Le chien aboie, gratte, tire la laisse… que faire ?

Les chiens ont des modes de communication qui leur sont propres. Cela entraîne des comportements que les maîtres tentent souvent d’expliquer et ne parviennent pas toujours à résoudre. Antonio Ruiz, éducateur canin déchiffre pour nous quelques-uns des comportements typiques de nos chiens en nous donnant également des pistes. 

Pourquoi les chiens aboient ?

Il vous semblerait saugrenu de demander pourquoi les humains parlent !  Parmi les multiples réponses possibles, le fait que ce soit leur façon de s’exprimer fait partie des plus évidentes. 

Le chien ne maîtrise pas un langage articulé et si ses deux principaux modes de communication sont les odeurs et les « postures » (expression du visage, érection du poil à différents endroits du corps, mouvements de la queue…) il n’hésite pas cependant à se servir du son. 

Il ne le fait simplement pas avec des mots, mais à travers des aboiements. Certains auteurs ont même essayé de répertorier les différents aboiements et d’en faire le guide de « l’aboyen » comme s’il s’agissait d’une langue à part entière ! 

La tentative est méritoire et assez précise ; par ailleurs elle montre la diversité des signaux sonores émis par le chien, ceux-ci allant de la plainte lorsque le chien a mal, à la menace lorsqu’il prévient qu’il pourrait passer à l’acte en passant par le contentement, le jeu, la chasse, l’ennui…

Donc la réponse la plus simple à notre question d’origine - « pourquoi les chiens aboient ? -  est que leurs émissions vocales font parties au même titre que nous de leurs modes d’expressions. 

L’aboiement n’est donc pas un comportement anormal. Il ne peut être (c’est d’ailleurs comme cela que la loi l’entend) considéré comme gênant que lorsqu’il atteint un certain volume et/ou une certaine durée. 

Tout le monde connaît l’expression «  tapage nocturne » (de nuit) ; beaucoup moins de gens savent qu’il existe un tapage diurne (de jour). La principale différence entre les deux étant une tolérance un peu plus grande en journée. 

Si votre chien aboie, vous devez avant tout essayer de comprendre ce qui le pousse à agir ainsi. Tenter de le faire taire par quel que moyen que se soit sans se poser cette question préalable du pourquoi, vous permettra peut-être d’obtenir le silence, mais ne réglera pas les causes de son déclenchement. 

On a vu dans ce cas de nombreux chiens obligés de se taire, adopter un comportement de substitution tels que malpropreté, agressivité, fugue, destruction, automutilation… 

L’aboiement peut donc être une réelle source de nuisance, mais il est aussi le plus souvent le symptôme d’un malaise chez celui qui l’émet. 



Pourquoi les chiens creusent-ils des trous ?


Faire des trous n’est pas l’apanage des chiens de type terriers, du molosse aux chiens de compagnie en passant par les chiens de chasse et les lévriers. 

Tous les types de chiens peuvent être potentiellement terrassiers. Mais qu’est-ce qui peut bien pousser nos compagnons à creuser ? Les raisons, comme souvent, sont multiples a-t-il vu ou senti une petite bête, a-t-il besoin de cacher un os ou un autre objet ayant de la valeur à ses yeux ? A-t-il besoin d’aménager un trou pour s’y coucher au frais en été ou, au contraire, s’y protéger du froid en hiver ? A-t-il vu ‘’papa’’ ou ‘’maman’’ jardiner et veut-il les imiter ?

La liste n’étant pas exhaustive, on voit que le chien peut creuser pour bien des raisons différentes. Outre le besoin et le plaisir que le chien peut ressentir à pratiquer cette activité - notez par ailleurs qu’elle contribue efficacement à l’usure des griffes des pattes avant, voire arrière. 

Je sais que certains vous dirons que cela n’est pas efficace et pourtant nous avons testé cette méthode sur nos propres chiens ainsi que sur une multitude de chiens de pension avec succès. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de combler quotidiennement les excavations faites par le chien avec ses propres excréments. 

Le chien ne creusant pas (normalement) sur sa déjection, il cesse donc d’agrandir ce trou. Tout naturellement dans les premiers temps il va en creuser un autre un peu plus loin ; vous allez tout aussi naturellement remplir ce trou le lendemain avec ses nouvelles déjections et ainsi de suite durant 8 à 10 jours. A l’issue de ce petit jeu de patience, le chien  cessera de creuser. 

