Thaï : à la découverte du chat siamois traditionnel

Jean-Luc Roffredo, éleveur de Thaï (Chatterie du Siam) et par ailleurs vice-président d’EuroThaï, club de race agréé par le LOOF (Livre Officel des Origines Félines), voue une grande passion pour ce chat qui constitue la variété originelle du siamois. Si le Thaï  (ou siamois traditionnel) et son cousin le siamois peuvent être confondus par le néophyte, ils ont tous deux une morphologie bien distincte, mais possèdent un tempérament et un mode de vie assez proche. Allez-vous succomber à votre tour ? 

SantéVet : Le Thaï  souffrirait d’une mauvaise réputation. Quelle en est la cause ?

Jean-Luc Roffredo : Le siamois « Thaï  », patrimoine mondial félin plus que centenaire a effectivement mauvaise réputation ! Lorsque j’emploie le terme « siamois », il s’agit bien entendu du « chat royal du Siam », à la morphologie et personnalité telles qu’introduites en Europe peu avant 1871. Ce siamois traditionnel est connu actuellement sous le nom de « Thaï ».

Walt Disney, dans son dessin animé « La belle et le Clochard » (1955), a représenté deux siamois, Si et Am, comme étant d’abominables créatures. Cela a certainement un peu contribué à la mauvaise réputation du chat siamois.

Mais l’origine de cette mauvaise réputation trouve sa source ailleurs. Les lois autorisent la commercialisation des chatons dès l’âge de huit semaines ! Hélas, triste constat : à peine sevré, le chaton est livré à lui-même dans un domaine qu’il ne connaît pas avec des personnes étrangères à sa prime enfance.



SantéVet : C’est donc cela qui lui fait le plus de tort ?

Jean-Luc Roffredo : Francis Blanche disait : « Mieux vaut élever son esprit que des chats siamois ». Oh, qu’il avait raison ! Car, en effet, de son caractère trop particulier et quasi unique, le siamois nécessite une attention et un élevage tout particulier.

A l’âge de huit semaines, les chatons n’ont pas terminé leur socialisation. Entre la troisième et la huitième semaine se situe la première phase de socialisation. Les chatons apprennent par phénomène de vicariance, c'est-à-dire qu’ils refont tout ce que leur maman fait et leur apprend.

Cette période est importante pour l’équilibre futur du chat. Le chaton est d’abord éduqué par sa mère, au contact de ses frères et sœurs. Elle va montrer le maximum de comportements utiles à sa progéniture. Entre la septième/huitième et la quatorzième semaine, se situe la seconde phase de socialisation, dite phase éducative. Pendant cette seconde phase d’apprentissage, le chaton va communiquer plus amplement avec sa maman, mais aussi avec ses frères et sœurs dans les jeux, les courses poursuites, les cache-cache, les petites bagarres fratricides… Tout ceci contribue à l’équilibre du chat. 

Un chaton de huit semaines (dépourvu de la seconde socialisation), sorti de son environnement, sera dans un premier temps très stressé, craintif et replié sur lui-même. Il lui sera plus difficile de se soumettre à toute éducation et il mettra plus longtemps à prendre ses marques dans sa nouvelle famille.

Souvent, la réaction du chaton sera ensuite d’imposer ses propres règles, au détriment d’une bonne cohabitation avec ses nouveaux maîtres qui eux, trop heureux d’avoir une petite boule de poils, lui passeront tous ses caprices ce qui risque de faire du chaton un chat adulte asocial et caractériel. Hélas, trois fois hélas ! Et ceci peut se présenter dans 95 % des cas. Voici donc la principale cause de la mauvaise réputation du siamois.



SantéVet : Il est donc plus prudent d’acquérir son chaton à partir de treize semaines ?

Jean-Luc Roffredo : Trop de siamois ont été adoptés trop tôt dans leur vie. Dès lors, toute éducation sera nettement plus difficile et le chaton se soumettra moins aux limites et usages de la bienséance. Le chaton n’aura donc pas reçu les bons fondements d’une éducation maternelle. 

Jusqu’à l’âge d'au moins 13 semaines, un éleveur, digne de ce nom, sera attentif et n’hésitera pas à effectuer tous les gestes ainsi que toutes les manipulations nécessaires afin de compléter non seulement l’équilibre du chat en tant que félin, mais aussi afin de respecter une cohabitation harmonieuse avec les futurs propriétaires et compagnons du chat. C’est donc le secret d’obtenir des chats équilibrés et très proches de leur maître.

La fin d’une controverse



SantéVet : le Thaï  a de plus fait l’objet d’un malentendu. Quel est-il ? 

