Variole du singe : quel risque pour les chiens et chats ?

Chats, chiens, rongeurs : à quels animaux de compagnie l’être humain peut-il transmettre la variole du singe ? Suite à l’augmentation du nombre de personnes infectées par ce virus dans de nombreux pays hors des zones endémiques, dont la France, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été saisie en urgence sur cette question. Objectif : limiter une éventuelle diffusion du virus vers ces espèces et la constitution d’un réservoir animal.

Les espèces animales les plus à risque de contamination par l’être humain

Le virus Monkeypox (MPXV) ou variole du singe est une zoonose endémique en Afrique du Centre et de l’Ouest, où le virus a été mis en évidence chez différentes espèces animales sauvages sans que le réservoir en ait été formellement identifié.

Dans la littérature scientifique disponible, les données relatives à la réceptivité des animaux de compagnie vis-à-vis de la variole du singe sont très limitées voire absentes, l’Agence souligne donc que les conclusions de son expertise sont susceptibles d’évoluer.

En l’état des connaissances :

- Les lagomorphes, tels que les lapins ou les lièvres, sont réceptifs et sensibles en conditions expérimentales, en particulier les lapereaux. Il s’agit des animaux les plus représentés au sein des nouveaux animaux de compagnie.

- Les sciuridés, dont les écureuils et chiens de prairie, semblent constituer une famille réceptive et sensible, possiblement la plus à risque de contamination par l’être humain. Toutefois, la détention et la vente de ces animaux n’est pas autorisée en France.

- Les rongeurs de compagnie, comme les rats bruns, les souris, les cobayesou encore les hamsters, semblent peu réceptifs au virus à l’âge adulte mais pourraient l’être pour les animaux les plus jeunes.

Les données sont absentes pour les furets et les chiens. Concernant les chats, une seule étude sérologique existe avec des résultats négatifs.

A ce stade, aucun cas clinique n’a été rapporté chez ces trois espèces.

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a été saisie le 3 juin 2022 par la Direction générale de la santé (DGS) et la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour la réalisation de l’expertise suivante : recommandations relatives à la réduction du risque de diffusion du virus Monkeypox aux animaux en France.

Adapter des mesures de santé publique

Il est demandé à l’Anses, « afin d’être en capacité d’adapter les mesures de santé publique :

- Dans un premier temps, d’émettre des recommandations destinées respectivement aux vétérinaires et aux propriétaires, relatives à la conduite à tenir pour les animaux de compagnie (chiens, chats, rongeurs notamment) au contact d’un cas confirmé de MPX ; une réponse est attendue pour le 10 juin 2022.

- Dans un second temps, de documenter le risque de transmission du virus par un malade à ses animaux de compagnie, à la faune péridomestique et, par l’intermédiaire des effluents domestiques notamment, à l’environnement, et d’émettre des recommandations relatives à la réduction de ce risque.

L’Anses est également chargée de préciser les éventuelles mesures de surveillance associées à mettre en place. Il vous est également demandé d’évaluer le risque d’importation du virus avec des animaux contaminés et d’émettre des recommandations relatives à la réduction de ce risque.

Les recommandations de l’Anses sont attendues pour le 1er septembre 2022.

Dans l’attente du rendu définitif de l’avis, il lui est demandé de transmettre les mesures conservatoires qui pourraient être mises en place pour limiter ces différents risques. »

Quelle conduite à tenir envers son animal si l’on est atteint de la variole du singe ?

Concernant les animaux de compagnie, au vu des données que les experts ont pu consulter dans le délai imparti, les experts du Gecu (groupe d’expertise collective d’urgence) émettent les recommandations suivantes à destination des vétérinaires et propriétaires d’animaux de compagnie (chiens, chats, rongeurs, lapins de compagnie notamment) concernant la conduite à tenir pour protéger ces animaux lorsqu’ils sont au contact d’une personne malade du MPX :

- si plusieurs personnes sont présentes dans le foyer du cas humain, il est recommandé que celui-ci n’entre pas en contact avec son animal de compagnie pendant toute la durée de son isolement, ne le laisse pas accéder à la pièce dans laquelle il s’est isolé, et que les autres membres du foyer non symptomatiques s’occupent de l’animal et, le cas échéant de sa cage, sa litière... ;

Si la personne vit seule avec un animal de compagnie, il lui est recommandé :

- de limiter au maximum les contacts directs rapprochés avec cet animal, en particulier ne pas le porter, ne pas le caresser, ne pas autoriser le léchage de l’humain, de ne pas lui autoriser l’accès à la chambre, aux vêtements, et notamment de ne pas l’autoriser à se coucher sur ces vêtements, à lécher de la vaisselle et les autres plats, ni à avoir un comportement de tétée dans le casdes chats...

