Valérie Dramard

Mon chien a peur : pourquoi et que faire ?

Les chiens peuvent avoir peur pour de multiples raisons, et ce à tout âge. Les réactions face à la peur - ou à des phobies - sont différentes d’un chien à l’autre. Mais il n’y a pas de règle générale en fonction des angoisses qu’ils vont ressentir et la manière dont ils vont alors les exprimer ! Si une bonne socialisation du chiot est essentielle pour éviter les peurs du chien lorsqu’il grandit, qu’elles soient justifiées ou bien irrationnelles, il existe pour chaque cas, par la suite, des solutions, s’il présente ce genre de problème.

Contre la peur du chien, tout se joue dès son plus jeune âge

Une bonne socialisation du chiot est essentielle afin que, lorsqu’il grandit, il n’ait pas peur de tout et parfois… de n’importe quoi !

Aussi, il est important que le chiot ne soit pas séparé de sa mère trop tôt. Et surtout, que le milieu de vie de ses premières semaines lui permettent d’être confronté à des ambiances et des bruits divers : rencontrer d’autres animaux et d’autres personnes y compris celles portant des uniformes tels les facteurs, par exemple, les enfants aussi, tout en prenant soin que ces derniers respectent l’animal (et en ne le laissant jamais seuls ensemble sans surveillance), entendre le son de la télé, de la radio, de l’aspirateur. Etre emmené sur des marchés, des foires, des galeries marchandes… le faire monter dans une voiture, moteur en marche… Bien entendu, sans forcer les choses (lui imposer) et dans des mesures « raisonnables ». Sans tout vouloir lui ‘’apprendre’’ en même temps !

Un animal hypersensible (pas assez bien materné, anxieux, souffrant d’hypothyroïdie, voir «Et si la peur du chien était due à une maladie ? » …), qui est toujours inquiet, hyper vigilant, risque de ressentir plus vite de la peur en présence d’un stimulus assez anodin.

Un chiot qui n’a pas été bien socialisé les premiers mois de sa vie - on parle alors de ‘’syndrome de privation sensorielle’’ -, risque de développer des peurs à tout ce qu’il va découvrir ensuite. C’est le cas par exemple classique des chiens élevés en pleine campagne ou dans un chenil, adoptés après trois mois, et qui arrivent en ville.

Un chien maltraité par le passé peut aussi présenter des troubles. Socialisation et bonne éducation permettront au chien d’être bien dans sa tête en évitant certaines peurs. Aucune n’est irréversible et tout se gère avec bon sens !

Face à la peur, quels sont les signes que présente le chien ?

Chaque chien réagit différemment face à la peur. Et il n’y a pas de réaction « type » face à tel ou tel événement qui va le déstabiliser. Ce peut être un fait nouveau qui va le déstabiliser ou bien suite à une mauvaise expérience vécue par le passé, à une mauvaise éducation (le chien est hyper-attaché et a peur d’être ‘‘abandonné). On peut remarquer, en cas de peur chez le chien, diverses attitudes :

- La peur se manifeste généralement par des halètements, de la salivation excessive, des tremblements, parfois des ‘’pipis de peur’’ (on parle alors de mictions émotionnelles).

- D’autres réactions peuvent se manifester, en fonction de la sensibilité du chien : certains animaux cherchent à se cacher dans un trou de souris au point de tout détruire ou de se blesser ; d’autres paniquent et fuient droit devant eux pendant des kilomètres ; et il peut être difficile de les ramener à la raison et de les rappeler, rien n’y fait ! Mieux vaut donc prendre les devants.

- On peut aussi observer des gémissements, des aboiements, des réactions agressives (même envers les maîtres alors que d’ordinaire le chien en question est très «gentil »), une attitude de vigilance accrue, une queue portée basse, des oreilles orientées vers l’arrière, ou encore des bâillements répétés, une poil hérissé, des pupilles dilatées, un léchage des babines…

Et si la peur du chien était due à une maladie ?

La peur du chien peut être due à une maladie, celle-ci pouvant provoquer notamment des douleurs, etc. Lorsqu’il est conduit chez le vétérinaire, celui va donc dans un premier temps à s’assurer que la peur n’est pas due à un problème de santé. Cela lui permettra de poser son diagnostic, et donc de mettre en place le traitement adéquat.

Une hyperthyroïdie, maladie hormonale fréquente chez le chien, peut par exemple occasionner des réactions d’angoisse et de peur chez l’animal. Il est possible alors que des peurs inexpliquées apparaissent, tout comme des phobies, sans que le maître comprenne vraiment d’où elles viennent.

Cela peut conduire à rendre un chien comme « paranoïaque », agressif et ce même vis-à-vis de ses maîtres. Dans ce cas, pour établir le diagnostic, une prise de sang est généralement pratiquée par le vétérinaire pour doser différents paramètres. Un traitement approprié pourra soigner le chien de cette maladie et permettre d’atténuer puis faire disparaître les troubles. Les changements comportementaux sont souvent alors visibles sous une quinzaine de jours. Ce genre de traitement est pris en charge par l’assurance animale du chien.

A noter que les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), connus chez l’Homme, touchent aussi le chien. Les causes sont elles aussi nombreuses. Elles peuvent là encore être liées à un trouble nerveux ou comportemental : stress, ennui, conditions de vie inadéquates. Il existe des traitements qui doivent être mis en place par le vétérinaire après qu’il ait posé son diagnostic.

La peur du vétérinaire : ce n’est pas leur « copain » !