Jean-Luc Roffredo : Effectivement, le LOOF - Livre Officiel des Origines Félines - a reconnu la race du Thaï  en 2002.

A cette date, le club de race ChaThaï  fut créé, afin de défendre les intérêts de la race Thaï. 

En 2005, suite à une modification du standard de race ainsi que des désaccords entre ces deux entités, ChaThaï  arrêta ses activités. La place fut donc libre pour permettre la création d'EuroThaï, nouveau club de race du siamois "Thaï". 

Entre 2005 et 2009, une polémique existait en France quant à l'origine de la race et certains avançaient qu'elle était de création récente, née de croisements entre le siamois et un shorthair (british, gouttière…). 

Le nouveau standard de race du LOOF, mis en application à partir du 1er septembre 2009, a permis de mettre fin à cette controverse et donner raison aux amoureux du Thaï  en tant que siamois traditionnel.


SantéVet : Vous-même, comment avez-vous découvert la race et qu’est-ce qui vous séduit chez elle ?

Jean-Luc Roffredo : Le siamois « tête ronde » plait, car il est connu de tout un chacun avec sa silhouette et son caractère peu commun, enchanteur, envoûtant, très proche de son maître. Ce chat nous a accompagnés depuis notre plus tendre enfance. Et, fort heureusement, la race s’est perpétuée.

Mon vécu est celui d’une passion. C'est l'histoire d'un gosse de huit ans à qui son arrière grand-mère a offert un chat siamois. Cela remonte à bien longtemps ! A l’été 2000, notre petite Opium, âgé de deux ans, a eu sa première portée, départ de notre petit élevage familial. Et le virus m'en a pris. 

Ce que j'apprécie le plus chez le siamois est son allure, sa démarche, ses attitudes, l'expression des sens m'ont plu à tel point que je peux actuellement définir la race en un mot : la beauté faite féline.

Nous nous consacrons uniquement à l'élevage, familial, du siamois sous sa morphologie d'antan. La physionomie du siamois telle que l'on connues nos grands-parents.

Jaloux et très sociable à la fois 



Santévet : Quels sont les défauts et les qualités de ce chat ? Quel est sa nature profonde et son caractère ? 

Jean-Luc Roffredo : Le Thaï a un caractère assez différent du caractère des autres races de chats. Le Thaï s’intégrera rapidement chez vous et deviendra vite un membre de la famille à part entière. Il vouera à son maître une passion inconditionnelle. Il y sera vraiment attaché et surtout fidèle, dépendant de lui. Il y est donc fort sensible et saura vite qui lui donne des câlins et qui le nourrit ou le soigne.

Il sera très collant, un vrai pot de colle ! D’ailleurs, si le maître doit s’absenter plusieurs jours, cela affecte le moral du chat jusqu’au point de ne plus s’alimenter. Si son maître le délaisse, il se peut que le siamois Thaï aille bouder dans son coin. Dès que son maître réapparaîtra, le chat lui fera la « fête » de façon à accueillir le maître comme il se doit.

Le chat Thaï est très affectueux et demande beaucoup de câlins. Il est très intelligent et il est surtout hypersensible. En cela, il est donc nécessaire de lui apporter beaucoup d’affection et d’attention.

Le siamois sera le copain des enfants, leur confident. Il existera une vraie relation fusionnelle entre ce chat et ses maîtres. 

Il est jaloux et est très sociable à la fois. Il est possessif : lui et lui seul, il fera bouger un autre animal de vos genoux pour venir s’y installer. Il adore aussi se jucher sur les épaules. Le Thaï veut tout savoir, il sera curieux de vos activités de cuisine, d’écriture,…Il participe aussi aux travaux ménagers, à sa manière. Il aimera jardiner en même temps que vous. Il ne se laisse intimider par rien car il veut être au centre de l’attention de ceux qu’il aime.



SantéVet : Quel est son mode de vie ? 

Jean-Luc Roffredo : Pour peu qu’il soit habitué depuis son enfance, il pourra sans peine être promené en laisse. Si vous optez pour des vacances en voiture, rien de plus simple que d’emmener son Thaï, il vous suivra sans se rebeller. Il suit son maître partout et ne le lâche pas d’une semelle.

En cela, il est doté d’une intelligence vive et s’éduque très bien. Il sait apprendre ce qui est bien ou mauvais. Il s’abstiendra de faire le mauvais, rien que pour faire plaisir à son maître.

Le Thaï est très énergique, vif et athlétique. Ne vous étonnez pas s’il court à travers la maison poursuivant une proie invisible. Il grimpe avec grande agilité sur les meubles et bien entendu sur tout ce qui est le plus haut placé. Il adore vadrouiller et démarre au quart de tour.