- avant chaque contact avec son animal, de se nettoyer et se désinfecter les mains, puis porter des gants à usage unique, de protéger les lésions cutanées (en l’absence de contre-indication médicale) ;

- de porter un masque chirurgical à proximité de l’animal. Ces gants et masques devront être éliminés dans des sacs poubelles dédiés avec les autres déchets liés à l’infection du cas (croûtes..,).

Pour les petits mammifères (rongeurs, lagomorphes), il est recommandé de :

- les maintenir dans leur cage durant toute la période d’isolement du cas humain, si possible dans une pièce avec peu de passage ;

- lors du nettoyage hebdomadaire de la cage la désinfecter à l’eau de Javel en portant des gants et un masque chirurgical ;

- ne pas éliminer dans les ordures ménagères le corps d’un petit animal mort et qu’un tiers l’apporte chez un vétérinaire.

Des mesures de précautions classiques pour la prise en charge vétérinaire

En cas d’apparition de signes cliniques chez leur animal de compagnie, quelle qu’en soit la nature et la cause, la prise en charge de l’animal devrait se faire avec quelques précautions.

Il est recommandé au propriétaire de contacter son vétérinaire en précisant qu’il est lui-même (ou a été récemment) atteint de MPX, puis qu’une tierce personne amène l’animal en consultation.

Pour rappel, on recense en France quelque 1 500 cas confirmés de variole du singe. 

L’information préalable du vétérinaire permettra à ce dernier d’accueillir l’animal dans des conditions adaptées.

Toute une série de recommandation sont détaillées dans l’avis de l’Anses.

Les mesures proposées relèvent de mesures de précaution classiques visant à éviter la transmission d’un agent pathogène d’une personne malade à son animal de compagnie dans l’hypothèse d’une contamination de l’animal via des lésions cutanées et gouttelettes émises dans l’air ambiant et/ou via l’environnement contaminé.

Elles consistent à limiter, voire empêcher les contacts entre l’animal et la personne infectée ainsi qu’avec son environnement possiblement contaminé, à préconiser le port de gants, d’un masque, le nettoyage-désinfection des mains....

Ces recommandations, pourront être affinées en fonction de nouvelles données, précise l’agence.

Ce qu’il faut savoir sur la variole du singe et son mode de transmission

Cousine éloignée de la variole humaine, mais considérée comme bien moins dangereuse, la variole du singe guérit généralement d'elle-même après deux ou trois semaines.

Le virus du Monkeypox circule actuellement en France, en Europe et en Amérique du Nord

Il se transmet principalement :

- par contact avec la peau, la bouche, le sexe ou l’anus avec les boutons et les croûtes d’une personne malade

- par les postillons et les éternuements d’une personne malade.

Une personne malade peut contaminer dès l’apparition des symptômes et jusqu’à la cicatrisation des lésions.

Tant qu’il n’y a pas de symptôme, il n’y a pas de risque de transmission.

Dans la plupart des cas, la maladie guérit toute seule en 3 à 4 semaines.

Comment se protéger ?

Évitez tout contact physique (faire la bise, serrer les mains...)

Portez un masque chirurgical pour discuter avec d’autres personnes.

Mettez des gants étanches pour toucher tout objet ayant été en contact d’autres personnes (notamment verres, serviettes, vêtements...)

Désinfectez les surfaces touchées par les personnes (comme pour le Covid).

Surveiller l’apparition des symptômes suivants :

- Boutons sur le visage, le sexe, les paumes des mains, les plantes des pieds ou au niveau de l’anus ;

- Fièvre ;

- Maux de tête ;

- Fatigue ;

- Douleurs musculaires ;

- Ganglions enflés et douloureux sous la mâchoire, dans le cou ou au pli de l’aine.

- En cas de symptômes, isolez-vous et appelez le 15.

Une vaccination est désormais proposée préventivement aux groupes les plus exposés, notamment les homosexuels et bisexuels multi-partenaires.  

Source : Avis de l’Anses / Saisine n° « 2022-SA-0102 »

 

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Photo : 123RF