Claude Pacheteau

Les parasites internes du chat

Les parasites internes du chat (ou endoparasites) comprennent des vers ronds et des vers plats. Ces parasites provoquent majoritairement des troubles gastro-intestinaux chez le chat ; certains d’entre eux sont potentiellement zoonotiques c’est-à-dire naturellement transmissible de l'animal à l'homme. 

Quels sont les vers digestifs du chat ?

Les vers digestifs sont des parasites internes de l’intestin du chat. Ils sont classés en deux catégories d’aspect différent : les vers ronds (ou nématodes) et les vers plats (ou cestodes).

Les principaux vers ronds rencontrés chez les chats sont les ascaris et les ankylostomes.

Parmi les vers plats, ou ténias, figurent les échinocoques, Echinococcus sp., les ténias au sens strict, Taenia sp., et surtout le ténia transmis par la puce : Dipylidium caninum.

Leur fréquence, leur impact sur la santé et leur cycle parasitaire sont variables.

Les nématodes (vers ronds)

Les ascarides (Toxacara cati, Toxascaris leonina)

Vers ronds, longs (l’adulte mesure entre 19 et 20 cm) et d’aspect blanchâtre, les ascarides sont très fréquents chez le chat. Ils vivent dans l’intestin grêle, se nourrissant du chyme intestinal (substance liquide que l'on trouve dans l'estomac).

Les ascaris du chat sont communément diagnostiqués par les vétérinaires. Toxacara cati en particulier est très prévalent, de 10 à 60% dans les études coproscopiques (matières fécales) et nécroscopiques (examen d’un cadavre).

Récemment, le rôle joué par les parasites dans le développement de maladies pulmonaires aiguës ou chronique a été étudiée, mettant en évidence l’importance des larves en migration de Toxocara cati.

Une pathologie pulmonaire importante chez le chaton et le chat adulte est associée au passage précoce de larves de T. cati et est indépendante du développement de vers adultes dans les intestins.

Les ankylostomes

Beaucoup plus petit (1 cm de long environ), les ankylostomes sont des vers ronds blanc rougeâtre. Ils touchent surtout les chats vivant en collectivité. Les ankylostomes sont hématophages (animal qui se nourrit de sang) et engendrent des lésions importantes de la paroi intestinale.

L’ankylostome, Ancylostoma tubaeforme est endémique chez le chat domestique partout dans le monde. En Europe, on l’observe plus fréquemment en Italie, Autriche, Belgique et Espagne, la prévalence variant de 1 % à plus de 30 % selon les études.

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Les cestodes (vers plats)

Dipylidium caninum

Ce ver plat est le plus fréquent des parasites internes de l'intestin du chat. Il peut mesurer jusqu’à 80 cm. Les chats infestés ont souvent l’anus irrité et tentent de se soulager en se frottant le derrière contre le sol.

Ce symptôme révélateur de l’infestation est appelé « signe du traîneau ». L’animal élimoine également dans ses selles des anneaux de ténia, remplis d’œufs. Ceux-ci peuvent parfois être observés dans le pelage de l’animal : ils ressemblent à des grains de riz.

A titre d’exemple, une étude autrichienne a montré que 33 % des chats étaient infestés par T. taeniaeformis, contre 20-28 % des chats testés en Belgique. Ce parasite est particulièrement rencontré chez les chats chassant les rats et vivant plutôt à l’’extérieur. Il est plus fréquent dans les zones rurales.

Les ténias échinocoques (Echinococcus multilocularis)

Ces vers plats, segmentés, parasitent l’intestin grêle des chats.

Ils sont responsables de maladies graves chez l’homme. Après une ingestion accidentelle d’œufs par un être humain, les larves libérées par la digestion migrent et s’enkystent dans le foie (parfois les poumons).

Les larves d’E. multilocularis bourgeonnent et forment de nombreuses vésicules (ou alvéoles). On parle d’échinococcose alvéolaire. Cette maladie se manifeste par des lésions dites pseudo-tumorales du foie. Le traitement peut nécessiter une intervention chirurgicale voire une greffe de foie.

L'échinococcose alvéolaire se rencontre en Europe, y compris en France (notamment dans le nord-est et le Massif central). Même si l’infestation du chat est considérée comme plus rare que celle des canidés, plusieurs études ont rapporté l’infestation de chats domestiques par E. multilocularis. Une enquête dans l’est de la France a dénombré 3,7 % de chats infestés, d'où l'importance de souscrire à une assurance chat pour protéger son animal.

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Les vers cardiopulmonaires

Dirofilaria immitis est un ver du coeur présent dans de nombreuses régions du monde, dont le sud de l’Europe, mais très rare en France métropolitaine, à l'origine de la dirofilariose.

Aelurostrongylus abstrususs est un ver assez rare qui peut parasiter les poumons des chats.

Les vers vésicaux

Ces vers ronds situés dans la vessie sont rares, peuvent être à l’origine de difficultés urinaires (cystites…). Ils sont méconnus et diagnostiqués uniquement par la présence d’œufs dans des analyses d’urines spécifiques.

Quels sont les symptômes de parasitisme chez le chat ?

Les vers chez les chats peuvent provoquer une variété de symptômes. Voici quelques signes courants d'une infestation de vers chez les chats :

  • Vomissements: Les chats infestés de vers peuvent vomir de manière répétée, parfois avec des vers visibles dans le vomi.

  • Diarrhée: Une diarrhée persistante ou chronique peut être un signe d'infestation de vers intestinaux chez les chats.

  • Perte de poids: Les vers peuvent provoquer une perte d'appétit et une perte de poids chez les chats, même s'ils mangent normalement.

  • Abdomen gonflé ou ballonné: Certains types de vers intestinaux peuvent causer un abdomen gonflé ou distendu chez les chats.