Le chiot ou le chien plus âgé devra être conduit chez le vétérinaire régulièrement. Ne serait-ce que pour ses rappels de vaccins, en cas de maladie, d’accident, etc. Bon nombre de chiens n’apprécient ce genre de rendez-vous ! A peine arrivés devant la clinique et avant d’entrer dans la salle d’attente, ils tirent déjà des 4 fers !

Il n’y a pas vraiment de solution. Seule chose à faire : conduire le chien en le plaçant dans une caisse de transport dans la voiture (ou plus petite, tenue à la main pour les petits chiens). On peut aussi avoir recours à des produits apaisants (comme les phéromones naturelles) pour diminuer le stress de cette visite. Une bonne promenade avant d’aller chez le praticien peut également lui changer les idées.

La peur de l’orage, des pétards et des coups de feu

Un orage qui éclate, des pétards qui sont lancés, un feu d’artifice qui est tiré et c’est la panique ! Le chien se réfugie sous le lit ou sous un meuble ; ou bien tremble de tous ses membres… Rien ne sert de chercher à le protéger et à le rassurer à tout prix. Cela ne fait bien souvent qu’augmenter sa peur. En plus du bruit qui l’effraie, le chien peut aussi ressentir la « panique » de son maître. Ce qui ne fait que rajouter à son malaise !

Une étude menée en Nouvelle-Zélande a estimé que 46% des animaux présentent des réactions de frayeur face aux feux d’artifice et aux pétards suffisamment intenses pour que leurs propriétaires les remarquent.

Si certains chiens, comme ceux de chasse ou ceux soumis à des épreuves de travail ou à des tests de caractère, sont rompus aux bruits de coup de feux, tous les chiens sont loin de rester eux non plus stoïques face à de nombreux bruits extérieurs !

On peut, en prévention, utiliser un CD de bruits pour faire écouter au chien divers sons (ceux dont il a peur) en augmentant progressivement, de jour en jour, le volume. Durant la diffusion, détourner l’attention du chien: jeu, jouet, friandise, etc. Ce n’est pas une recette ‘’miracle’’, mais des maîtres ont obtenu de bons résultats en procédant de la sorte.

La peur due au transport, à un changement de vie occasionnel ou définitif

En cas de transport, notamment pour les vacances, donc à un changement de lieu, mais aussi suite à un déménagement lors duquel le chien va devoir se familiariser avec un nouvel endroit, peut conduire l’animal à se montrer anxieux et donc avoir peur.

Pour les chiens les plus sensibles, il existe des traitements « apaisants » - médicamenteux ou non médicamenteux - qui peuvent être mis en place une semaine avant, puis prolongés durant un temps par la suite.

Des produits de phytothérapie, homéopathie, compléments alimentaires… peuvent également aider le chien à surmonter ses peurs et présenter des effets intéressants pour l’animal peureux et anxieux.

La consultation avec un vétérinaire comportementaliste peut aider le maître à anticiper tout changement ou bien régler les problèmes survenant par la suite.

 

Que faire si mon chien a peur ?... et ce qu’il ne faut pas faire

Quel que soit l’origine de la peur, il n’est pas conseillé de tenter de rassurer le chien outre mesure et tenter de le « cajoler » à tout prix. Cela ne fait bien souvent qu’augmenter sa peur ! Le punir non plus, même s’il fait une « bêtise »…

Il ne faut pas oublier que certains chiens ressentent aussi fortement le stress de leur maître, et qu’il convient donc de faire en sorte de ne pas lui communiquer nos propres angoisses.

En cas de peur, il est conseillé de fermer les fenêtres, laisser le chien se refugier là où il en a envie, afin qu’il se sente en sécurité en attendant que l’événement traumatisant passe.

Quand un chien a peur, quelle qu’en soit la raison, il devient sourd à tout ! Il panique, et il n’est pas « raisonnable ». Inutile de le gronder, de lui donner des ordres, ou même de lui parler pour le rassurer, car il n’entendra bien souvent rien.

En cas de peur chez un chien, essayez donc de le mettre dans un endroit plus confortable, là où il sentira qu’il est moins en danger : au calme ou dans l’obscurité, par exemple, et laissez-lui le temps de se calmer. Mieux vaut le laisser libre de pouvoir s’écarter du stimulus. S’il est coincé (parce qu’il est tenu en laisse, par exemple) l’impossibilité de fuir augmenterait l’intensité de sa peur. Il faut à tout prix aussi éviter la fugue, car un chien qui a peur peut tout à fait ne pas répondre à vos appels de retour. Il peut y avoir alors danger pour sa vie en cas de fuite.

Si votre chien est très anxieux, et que les thérapies comportementales sont inefficaces ou que les phobies sont nombreuses, il faudra l’aider à moins souffrir et a mieux participer à l’aide de thérapies et /ou des produits apaisants ou anxiolytiques. N’hésitez pas à demandez conseil à votre vétérinaire. L’assurance santé animale du chien peut vous aider à financer ces traitements.

 

Il remue la queue : c'est aussi parce qu'il a peur et qu'il n'est pas "spécialement" heureux !

Le battement de queue chez le chien peut signifier qu’il est heureux : une idée reçue ! Une étude italienne publiée dans Current Biology a mis en évidence que le sens du battement de la queue aurait toute son importance.

Le chien remuerait donc la queue vers la droite lorsqu’il est heureux (émotions positives) et vers la gauche lors d’émotions négatives (peur, stress, anxiété…).

 

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Photo : 123rf