S’ils ont eu leur heure de gloire, les chiens hyperactifs ne constituent plus le modèle en vogue actuellement. Histoire de mimétisme : les humains hyperconnectés non plus ! La tendance est à la Slow Life, ce mouvement sans trop de mouvements qui appelle à profiter du moment présent dans le calme et la zénitude. Ralentir est le maître-mot comme un acte de rébellion salvateur contre une société qui s’agite continuellement. Tels maîtres, tels chiens dont on attend aujourd’hui plus d’apaisement et de modération : il est temps de prendre le temps !
Problème de chien ou de modèle humain ?
La question est posée ! Devenu un outil multitâche, l’humain 2025 a des allures de couteau suisse comme si sa vie en dépendait. Il enchaine les réunions visio, répond aux mails avant même de les avoir compris, scrolle sur son portable entre deux cafés serrés tout en surveillant une quelconque intrusion chez lui grâce à sa caméra connectée qui enregistre tous les mouvements de sa plante verte.
Durant la coupure du midi, il échange sa pause repas contre une petite boucle de 10 km en scrutant sa Garmin avec toute l’attention d’un rapace devant un rongeur un peu trop insouciant. Un petit détour à la maison pour une douche rafraichissante et c’est parti pour une après-midi qui promet d’être tout sauf light.
Une fois la journée de travail terminée, il passe récupérer sa commande au drive avec un contact humain qui rétrécit comme la calotte glacière tout en pianotant sur son smartphone dernier cri pour ne rien rater des fils d’actualité fondamentaux de ses réseaux sociaux préférés.
Ouf, un peu de détente en rentrant à la maison devant la dernière série coréenne ultra-violente qu’il ne regardera que d’un œil comme une présence/absence constante, occupé à alimenter sa vie numérique sur son appareil tactile alors que, comme les grands dinosaures, le moment présent tend à disparaitre.
Alors du chien ou de l’humain, qui est le plus agité ?
Des maîtres hyperactifs et des chiens surbookés
Un chien ne représente pas un îlot hermétique protégé des vents environnants. Il subit de plein fouet l’influence de son maître et de son mode de vie. Autant dire qu’il s’en passerait bien ! Car s’il a besoin de se dégourdir les pattes, le chien du XXIe siècle aimerait bien aussi pouvoir “glander”.
Quand arrive le moment de la promenade et que sa queue se met à frétiller comme un gardon sous amphétamine, notre ami canin envisage un champ des possibles autrement plus exaltant que ce qu’il s’apprête à vivre !
Alors que ses narines sont dans les starting-blocks pour la “Tournée des grands-ducs” offerte par les multiples odeurs laissées çà et là par ses généreux congénères, un problème se pose à lui. Quelque chose le retient à quelques pattes du Graal et même le tire avec force l’éloignant du même coup de son trésor et de son enthousiasme canin.
C’est que le maître a des délais à tenir, il ne peut pas se permettre de s’arrêter toutes les deux minutes. Les yeux fixés sur sa montre et son écran tactile, il ne comprend pas que son chien, lui aussi, aimerait consulter le fil d’actualités de son réseau social favori.
Alors il tracte son pauvre animal de troncs d’arbres à réverbères et de déception en déception comme on tire un cheval mort, avec toute la force de son impatience.
C’est que, comme leur maître, les chiens 2025 ont un agenda surchargé : pas moyen d’avoir un week-end paisible ! Des séances d’agility aux cours d’éducation en passant par le toiletteur, l’ostéo et le cani-cross dominical, ils en viennent à être surbookés. Comment voulez-vous qu’ils soient calmes ?
Éloge de la lenteur : la Slow Life après la Slow Food
C’est par la “Slow Food” que tout a commencé à la fin des années 80 : Carlo Petrini, critique gastronomique et activiste italien, fonde un mouvement international nommé “Slow Food” en réponse à l’installation d’un fast-food dans le centre historique de Rome.
Il dénonce ainsi l’avènement de la malbouffe et la menace qu’elle représente pour la cuisine italienne authentique, à protéger comme un monument national. De la “Slow Food” à la “Slow Life”, il n’y avait qu’un pas : un mode de vie plus lent et plus contemplatif, une invitation aux plaisirs simples de la vie, à une véritable reconnexion à soi et au moment présent.
On ose alors prendre le temps, quitte à répondre à ce mail dans 24 heures et à ne pas liker les derniers posts de son réseau Facebook. On comprend alors qu’il y a des risques à appliquer cette “Slow Life”, surtout celui d’y prendre goût ! Car adopter cette nouvelle philosophie de vie c’est tout sauf désagréable.
Si la période de sevrage à l’hyperconnexion peut sembler rude à certains, on a tout à y gagner. L’organisme humain n’est pas fait pour subir une pression et une surstimulation constantes : en voulant toujours gagner du temps, aller plus vite, on en perd sa santé et des années de vie pourtant précieuses.
En 2025, la tendance est au cool, au lent, à la décontraction voire à la procrastination. Alors laissez donc votre chien prendre le temps de flairer chacune de ses trouvailles. Lui aussi y gagnera en équilibre et donc en années de vie. Finalement, aller moins vite, ne serait-ce pas aller mieux ?
Santévet
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