Qu’en est-il de l’expérimentation animale de nos jours ?

Suite à la Résolution du Parlement européen visant à accélérer le passage à une innovation sans recours aux animaux dans la recherche, l’Académie nationale de Médecine, l’Académie des Sciences, l’Académie nationale de Pharmacie et l’Académie Vétérinaire de France rappellent que la recherche en santé pour l’homme reste encore pour partie dépendante du recours aux animaux. Des solutions alternatives sont-elles possibles ? De leur côté, des associations de protection animale montent au créneau. C’est le cas de  One Voice qui milite pour empêcher la construction ou encore l’agrandissement d’élevages de chiens destinés à des laboratoires.

Le 16 septembre 2021, le Parlement européen a adopté une Résolution invitant la Commission à établir un plan d’action, dans le but de supprimer des procédures impliquant des animaux vivants dans la recherche scientifique, les essais liés à des exigences règlementaires notamment en vue de l’autorisation d’utilisation de produits de santé, tout en accélérant le développement des méthodes et technologies de substitution.

Des expérimentations animales strictement encadrées en Europe ?

L’Académie nationale de Médecine, l’Académie des Sciences, l’Académie nationale de Pharmacie et l’Académie Vétérinaire de France rappellent* que les expérimentations animales sont aujourd’hui strictement encadrées en Europe et répondent à des critères éthiques rigoureux (Directive européenne 2010/63/UE).

Toute expérimentation scientifique ou répondant à une exigence règlementaire, qui implique des animaux, doit être selon elles évaluée par des comités indépendants et réalisée par des personnels formés, détenteurs d’une autorisation délivrée, en France, par le Ministère chargé de la recherche.

Les quatre Académies indiquent dans un communiqués « qu’au cours des années récentes, les acteurs de la recherche en biologie-santé ont considérablement réduit le recours aux modèles animaux ».

Des solutions de substitution couramment utilisées dans les laboratoires

Des méthodes alternatives à l’expérimentation animale ont fait l’objet de recherches importantes et ont abouti à des solutions de substitution couramment utilisées dans les laboratoires assurent les Académies :

- modélisation in vitro (cultures de cellules en 2D, 3D et organoïdes) ;

- et modélisation in silico (simulation par bio-informatique et intelligence artificielle), enseignement sur des modèles éducatifs (mannequins, simulateurs..).

Des modèles de substitution imparfaits

Cependant, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, « ces modèles de substitution ne peuvent récapituler la complexité d’un organisme vivant et ne sont pas en mesure d’intégrer l’ensemble des paramètres biologiques impliqués dans le fonctionnement normal et pathologique des cellules, des organes et de leurs interactions et, in fine, d’un être vivant ». Ainsi, la grande majorité des recherches sur la physiopathologie humaine sont tributaires des modèles animaux, en particulier celles portant sur les neurosciences comportementales et les maladies infectieuses, inflammatoires, métaboliques et cancéreuses.

De même, ressort-il du point de vue des quatre Académies, la recherche et le développement de nouveaux médicaments, s’ils bénéficient du développement des modèles alternatifs, ne peuvent se soustraire à des analyses répondant à des exigences règlementaires dans des modèles expérimentaux animaux, en particulier pour les études précliniques et toxicologiques. Il en est de même s’agissant de la mise au point de certains dispositifs médicaux ou de certaines techniques chirurgicales ou de médecine interventionnelle. Ces exigences de recours à l’expérimentation animale dans la recherche en santé pour l’homme existent aussi dans le cadre de la recherche en médecine des animaux.

Quelles solutions préconisées en matière d’expérimentation animale ?

Face à la Résolution du Parlement européen visant à accélérer le passage à une innovation sans recours aux animaux dans la recherche, les quatre Académies tiennent à souligner que :

- D’importantes solutions de remplacement, de réduction ou d’amélioration ont déjà été trouvéesconcernant le recours aux animaux dans la recherche et des efforts constants sont déployés en ce sens ;

- Si de telles solutions peuvent sans doute encore être découvertes, le recours aux animaux reste indispensable dans plusieurs secteurs de la recherche en biologie-santé, car ce recours conditionne le progrès des soins chez l’homme et chez les animaux ou est imposé, notamment par la règlementation du médicament à usage humain et vétérinaire au sein de l’Union Européenne ainsi qu’au plan international (lignes directrices ICH). Compte tenu de cette règlementation, la suppression du recours aux animaux au sein de l’Union Européenne imposerait que le recours aux animaux soit délocalisé à l’étranger.

L’Académie nationale de Médecine, l’Académie des Sciences, l’Académie nationale de Pharmacie et l’Académie Vétérinaire de France recommandent donc, « qu’à l’occasion de la présidence française de l’Union Européenne, une expertise indépendante s’attache à identifier tous les domaines, dans lesquels la suppression du recours aux animaux en recherche pourrait avoir des conséquences négatives importantes et induire un abaissement du niveau de protection de la santé humaine ou animale ».

*Protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. À propos de la révision 2017 de la Directive 2010/63/UE. Communiqué interacadémique (Académie Nationale de Médecine ; Académie des sciences ; Académie nationale de Pharmacie ; Académie Vétérinaire de France), 29 juin 2017.

One Voice : « Pour les animaux victimes de l’expérimentation animale, jamais nous ne baissons les bras, en France comme en Europe. »

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Les quatre femelles beagle sauvées par One Voice en 1999 de l'élevage de Gannat (Allier) : Jenny, Charlotte, Linda et Zoé.

 

À Gannat (Allier), un élevage pour les laboratoires, où ont également lieu des expériences sur les chiens, cherchait à s’agrandir.

Début 2019, l’association One Voice a déposé un recours au tribunal administratif de Clermont-Ferrand avec notre partenaire, FNE Allier.

L’élevage de beagles ne pourra pas finalement s’agrandir. Le Tribunal administratif de Clermont-Ferrand a tranché en faveur de One Voice et de son partenaire FNE Allier.

« Les chiens souffrent le martyre dans les laboratoires », explique Muriel Arnal, présidente fondatrice de One Voice. « Et l’élevage de Gannat ne fait pas exception », poursuit-elle. « L’opacité de ce secteur est entretenue volontairement, il faut bien plus de transparence et de contrôles. La France s’honorerait en finançant la recherche de méthodes substitutives. En attendant, nous nous battons pour ces chiens cobayes. Obtenir l’interdiction de l’agrandissement de cet élevage représente des milliers de vies épargnées. »

One Voice insiste sur le fait que « notre pays fait partie des trois plus gros consommateurs de chiens au sein de l’Union européenne pour l’expérimentation animale ».

« Il y a un grave problème de transparence dans le milieu de l’expérimentation animale. Pas d’exception [au refuge de Gannat], où les beagles sont cachés à la vue du public, dans des lieux ultra-sécurisés dont les images sont rares. »

 

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Photo : 123RF / One Voice