Hommages aux animaux tués pendant la Grande Guerre

Un devoir de mémoire envers les animaux

En résine, de couleur bronze, une sculpture relief d’un mètre de haut représentant le sacrifice des animaux ayant servi aux côtés des soldats pendant la guerre 1914-1918 : c’est avec cette œuvre signée de l’artiste Virgil* et en apposant cette plaque dans l’ancien cimetière de Montreuil (31, rue Galilée), que la ville de Montreuil (Seine-Saint-Denis) veut faire entendre un message d'espoir, porteur d'un devoir de mémoire envers les animaux.

Un hommage réclamé par les soldats eux-mêmes et comme il en existe peu en France, le rôle des animaux durantla Première Guerre mondiale de 14-18. La Grande Guerre comme on la surnommait aussi.

Chevaux, ânes, pigeons voyageurs, bœufs mais aussi chiens et bien d'autres animaux d'autres espèces, se sont retrouvés par milliers dans un enchevêtrement de souffrance et de complicité pendant la Grande guerre.

Honorer le sacrifice des animaux

Ce geste symbolique, posé pour le 103e anniversaire de l'armistice du 11 novembre 1918, veut restituer la mémoire de ces destinées tragiques comme l'a fait en son temps Maurice Genevoix (1890-1980) dans Le Bestiaire sans oubli, pour que soit à jamais honoré le sacrifice de ces animaux.

Des animaux ayant participé à « l’effort de guerre »

En dévoilant cette sculpture, la Ville de Montreuil, ville amie des animaux, entend sortir de l'oubli ces 11,7 millions d'équidés français, russes, allemands ou anglais, ces 76 000 chiens, 180 000 pigeons voyageurs et tous les autres animaux.

Combattants, sauveteurs, soutiens logistiques, mascottes, infirmiers, trait, etc., les animaux ont été relégués au second plan de l'histoire.

Pourtant, utilisés en masse pendant la Première Guerre mondiale, ils ont pleinement participé à « l'effort de guerre ».

Les chiens de guerre et autres animaux ont fait partie intégrante de la terrible stratégie militaire. Ils ont, par centaine de milliers, partagé le quotidien des soldats, les privations, les souffrances et souvent leur destin funeste en n'ayant d'autre sépulture que les champs de la Somme et de la Marne et de tant d'autres terres meurtries par ces longues années de guerre.

*Artiste né en 1950 à Bucarest, diplômé de l'Institut des Beaux- Arts. L’œuvre réalisée pour la ville de Montreuil a été présentée au Grand Palais en 2018 et a reçu le prix Marcel Sandoz 2019 de la Fondation Taylor et parrainé par Le Souvenir Français.

France, étranger : quelques hommages aux chiens de guerre

- En 2018, la ville de Yerres (Essonne) a inauguré dans le Parc de la Grange au Bois une plaque commémorative pour les animaux morts durant les conflits de l'histoire.

- En 2015, une stèle a été érigée sur le site du Breitfirst, un sommet du massif des Vosges culminant à 1 280 mètres d'altitude, afin de rendre hommage aux poilus d'Alaska. C’est ainsi que l’on surnommait les quelque 450 chiens de traîneaux venus d'Amérique du nord pour prêter main forte aux soldats français des Vosges.

- À Pozières (Somme), un mémorial pour tous les animaux morts durant la Grade Guerre se trouve sur le site du Moulin de Pozières. Ce projet émane du gouvernement australien et fait écho au War Memorialde Canberra a été créé en 2016.

- À Pagny-sur-Moselle (Meurthe-et-Moselle), une sculpture en bronze représentant un soldat originaire de Pagny-sur-Moselle, montant la garde avec son chien, a été inaugurée en 1926. Il s’agirait du seul monument recensé en Lorraine faisant apparaître un poilu avec son fidèle compagnon.

- L’association Paris Animaux Zoopolis fait partie de celles demandant la création d’un monument à Paris en mémoire aux animaux de guerre morts sur les champs des batailles français, en particulier pendant la Grande Guerre. Elle a pour cela lancé une pétition. Le sujet fait débat.

- Hors de nos frontières, la Ville de Londres a pour sa part créé l’Animal in War Memorial. Aux États-Unis, c’est à Saint Antonio au Texas, une statue est érigée à la base de Lackland. Celle-ci accueille le programme Military Work Dogs, en l'honneur des animaux, depuis 1958.

- Au Canada, trois plaques de bronze représentant les animaux de guerre se trouvent dans le parc de la Confédération, au centre-ville d’Ottawa. Une sculpture en bronze grandeur nature d’un chien assis montant la garde s’érige auprès des éléments commémoratifs. Il porte la réplique du sac à dos médical que les chiens de guerre transportaient durant la Première Guerre mondiale.

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A noter que le Stubby () est le chien le plus décoré de la Grande Guerre. Sa dépouille naturalisée est au Smithsonian Institution, aux États-Unis

À lire  : Héros oubliés : les animaux dans la Grande Guerre de Jean-Michel Derx, préface d’Alain Bourgain Dubourg, Pierre de Taillac éditions.

De nos jours, des chiens veillent sur notre sécurité

De nombreuses races de chiens sont utilisées aujourd’hui en fonction de leurs capacités physiques ou olfactives par la gendarmerie, la police, le GIGN ou encore les Douanes.

Leurs missions : détecter, intervenir, sauver, protéger. Parfois au péril de leur vie.

Nombreux sont les fonctionnaires de police et de gendarmerie, y compris l'ensemble des agents cynophiles qui réclament un statut particulier de « chien policier ».

Cela permettrait par exemple de considérer un acte de maltraitance sur un chien de travail comme circonstance aggravante lors de procès.

 

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Photo : DR / Smithsonian Institution