Une mammite est une inflammation de la mamelle, qui peut fréquemment survenir chez les chiennes qui allaitent des petits. Nous allons détailler dans cet article comment reconnaître une mammite, et que faire dans ce cas-là.
L'essentiel
- La mammite chez le chien est une inflammation des glandes mammaires, qui peut toucher une ou plusieurs mamelles.
- Elle survient principalement chez les chiennes ayant récemment mis bas ou en période de lactation.
- La mammite doit être traitée rapidement pour éviter les complications pour la mère et les chiots.
Qu'est-ce qu'une mammite chez le chien ?
La mammite chez le chien est une inflammation des glandes mammaires, qui peut toucher une ou plusieurs mamelles. Elle survient principalement chez les chiennes ayant récemment mis bas ou en période de lactation, bien qu’elle puisse aussi apparaître chez des chiennes non gestantes, en particulier en cas de grossesse nerveuse. Cette affection concerne le plus souvent les chiennes adultes, mais elle peut théoriquement toucher tout individu femelle possédant du tissu mammaire fonctionnel.
Sur le plan biologique, la mammite est une réponse inflammatoire du tissu mammaire à une agression, généralement de nature infectieuse. Elle peut être aiguë ou chronique, localisée ou généralisée. L’inflammation perturbe le fonctionnement normal de la glande mammaire, affectant la production et la qualité du lait. Dans certains cas, l’inflammation peut évoluer en abcès ou provoquer la nécrose des tissus.
La mammite n’est pas une maladie fréquente chez le chien, mais elle peut être grave si elle n’est pas prise en charge rapidement. En plus de causer une souffrance importante, elle peut compromettre l’allaitement des chiots et avoir des répercussions sur leur santé. Chez les chiennes âgées ou non allaitantes, une inflammation mammaire doit toujours inciter à rechercher une cause sous-jacente plus sérieuse, comme un déséquilibre hormonal ou une pathologie tumorale.
D’un point de vue anatomique, le chien possède généralement cinq paires de glandes mammaires (soit dix mamelles), réparties entre la région thoracique, abdominale et inguinale. Toutes peuvent potentiellement être touchées par une mammite, bien que les mamelles postérieures soient souvent plus atteintes, probablement en raison de leur position et de leur taille.
La mammite doit donc être considérée comme un signal d’alerte chez la chienne, nécessitant une attention vétérinaire, même si son origine n’est pas toujours infectieuse.
La mammite représente environ 1 % de l'ensemble des maladies rapportées chez le chien et environ 5,3 % des pathologies reproductives. |
Quelles sont les causes d'apparition d'une mammite ?
Les causes de mammite chez la chienne sont généralement multiples et souvent combinées.
- La plus fréquente est l’infection bactérienne, qui s’installe lorsque des micro-organismes, en particulier des bactéries opportunistes (comme Staphylococcus aureus ou Escherichia coli), pénètrent dans les canaux galactophores par le trayon. Ce phénomène est favorisé par la présence de plaies, de crevasses ou de traumatismes au niveau de la mamelle, souvent causés par les griffes ou les dents des chiots lors de la tétée.
- La stagnation du lait constitue également un facteur de risque majeur. Lorsque le lait s’accumule dans la glande mammaire sans être correctement évacué (par exemple en cas de sevrage brutal ou de mort des chiots), il crée un milieu propice à la prolifération bactérienne. Ce phénomène peut aussi survenir chez les chiennes présentant une montée de lait sans mise-bas effective, comme lors d’une pseudogestation (ou grossesse nerveuse).
- Les déséquilibres hormonaux jouent un rôle non négligeable dans l’apparition des mammites, notamment dans les cas de lactation inappropriée ou prolongée. Les fluctuations de la progestérone et de la prolactine, en particulier, peuvent provoquer une hyperplasie du tissu mammaire et rendre la glande plus vulnérable à l’inflammation ou à l’infection.
- Un traumatisme local (coup, morsure, pression excessive) peut également provoquer une mammite en déclenchant une réaction inflammatoire stérile, qui peut secondairement s’infecter.
- Enfin, bien que plus rares, certaines causes non infectieuses comme les tumeurs mammaires, les kystes ou des corps étrangers peuvent aussi entraîner une inflammation des mamelles. Dans ces cas, la mammite est souvent chronique ou récidivante.
Il est donc essentiel d’identifier la ou les causes sous-jacentes afin d’adopter une prise en charge adaptée et éviter les récidives.
Est-ce qu'une mammite est possible pendant une grossesse nerveuse chez la chienne ?
Une mammite peut survenir pendant une grossesse nerveuse (pseudogestation) chez la chienne. Lors de ce phénomène, qui survient généralement 1 à 2 mois après les chaleurs, le corps de la chienne se comporte comme si elle était gestante, en raison de modifications hormonales (notamment une chute de la progestérone suivie d’une augmentation de la prolactine).
Ces hormones induisent une montée de lait et une activité mammaire. Si la chienne lèche fréquemment ses mamelles, les manipule avec ses pattes ou produit du lait stagnant, cela peut favoriser l’irritation ou l’infection du tissu mammaire, menant à une mammite. Bien que ce type de mammite soit souvent moins sévère qu’une mammite infectieuse post-partum, il peut tout de même engendrer une inflammation douloureuse nécessitant une prise en charge. Il est donc important de surveiller les chiennes présentant une pseudogestation, notamment en cas de lactation excessive ou prolongée.
