Claude Pacheteau

Qu’est-ce qui déclenche les bagarres entre chiens ?

Parmi les reproches qui sont faites à certains chiens, on trouve en bonne place l’asociabilité, comme si cette dernière était héréditaire ou génétique alors qu'elle dépend presque exclusivement du travail d'obéissance et de sociabilité que chaque maître doit accomplir avec son chien. Antonio Ruiz, éducateur canin, détaille les raisons qui amènent un chien à en agresser un autre ainsi qu'un large panel de solutions pouvant éviter ce problème.

Dressons une liste, non exhaustive, des causes de bagarres, de la moins importante à la plus fréquente. Une chienne, par exemple, peut ne pas supporter d’être simplement reniflée au niveau de l'arrière-train par un congénère amplement accentuée par le stress de la maîtresse. 

Ensuite, nos chiens ont beau être des durs à la douleur, si vous constatez un changement d’attitude inexplicable, peut-être s’agit-il d’un signal indiquant un problème physique, donc consultez un vétérinaire. Sans forcement être blessé ou malade, le grand âge peut lui aussi conduire un chien à devenir plus sensible et par là même moins sociable. 

Puisque nous parlions d’âge, à l’autre bout de l’existence, on trouve de jeunes chiens n’ayant peur de rien, curieux de tout, pas toujours conscients de leur force et n’ayant pas encore appris la notion du respect. Un chien adulte normalement socialisé saura remettre rapidement et proprement le jeune effronté à sa place. C’est pourquoi nous avons mis cette catégorie dans les « importantes », car c’est à peine si l’ont peut parler dans ce cas de bagarres. 

En tant que maître, vous êtes indirectement concerné par un  déclanchement de bagarres potentiel dû à un autre chien…du genre très énervé. Ces chiens ne sont pas méchants, mais ils abordent leurs congénères avec une telle fougue, de façon si désordonnée que ceux-ci prennent parfois cela pour une agression et c’est parti pour un grand charivari, de grognements, de cris, de roulé-boulé, etc. 


Les chaleurs de madame !


Autre cas qui se présente heureusement peu fréquemment mais qui lorsqu’il arrive, déclenche presque toujours une bagarre : celui d’une chienne en chaleur.

Pour les yeux (et le reste) d’une jolie femelle, il est vrai que la plupart des mâles redeviennent des primitifs abandonnant la camaraderie normalement affichée, pour l’intransigeance pouvant parfois avoir des conséquences très graves ; la survie de l’espèce et de ses propres gènes en dépend. Nous verrons dans les solutions qu’il est possible de limiter très fortement ce désagrément. 


Touche pas à mon jouet 


Il est parfois surprenant d’imaginer qu’un petit bout de bois, une balle, un biscuit, sont suffisant pour déclencher une bagarre et pourtant…

Toutes ces choses et bien d’autres que l’on regroupe sous le terme générique de ressources sont bel et bien source fréquente de bagarres entre chiens.

Nos compagnons adorés qui aiment au moins autant leurs balles que leurs maîtres peuvent être parfois particulièrement chatouilleux lorsqu’il s’agit de partager celle-ci avec un congénère. Grands spécialistes du jeu à  la « Kung-fu » (consistant à poser la balle devant soi à attendre que l’autre essaie de s’emparer, pour finalement la reprendre lui-même et partir avec en grognant). 

Ils deviennent susceptibles s’ils se font avoir par plus rapide, plus malins qu’eux. La meilleure prévention dans ce cas de figure, consiste à ne laisser jouer, avec ce type de ressources, que des chiens dont on sait qu’ils sont réellement sociables, pour ne pas dire partageurs. 

Cet état de fait, ne justifiant nullement l’excuse avancée par nombre de propriétaires : « Ah oui, là il est jaloux, je caresse un autre chien. J’adore mes chiens et je pense qu’ils me le rendent bien, mais je n’accepterai jamais que ma conduite soit dictée par l’entre eux. Je veux pouvoir à loisir caresser un autre chien, ma femme, ou un simple hamburger » Où est le problème ? 

On voit bien à travers tous ces exemples, que le sens du partage n’est pas une notion plus naturelle pour les chiens que pour les humains.

Antonio Ruiz, éducateur canin, centre Pile-Poil


Plus sociable lorsqu’il est libre

Une bonne sociabilité limite considérablement les risques de bagarres. Aussi est-il essentiel de rappeler qu’un chien n’est jamais aussi sociable quand il est libre de ses mouvements. La laisse souvent utile et parfois obligatoire est aussi une source fréquente de bagarre.

Quand le maître ne sait pas la laisser détendue. Même si vous devez tenir votre chien en laisse, faites en sorte que celui-ci, lorsqu’il rencontre un congénère, puisse bouger à sa guise.

Avec les mauvaises réactions du maître, on peut citer l’absence ou la mauvaise socialisation du chien comme motif principal des bagarres.

Peu ou pas de contacts, rencontres de mauvaise qualité parfois dues à des agressions, la mauvaise socialisation du chien doit être rattrapée ou évitée par tous les moyens.

Les chiots doivent bien entendu être élevés dans des conditions correctes, cela exclut la solitude au fond d’une cave ou d’un jardin ou l’attache au radiateur de la cuisine… quelques exemples puisés dans mes archives de délégué enquêteur de la SPA.

Dans de bonnes conditions d’élevage, les chiots sont naturellement sociables. Vous devez tenter de préserver cette sociabilité comme le plus précieux des trésors. Tous ceux qui ont la chance ou le mérite d’avoir un ou des chiens sociables savent de quoi je parle ! 



Les mâles, plus bêtes que les femelles ! 

Les mâles sont souvent supérieurs aux femelles en ce qui concerne les bagarres.

Mais les mâles sont plus bêtes que les femelles et se bagarrent plus souvent !

Au contraire de la voiture où les femmes n’arrêtent pas d’accrocher et font rarement des tonneaux, les chiennes ne se battent pas beaucoup entre elles, mais leur combat ont souvent des conséquences plus sérieuses que les explications entre mâles.

Quoi qu’il en soit mâle ou femelle, le leitmotiv reste le même : entretenez la sociabilité de votre chien.

 

Deux idées reçues : la mise au point d’Antonio Ruiz, éducateur

Le chien se bagarrent lorsqu’un chien vient à la maison parce qu’il est sur son territoire.

Pour commencer j’offre une caisse de champagne aux personnes qui me présenteront un avis d’imposition foncier au nom du chien et ainsi que le règlement effectué par ce dernier !

Vous aurez donc rectifié de vous-même, le chien n’est ni sur son territoire ni chez lui mais bel et bien chez vous. 

Autre idées reçue, fortement encrée dans l’esprit des gens, certains semblant même y trouver une certaine fierté : le fait que leur chien soit dominant.

Est-ce que cela signifie que leur chien pense dominant, dort dominant, rêve dominant, mange dominant… Bien sûr il n’en est rien, le chien n’exprimant un éventuel fort caractère que dans certaines situations face à certains interlocuteurs. 


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