Chien, chat : prendre soin de leur santé… au naturel

Les médecines douces sont aujourd’hui appliquées aux chiens et chats. Les applications et les résultats sont très proches de ceux observés en médecine humaine.Deux vétérinaires viennent d’éditer un livre truffé de conseils. Rencontre avec l’une des auteures. 

Inspirées des pratiques en humaine, les médecines douces sont aujourd’hui appliquées aux animaux domestiques (chiens et chats en premier lieu, mais aussi furets). Homéopathie, phytothérapie, aromathérapie, hydrolathérapie, acupuncture ou encore ostéopathie, entre autres, sans être des spécialités vétérinaires à proprement parler ont fait l’objet de nombreux travaux et désormais, certains praticiens les proposent dans leurs cabinets et cliniques et sont remboursées par l’assurance santé animale. Les applications et les résultats sont très proches de ceux observés en médecine humaine. A une époque où le bio a envahi le marché de l’animal de compagnie et où l’affaire du Médiator inquiète ou que d’autres traitements « chimiques »  inspirent des doutes, ces médecines douces apparaissent comme une alternative pour de nombreux maîtres. Toutefois, dans ces domaines également, aussi « naturelles » soient ces approchent, elles ne sont pas sans danger et l’on peut là aussi commettre des erreurs. D’où l’importance de ne s’adresser qu’à des vétérinaires ou bien de se renseigner avant de soigner soi-même certains petits « bobos » de son compagnon. C’est pour faire le point sur ces médecines douces et/ou naturelles appliquées aux animaux domestiques, que deux vétérinaires, passionnées par ce sujet, viennent d’éditer un livre truffé de conseils. Rencontre avec l’une des auteures. 


SantéVet : Quelles sont les médecines, dans le domaine vétérinaire, que l'on peut qualifier de médecines douces ?
Sylvie  Hampikian :
On retrouve, à peu de chose près, les disciplines "classiques" de la médecine humaine : homéopathie et son corolaire "élixirs floraux", phytothérapie et gemmothérapie (utilisation des bourgeons et jeunes pousses), aromathérapie, hydrolathérapie, ainsi que les pratiques dites de médecine énergétique que sont l'acupuncture et l'ostéopathie. D'autres méthodes sont pratiquées, de manière plus anecdotique, comme le reiki pour chiens [médecine non conventionnelle d'origine japonaise, basée sur des soins énergétiques par apposition des mains, Ndlr] développé par des vétérinaires outre-Atlantique. Néanmoins, il faut faire attention aux praticiens non vétérinaires. Même si certains sont doués de réelles compétences, beaucoup ne possèdent pas la connaissance nécessaire des spécificités animales (anatomiques, physiologiques).


SantéVet : Est-ce qu'elles sont des spécialités vétérinaires ?

Sylvie  Hampikian :
On ne peut pas à proprement parler les désigner de spécialités vétérinaires, puisqu'elles ne font pas l'objet d'un cursus à visée de spécialisation dans les écoles françaises (il n'existe à ce jour que huit spécialités vétérinaires reconnues par le conseil de l'Ordre). En revanche, les pratiques citées, inspirées des pratiques humaines, ont fait l'objet de nombreux travaux et sont vraiment adaptées aux espèces cibles. Par exemple, il existe de nombreux ouvrages d'homéopathie vétérinaire. Autre exemple, les méridiens d'acupuncture sont clairement établies chez le chien.


SantéVet : Quelles pathologies soignent-elles principalement ?

Sylvie  Hampikian : Un vétérinaire naturopathe dispose d'assez de remèdes et de techniques thérapeutiques pour soigner la plupart des pathologies, hormis celles qui relèvent de la chirurgie. Par contre, le propriétaire d'animaux devra se contenter de soulager les petits maux qui relèvent de l'automédication ou de mettre en œuvre des mesures visant à améliorer le bien-être quotidien de son animal ou à renforcer sa santé. Parmi les maladies qui sont particulièrement soulagées par les médecines douces, on peut citer l'arthrose, si fréquente chez les chiens, ainsi que de nombreuses affections cutanées.


Des précautions sont à prendre dans le choix des remèdes


SantéVet : En quoi sont-elles différentes des autres médecines et peut-on en attendre les mêmes résultats ?

Sylvie  Hampikian :
La principale différence entre l'approche des médecines naturelles et l'approche conventionnelle, souvent qualifiée d'allopathique, c'est que la première vise davantage à renforcer l'organisme de l'animal (c'est-à-dire le terrain) et à stimuler ses propres défenses, plutôt qu'à masquer les symptômes, comme c'est trop souvent le cas dans le second cas.

C'est pour cette raison que les médecines douces emploient beaucoup d'actifs drainants ou de remèdes qui renforcent le système immunitaire, plutôt que des antalgiques et des antibiotiques.

L'autre différence, et de taille, repose sur la toxicité des produits. Bien sûr, il serait faut de dire que tout ce qui est naturel est sans danger, et des précautions sont à prendre dans le choix des remèdes. Par exemple, les huiles essentielles sont contre-indiquées chez le chat et à employer avec prudence chez le chien. Une fois ces précautions prises, les remèdes bien choisis n'engendrent pas les effets indésirables des médicaments, effets qui sont connus en médecine humaine, mais qui existent aussi en médecine vétérinaire.