Comme vous êtes des maîtres attentionnés, vous voulez malgré tout satisfaire au mieux les envies de votre animal : pour cela aménagez-lui dans un coin (que vous aurez choisi) une petite surface ; 1 ou 2 m² suffisent en fonction de la taille de votre compagnon. 

Après y avoir retourné la terre, vous prendrez soin d’y cacher un os et/ ou un jouet et ce de façon régulière. Dans l’esprit du chien une association va se créer entre ce lieu particulier et l’apparition d’objet bigrement intéressant ! 

A partir de ce moment, si vous attrapez « tête de pioche » à creuser où il ne faut pas, vous pourrez le sermonner gentiment et après avoir placé une crotte dans ce trou mal situé, conduire votre compagnon dans son bac à sable. 



Pourquoi les chiens tirent en laisse ?


Certainement un des « pourquoi » qui pose le plus de problème aux propriétaires de chiens ! Lorsque je suis en clientèle, j’ai coutume d’aborder ce sujet en demandant quelle est la première raison qui amène un chien à tirer. Les réponses les plus fréquemment données sont les suivantes :

-parce que le chien a vu, senti, entendu quelque chose 

-parce qu’il marche plus vite que nous

-parce qu’il n’a pas l’habitude d’être en laisse

-parce qu’il veut être le chef

- parce qu’il veut être devant 

-Parce qu’il ne sort pas assez…

Ma réponse est à chaque fois la même : « c’est exacte, mais ce n’est pas la première raison qui fait que votre chien tire sur sa laisse. » 

Posons alors le problème différemment et demandons-nous ce qui se passe dans la quasi-totalité des cas lorsque les chiens tirent. Là, les réponses sont nettement moins nombreuses et se résument à : « on tire aussi et on l’empêche de tirer » ou à un plus réaliste : «  on le suit ! » 

Voilà, tout est à peut prêt dit. Bien sûr, les chiens tirent pour toutes les raisons citées plus haut, mais aucune de ces raisons ne serait suffisante si le maître ne le suivait pas. 

Il n’est pas possible d’empêcher son chien de tirer, dans un premier temps, mais il est possible de ne pas le laisser obtenir quoi que ce soit après avoir tiré. 

Ce qui nous amène dans un second temps à ce que le chien arrête de tirer puisque cet acte ne lui rapporte rien, ni odeur à sentir ni marquage à laisser ni compagnon à qui faire « truffe-truffe » ni oiseaux à faire s’envoler… ni quoi que ce soit. 

Il suffit de respecter ce principe et vous serez surpris de constater à quelle vitesse votre chien comprend les nouvelles règles et s’y adapte. 

Attention, tout ceci ne signifie pas que votre chien ne peut pas aller sur son arbre préféré pour y renifler à loisir et y déposer quelques gouttes, qu’il ne peut pas s’approcher d’un congénère pour lui dire bonjour, deux exemples parmi tant d’autres. 

Il peut s’approcher de l’arbre ou de l’autre chien à la seule condition de le faire sans avoir tiré au préalable. 

Le chien se rend alors vite compte que tirer n’apporte aucun bénéfice alors qu’une laisse détendue entre lui et son maître lui permet d’aller à peu prêt où bon lui semble.

Pour encore plus d’efficacité, ajoutez à ce premier  principe un second basé sur le fait que le vaste monde qui nous entoure est plein de mille et une sources d’intérêts auxquelles nous n’avons à opposer que notre simple et unique personnalité. 

Entre un vaste monde hyper stimulant et un maître le plus souvent indifférent par quoi ou vers qui croyez-vous que le chien va se laisser entraîner ? 

Après avoir pris conscience de la situation, une majorité de propriétaires veulent bien admettre que leur chien ait envie de choisir le vaste monde. 

Cependant, dans une relation saine entre un maître et son animal, le lien qui les unit est normalement très fort. Il suffit donc au maître d’encourager de la voix, de caresser, d’intéresser son chien (caresses, autre bruit, friandises…) sur lui (le maître) pour que celui-ci n’ait pas l’idée et encore moins l’envie d’aller au-delà de la limite. 


Antonio Ruiz, éducateur canin – Centre Pile-Poil



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