Il est donc intelligent, astucieux et acrobate, toujours à la recherche de nouvelles expériences. Le siamois aime être le centre de l’attention, et invente sans cesse quelque chose pour se faire remarquer.

Il a besoin aussi de tailler ses griffes et un griffoir ou un arbre à chat est le bien venu. 

Après tous ces mouvements, il appréciera le repos du « juste », du « guerrier ». Il choisit donc les endroits les plus confortables et douillets tels que les coins chauds, les genoux, et même perché haut sur un meuble ou sur la télévision. Tout ceci en ronronnant de plaisir. Ensuite : une seule caresse suffira pour le réveiller, il va alors se lancer dans de longs étirements, ronronnera pour enfin recommencer de nouvelles aventures.

En ce qui concerne les étrangers ou les « intrus », le siamois Thaï restera distant. Il sait montrer qu’il est dérangé.

S’il y a d’autres animaux, pas de problème avec le siamois Thaï : il y aura une bonne entente et une bonne adaptation (chiens, autres chats…). 

Un siamois, c’est bien, plusieurs c’est bien aussi… même mieux !


Santévet : Comment doit être conduite son éducation ? 

Jean-Luc Roffredo : Il est nécessaire d’avoir une main de fer dans un gant de velours. Une petite tape sur le derrière, votre index pointé près de son front en le touchant à peine, une légère et ferme réprimande suffiront à clarifier les choses. Il a besoin de comprendre ce qu’on veut de lui, il est notre ami pas notre esclave. D’ailleurs, les Thaïs considèrent l’homme comme un ami et non comme le chef de la meute.

Il est aussi très émotif et réceptif envers son maître dans ce sens où il est très sensible aux intonations et inflexions de voix humaines. A partir du moment où vous devez le réprimander, faites-le uniquement si vous le prenez en flagrant délit. Il faut lui donner des limites à ne pas franchir et il le comprendra. Si vous lui accordez une faveur et qu’ensuite vous lui interdisez, il ne le comprendra pas. Il est nécessaire de garder une constance dans les habitudes domestiques. 



SantéVet : Quels conseils donneriez-vous à un futur acquéreur ?

Jean-Luc Roffredo : Trop de siamois « tête ronde » se sont reproduits de manière sauvage. Chats de ferme ou chats acquis un peu par hasard, font finalement des portées « incontrôlées » avec des mâles ou femelles inappropriés. Ces mariages « illicites » s’effectuent au détriment de la race, de ses caractéristiques et de son originalité.

Pour ces raisons, le pedigree fourni avec votre chaton est d'une importance capitale. Le pedigree est l'arbre généalogique d'un animal de race.

Ce document officiel est émis par une association (ou club) reconnue par l'Etat. Il reprend les noms, la couleur, les titres obtenus en expositions félines,  ainsi que les numéros d'enregistrement des parents, grands parents... jusqu’à 5 générations. Le pedigree assure l'appartenance d'un chat à une race bien précise. Il est en somme une preuve de l'authenticité de la race telle une carte d'identité. Toute union entre chats de races différentes est proscrite. Les différents standards félins définissent les mariages autorisés.

Propos recueillis par C. Pacheteau


Un chat très expressif

Le Thaï « parle », explique Jean-Luc Roffredo. Il est assez bavard et vous aurez de longues et de vraies conversations avec lui. Il adore qu’on lui parle et qu’on lui réponde.

Il sait surtout interpeller son maître lorsqu’il a faim, lorsqu’il veut des câlins et vous verrez tout de suite s’il nécessite des soins. Il a surtout la capacité de moduler sa voix, en fixant le maître droit dans les yeux et en miaulant pour demander quelque chose ou pour lui faire part de ses impressions.

Le Thaï  est-il fait pour vous ?

Jean-Luc Roffredo, plutôt que de vanter les mérites de sa race de prédilection, préfère avant tout que tout futur acquéreur se pose les bonnes questions. Ainsi, selon lui, n’adoptez pas un Thaï : 

  •  si vous êtes absent(e) toute la journée et qu’il est seul à la maison ;
  •  si vous attendez le calme d’un chat paisible, car il est turbulent. Doté d’une grande vivacité, il a besoin de se dépenser en jouant ;
  •  si vous ne lui accordez pas une attention constante ;
  •  si vous n’avez pas d’amour à lui apporter ;
  • si vous êtes trop regardant à vos meubles et bibelots. 

