscale.
Santévet
Leader de l'assurance santé animale
Photos : 123rf
Source :
* La Nouvelle République
** Service Public