SantéVet : Est-il "facile" de manipuler" un chien ou un chat – notamment dans la pratique de l’ostéopathie -, quelles sont les difficultés et les limites de ces médecines ?

Sylvie  Hampikian :
Personnellement, je ne pratique plus depuis plusieurs années, mais j'ai assisté à des séances d'ostéopathie et j'ai été impressionnée par l'osmose qui se crée entre le vétérinaire et l'animal soigné, et par la coopération de ce dernier. Il n'est pas rare que l'animal, soulagé par la manipulation, finisse par se laisser totalement aller, voire par s'assoupir. C'est vraiment impressionnant.

Autre exemple : il peut sembler difficile de faire prendre une tisane à un animal. Or, j'ai plusieurs témoignages de propriétaires me disant que leurs chiens prennent spontanément la tisane, si elle n'était pas trop fortement dosée !


SantéVet : Les maîtres qui les choisissent sont-ils ceux qui pour eux-mêmes optent pour ce type de traitements ? Dans ce sens, y-a-t-il un report, une sorte de volonté pour quelque chose de moins invasif ?

Sylvie  Hampikian :
En effet, les maîtres qui s'intéressent à ces médecines sont généralement ceux qui eux-mêmes ont fait le choix d'une démarche de vie plus naturelle.

Par exemple, des personnes qui ont banni l'usage de la chimie dans leur environnement domestique rechignent à vaporiser des insecticides chimiques sur leurs animaux.

Malheureusement, on rencontre parfois des cas malheureux, comme ces maîtres croyant bien faire, qui donnent une alimentation végétarienne à leur chien ou leur chat. Or, tout équilibré qu'il soit, ce régime n'est pas adapté aux carnivores, et l'animal finit par présenter de graves carences.


La médecine vétérinaire est beaucoup moins cloisonnée que la médecine humaine


SantéVet : Ce type de médecine se retrouve-t-il en "concurrence" avec la médecine vétérinaire classique et indirectement certains laboratoires ?

Sylvie  Hampikian :
Heureusement, la médecine vétérinaire est beaucoup moins cloisonnée que la médecine humaine. Par exemple, au cours de mes études, à Nantes, c'est notre professeur de chirurgie qui nous enseignait l'homéopathie !

De même, il n'est pas rare qu'un vétérinaire "conventionnel", dispose de remèdes naturels dans sa pharmacie (extraits standardisés de plantes, complexes homéopathiques) ou prescrive de l'homéopathie lorsqu'il le juge à bon escient. De même, il arrive assez souvent qu'il adresse un animal à un confrère pratiquant l'acupuncture ou l'ostéopathie lorsqu'il n'arrive pas à le soulager par la médecine conventionnelle.

En ce qui concerne les laboratoires, je sais que certains d'entre eux s'intéressent aux remèdes naturels, et ce d'autant plus que beaucoup d'entre eux développent des gammes de compléments alimentaires. Il existe également quelques laboratoires spécialisés en homéopathie vétérinaire qui sont bien connus de la profession.


SantéVet : Est-ce que l'on peut soigner soi-même son animal, avec des plantes, des "gestes", comme on le fait pour nous-mêmes, ou faut-il avoir absolument l'avis d'un vétérinaire "spécialisé" ? Comment être sûr de ne pas commettre d'erreur ?

Sylvie  Hampikian :
Les limites de l'automédication sont à peu près les mêmes qu'en médecine humaine, et nous ne cessons de les préciser dans l'ouvrage. C'est pour cette raison que nous indiquons les signes d'appel qui doivent impérativement conduire à consulter un vétérinaire. En dehors de ces cas, on peut soigner son animal soi même, à condition de bien le connaître.

En ce qui concerne les soins à proprement parler, tout dépend du tempérament de l'animal. Certains se laissent soigner facilement, d'autres sont impossible à maîtriser. Pour appliquer un soin cutané ou pour faire avaler un remède, il existe bien sûr des astuces, la principale recette étant d'agir très calmement. Par contre, je déconseille toute manipulation d'un animal malade (massage, manipulation d'une articulation). D'une part, on risque d'aggraver la pathologie, d'autre part, en provoquant une douleur vive on peut se faire sévèrement mordre ou griffer. Les manipulations ne doivent être faites, le cas échéant, que d'après les instructions d'un vétérinaire.


SantéVet : Quels sont les "petits maux" quotidiens des chiens et des chats que l'on peut aisément soigner soi-même ?

Sylvie  Hampikian :
Typiquement, ce sont les petites plaies (plaies de grattage par exemple), les piqûres d'insectes, les démangeaisons d'origine diverses, les teignes, les douleurs articulaires, mais aussi le vieillissement des organes des animaux âgés, les douleurs musculaires (après l'effort) ou articulaires (arthrose diagnostiquée).