Un vrai « chien manqué »

Jean-Luc Roffredo évoque le siamois Thaï comme étant « un chien manqué ». On le qualifie d’ailleurs de « chat-chien ». En effet, pour peu qu’on l’ait habitué, il rapporte les jouets, boulette en papier, etc., que vous lui aurez jetés, et ceci avec le plus grand plaisir. Il est donc joueur et espiègle : il adore entre autres déchiqueter les rouleaux de papiers essuie-tout ! Il sera un chat interactif, il adore les jeux d’équipe.

Il farfouille partout. Il n’a peur de rien. Il sera à l’origine de nombreuses investigations, car il est le roi chez lui.

Il défendra aussi son maître contre les attaques de toutes sortes, surtout la femelle allaitante qui défendra sa progéniture. Il ne se laissera pas faire.

 

Des nuances de couleurs… variables

Le Thaï  est un chat "colour point" et il est sujet à la thermosensibilité, explique Jean-Luc Roffredo. Les extrémités du corps, appelées « point », parties froides du corps, sont colorées. Il s'agit du masque, des oreilles, des pattes et de la queue.

Parmi une palette de couleurs possibles, voici les plus courantes : seal point, blue point, chocolate point, lilac point, red point, cream point, ces différentes couleurs en tortie point et aussi en tabby point… Sur le corps, partie chaude du corps, la robe est claire.

Cependant, cette partie « chaude » du corps peut présenter des différences de nuances qui se manifestent et se constatent surtout :

  • car le chaton naît blanc, 
  • en milieu chaud, au soleil, le siamois a une robe claire, 
  • en milieu froid, le siamois a une robe foncée, 
  • avec l'âge, la robe du siamois devient de plus en plus foncée, - il peut aussi se produire une modification de coloration du corps suivant une multitude de facteurs, comme par exemple : mode de vie (intérieur ou extérieur) ; gestation (modification des hormones) ; phénomènes génétiques ; maladie ; bandage ; tonte ; mâle reproducteur ; alimentation... 

    Les yeux du Thaï  sont toujours bleus.

Ce qu’il faut savoir

Sa santé

Un chaton, quelle que soit sa race, doit recevoir deux séries de vaccins : la première à l’âge de huit semaines révolues, la deuxième à l’âge de 12 semaines révolues.  

Il est à préciser que le premier vaccin (de huit semaines) ne le protège qu’à 60 % des maladies. Ensuite, à l’âge adulte, le rappel de vaccination se fera chaque année, à la date anniversaire de sa naissance. Un planning pour son vermifuge sera mis en place dès sa naissance et tout au long de la vie du chat.

Le Thaï  n’est pas sujet d’une maladie propre à la race. Cependant, si vous  trouvez que votre chat ne réagit pas comme d’habitude, comme par exemple : des jeux moins fréquents, un moindre appétit, une grande consommation d’eau, etc., il sera alors nécessaire de prendre rendez-vous chez votre vétérinaire afin de pouvoir poser un diagnostique précis et adapter un traitement.  


Son entretien

Le Thaï  ne demande pas un entretien spécifique. C’est un chat à poils courts.

Par conséquent, il sera sujet aux mues saisonnières si le chat sort, et nettement moins si le chat reste à l’intérieur. Des caresses journalières aideront à ôter le surplus de poils morts. Ceci lui procurera du plaisir et il vous le montrera en ronronnant !


Son alimentation

Le sevrage du chaton débute avec une alimentation humide. Graduellement,  il lui sera proposé des croquettes chatons à volonté. Vers le quatrième ou cinquième mois, l’alimentation humide sera progressivement abandonnée au profit exclusif d’une alimentation sèche.

L’alimentation en boîtes, qui contient un énorme pourcentage d’humidité, ne peut à elle seule constituer une alimentation équilibrée. 

Il est conseillé de donner des croquettes pour chaton, à volonté, jusqu’au moment de sa stérilisation. L’âge le plus approprié pour cette opération s’établit à 6 mois. Si vous optez de ne pas passer par la stérilisation, changer les croquettes chatons pour les croquettes adultes à partir de l’âge de 10 mois. Dans les deux cas, une période de transition entre les deux nourritures est nécessaire.

Du fait de cette alimentation sèche (croquettes haut de gamme), il est indispensable de veiller à ce que votre chat dispose en permanence d’eau fraîche et propre.

 

Merci à Jean-Luc Roffredo pour sa participation à l’élaboration de cet article. 


Pour en savoir plus : 

Chatterie du Siam : www.siamois.org 

EuroThaï : www.eurothai.org 

LOOF: www.loof-actu.fr

 

Santévet

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Photo : J.-L. Roffredo-DR