  • Pelage terne ou ébouriffé: Une infestation de vers peut entraîner une détérioration de l'état du pelage, rendant le pelage du chat terne ou ébouriffé.

  • Fatigue et faiblesse : Les chats infestés de vers peuvent sembler fatigués ou moins actifs que d'habitude.

  • Anémie: Dans les cas graves, une infestation de vers peut entraîner une anémie chez le chat, ce qui peut se manifester par des gencives pâles, une faiblesse et une diminution de l'énergie.

  • Toux : Dans les cas graves, les vers peuvent se retrouver dans les poumons et provoquer de la toux.

Les symptômes peuvent varier en fonction du type de vers et de la gravité de l'infestation. Si vous suspectez que votre chat est infesté de vers, consultez un vétérinaire pour un diagnostic précis.

Comment savoir si un animal a des vers intestinaux ?

Le diagnostic des vers intestinaux se fait soit en observant des vers dans les selles ou les vomissements de son animal, soit par un vétérinaire :

  • Examen: Le vétérinaire commencera par effectuer un examen complet du chat, à la recherche de signes évocateurs d'une infestation de vers (abdomen gonflé, mauvaise condition corporelle...).

  • Analyse des selles: Une analyse des selles ou coproscopie peut révéler la présence d'œufs de vers ou de segments de vers adultes. 

  • Tests de dépistage: Dans certains cas, le vétérinaire peut recommander des tests de dépistage spécifiques pour détecter certains types de vers, tels que les tests de détection des antigènes fécaux pour les vers du cœur (par exemple, Dirofilaria immitis) ou des tests sanguins pour détecter la présence de certains types de vers sanguins.

Une fois que le diagnostic est confirmé, le vétérinaire peut recommander un traitement approprié.

Comment soigner un chat parasité ?

Le vétérinaire prescrira généralement des médicaments vermifuges pour éliminer les parasites. Ces médicaments peuvent être administrés sous forme de comprimés ou de pipettes (à appliquer sur la peau du chat) en fonction du type de vers et des préférences du chat. Ce traitement peut être renouvelé à plusieurs mois d'intervalle si besoin. 

Une fois le traitement terminé, il est important de mettre en place des mesures de prévention pour éviter de futures infestations de vers. Votre vétérinaire pourra vous prescrire un protocole d'antiparasitaires (y compris pour protéger contres les puces et les tiques) adapté au mode de vie de votre chat. Cela peut inclure l'utilisation régulière de produits antiparasitaires externes pour prévenir les puces et les tiques, ainsi que des programmes de déparasitage réguliers recommandés par le vétérinaire pour prévenir les infestations de vers internes.

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Quels sont les risques pour les humains ?

Certains parasites ont un potentiel zoonotique parfois majeur, de même que certains agents pathogènes transmis par des parasites externes. Un traitement mais aussi une bonne hygiène doivent être respectés.

Certains vers digestifs du chat représentent ainsi un danger pour les humains.

Chez l’Homme, la présence de vers intestinaux (ténias par exemple) provoque des troubles de santé (atteinte générale, désordres digestifs), souvent plus graves chez l’enfant.

Toxocara cati (ascaris du chat) est responsable d’une zoonose (maladie commune à l’homme et l’animal) : la toxocarose. Et la proportion des personnes ayant été en contact avec ces vers n’est pas négligeable : elle est évaluée à 3-7% en ville et jusqu’à 15 % à la campagne.

Le chat infesté contamine son environnement, car tous ces vers digestifs rejettent leurs œufs dans les selles de l’animal. Différentes études ont montré que 40 à 75 % des espaces verts ou aires de jeux des jardins publics sont contaminés par des œufs d’ascaris. Les bacs à sable, notamment, sont souvent souillés par des excréments de chiens et de chats.

En se léchant, l’animal peut aussi déposer des œufs sur son pelage. Ce phénomène facilite la contamination des personnes de son entourage, notamment les enfants, à l’occasion des caresses et câlins au chat. En portant ensuite les mains à la bouche, l’enfant avale des œufs de vers.

En cas de contamination, les larves d’ascaris de chats migrent dans l’organisme et peuvent aller se loger dans les muscles, l’œil et même le cerveau de la personne infestée (phénomène de Larva migrans).

De manière moins répandue, mais beaucoup plus grave, le chat peut accidentellement être à l’origine d’une contamination indirecte de l’homme par un vers plat particulier : Echinococcus multilocularis ou ténia échinocoque. L’hôte naturel de ce ténia est le renard. Très présents dans l’est de la France, le Massif central, ces vers sont également répertoriés en région parisienne et dans le nord de la Bretagne. Le mode de contamination le plus courant est aujourd’hui lié à la consommation de fruits et légumes mal lavés.

Les parasites externes (puces et tiques) sont également vecteurs de maladies zoonotiques, parfois graves.

Environ une puce sur dix est porteuse de bactéries appelées baronelles, à l’origine d’une maladie chez l’homme : la bartonellose ou maladie des griffes du chat.ces bactéries sont transmises au chat à la faveur d’une infestation par les puces.le chat est rarement malade, mais peut contaminer ses maîtres en cas de griffure ou morsure. Les symptômes de la maladie des griffes du chat chez l’homme sont principalement une inflammation des ganglions lymphatiques, de la fièvre, et plus rarement une affection hépatique ou cutanée.

Il existe plusieurs milliers de cas humains par an en France (séroprévalence dans la population : 4 à 6 %).

Certaines personnes sont particulièrement sensibles face aux risques de zoonoses : les personnes âgées, les jeunes enfants, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes.

Vermifuger et traiter les chats contre les parasites externes est donc essentiel pour protéger l’animal et la santé de l’homme.

Source : Merial – Santé animale

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