Le mal des transports répond aussi très bien à plusieurs remèdes. On peut aussi agir sur la prévention de nombreuses affections, parasites notamment, ou soutenir l'animal soigné pour une maladie plus sévère, en complément du traitement instauré par le vétérinaire.

Ce qui peut paraître plus surprenant, c'est l'efficacité des élixirs floraux ("fleurs de Bach") pour certains troubles affectifs chez les chiens et les chats, avec les mêmes indications que chez l'homme : peur, angoisse, nervosité, tristesse...


De plus en plus d'utilisateurs méfiants vis-à-vis des médicaments


SantéVet : Les médecines douces, dans le contexte actuel, ont-elles un avenir prometteur ?

Sylvie  Hampikian :
Inévitablement, les tendances observées en médecine humaine finissent par concerner la médecine vétérinaire. Or, diverses affaires précises (Vioxx, Médiator) et une prise de conscience globale des méfaits de la chimie ont rendu de plus en plus d'utilisateurs méfiants vis-à-vis des médicaments.

De plus en plus de patients se soignent par divers méthodes douces. Il n'est besoin que de constater le succès des rayons de phytothérapie et compléments alimentaires dans les magasins bio. Beaucoup de maîtres sont tentés d'appliquer ces méthodes à leurs compagnons à quatre pattes. Les plus téméraires se lancent en commettant parfois des erreurs malheureuses, notamment avec les huiles essentielles.

Mais beaucoup d'autres n'osent pas intervenir, car ils ne connaissent pas les spécificités de l'animal, c'est-à-dire ce qui lui convient en termes d'efficacité et d'absence de toxicité.C'est pour éviter les erreurs des premiers et aider les seconds à se lancer que nous avons écrit ce livre !

Propos recueillis par Claude Pacheteau




Un livre pour aider, conseiller et initier les maîtres, mais aussi les professionnels de santé


Sylvie Hampikian et Françoise Heitz publient aux Editions Terre Vivante Santé naturelle de votre animal - Chien, chat, furet. Ce guide complet de la médecine douce est donc adapté à 3 espèces.

Savoir observer son chien, son chat ou son furet, le connaître, le soigner grâce aux médecines naturelles : telle est l’approche des auteurs. Exhaustif, cet ouvrage s’adresse aux propriétaires de ces animaux, domestiques, mais aussi aux professionnels de la santé animale en quête de solutions alternatives.

Une première partie indique comment bien s’occuper de son animal, l’observer, le soigner en détectant les signes avant-coureurs de maladies.

La seconde partie présente un panorama des diverses médecines : phytothérapie (avec liste des plantes et leurs vertus), homéopathie, aromathérapie, gemmothérapie (utilisation des bourgeons), hydrolathérapie…

Enfin, la dernière partie répertorie les soins des maux les plus fréquents, avec des recettes (macérats, infusions, décoctions…) dans les limites raisonnables de l’automédication ou en complément d’un traitement préconisé par le vétérinaire : parasites, affections cutanées, douleurs musculaires, problèmes digestifs…

288 pages - Format 15 x 21cm – 150 photos couleurs. 

Prix : 25 €. 

En vente en librairie, dans les magasins de produits bio, les jardineries, par correspondance ou sur www.terrevivante.org

 

En savoir plus sur les auteures

Sylvie Hampikian (photo), dès la fin de ses études vétérinaires à Nantes, s’est orientée vers la recherche biomédicale, puis vers les affaires réglementaires pharmaceutiques.

« Mais, passionnée depuis toujours par les plantes médicinales, j'ai réussi à combiner cet intérêt personnel avec mes activités professionnelles en me spécialisant dans les actifs naturels », explique-t-elle.

« Ayant beaucoup travaillé dans le domaine humain - cosmétique, nutrition, santé au quotidien -, il était tout naturel que je m'intéresse à nouveau à "mes premières amours", à savoir la médecine vétérinaire », précise-t-elle encore.

Françoise Heitz, pour sa part, est diplômée de l'école vétérinaire d'Alfort.

Elle a suivi un parcours de vétérinaire praticien, dans une activité mixte, c'est-à-dire concernant aussi bien les animaux d'élevage que les animaux de compagnie. « Vivant dans une région de montagne, elle est aussi passionnée par l'écologie, les plantes et les médecines douces », précise sa consoeur avec qui elle a écrit ce livre.

« Elle a aussi contribué à développer, grâce à son expérience sur le terrain, certaines spécialités moins connues en médecine vétérinaire : gemmothérapie, élixirs floraux. Forte de son expérience, elle anime des formations auprès des éleveurs sensibilisés aux médecines naturelles. »

Médecines douces et assurance santé chien et chat

Certaines médecines douces bénéficient des mêmes conditions de remboursement dans le cadre d’un contrat de santé animale pour chien et chat.

Ainsi, par exemple, les formules d'assurance santé animale de SantéVet prennent en charge, en fonction de la formule choisie, l’homéopathie, la phytothérapie, l’acupuncture ou encore l’ostéopathie



SantéVet

Le spécialiste de l’assurance santé chien et chat

 

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