Est-ce qu'une chienne stérilisée peut avoir une mammite ?
Une chienne stérilisée peut très rarement développer une mammite, mais cela reste exceptionnel. En effet, la stérilisation chirurgicale (ovariectomie ou ovario-hystérectomie) supprime la production hormonale ovarienne, en particulier de progestérone et d'œstrogènes, hormones impliquées dans le développement et le fonctionnement des glandes mammaires.
Sans stimulation hormonale, la glande mammaire reste généralement inactive, ce qui réduit drastiquement les risques de lactation et donc de mammite. Toutefois, dans certains cas exceptionnels, une chienne stérilisée peut présenter une activité mammaire résiduelle (notamment si elle a été stérilisée tardivement ou si du tissu ovarien persiste). Il existe aussi des situations rares où une inflammation mammaire peut survenir sans cause hormonale, par exemple à la suite d’un traumatisme local ou d’un processus tumoral. Mais globalement, la stérilisation est un facteur protecteur contre la mammite.
Est-ce qu'une chienne non gestante ni allaitante peut avoir une mammite ?
Une chienne non gestante et non allaitante peut développer une mammite, bien que cela soit moins fréquent.
Ce type de mammite est souvent lié à une pseudogestation (grossesse nerveuse), où des fluctuations hormonales provoquent une lactation inappropriée malgré l’absence de gestation. Dans ce contexte, la stagnation de lait ou le léchage excessif des mamelles peut entraîner une inflammation voire une infection.
En dehors des pseudogestations, certaines chiennes peuvent avoir une activité mammaire résiduelle due à un déséquilibre hormonal ou à une stimulation exogène (par exemple, certains traitements hormonaux). Il existe également des cas de mammite d’origine non hormonale, causée par un traumatisme, une tumeur mammaire ou une infection locale indépendante de la lactation. Bien que rares, ces cas doivent être pris au sérieux, car ils peuvent masquer une affection sous-jacente plus grave, comme une pathologie tumorale ou une infection chronique.
Comment différencier une mammite d'un cancer mammaire chez la chienne ?
Voici un tableau récapitulatif des différences entre une mammite et une tumeur mammaire :
Critère clé | Mammite (inflammation mammaire) | Cancer mammaire (tumeur) |
---|---|---|
Contexte d’apparition | Souvent 0-8 semaines post-mise bas, ou lors d’une pseudogestation | Chienne d’âge moyen à avancé ; plus fréquent chez les femelles intactes ou stérilisées tardivement |
Installation / évolution | Brutale : heures à quelques jours | Progressive : semaines à mois |
Douleur à la palpation | Importante, chienne réactive | Faible ou absente (sauf ulcération/nécrose) |
Consistance | Glande diffuse, molle à ferme, œdématiée | Nodule(s) ferme(s) ou dur(s), parfois irréguliers, bien circonscrits |
Chaleur et rougeur locales | Fréquentes (inflammation aiguë) | Rarement présentes |
Sécrétions | Lait anormal ± purulent ; écoulement au trayon | Pas de lait ; écoulement sanguinolent possible à partir de la tumeur, pas du trayon |
Signes systémiques | Fièvre, abattement, anorexie possibles | Généralement absents, sauf métastases avancées |
Réponse aux antibiotiques/anti-inflammatoires | Amélioration notable en 24-72 h | Aucune ou très faible amélioration |
Cytologie/biopsie | Neutrophiles ± bactéries ; pas de cellules néoplasiques | Cellules tumorales (adénocarcinome, carcinome…) ± anisocaryose, mitoses |
Ganglions lymphatiques | Réactionnels, douloureux | Possible augmentation dure ; porte d’extension métastatique |
Pronostic | Excellent si prise en charge précoce | Variable : dépend du type, de la taille et des métastases |
Message clé | Inflammation souvent réversible ; urgence pour préserver la lactation | Toute masse persistante > 2 sem ou > 1 cm → excision/biopsie recommandée pour confirmer la nature |
L'avis de Santévet : Même avec ces critères, il n'est pas toujours simple de faire la différence entre tumeur mammaire et mammite. En cas de doute, seul un vétérinaire peut confirmer un diagnostic. Ne tardez pas à consulter, une prise en charge précoce est essentielle ! L'assurance santé pour chien rembourse les frais de consultation et de traitement.
Quels sont les symptômes d'une mammite chez le chien ?
Les principaux symptômes d’une mammite chez la chienne sont :
- Une ou plusieurs mamelles rouges, chaudes, douloureuses et gonflées
- La glande peut devenir dure ou molle selon le stade de l’inflammation
- Du lait anormal (épais, jaune, verdâtre ou sanguinolent) peut s’écouler spontanément ou à la pression
- La chienne peut refuser la tétée, se lécher les mamelles ou montrer des signes de douleur
- Dans les cas graves, des signes généraux apparaissent : fièvre, abattement, perte d’appétit.
- Un abcès ou une nécrose locale peuvent se former si l’infection progresse sans traitement.
Comment diagnostiquer une mammite chez la chienne ?
Le diagnostic d’une mammite repose sur un examen clinique.
Le vétérinaire observe l’état des mamelles (chaleur, rougeur, douleur, écoulement anormal) et peut réaliser une cytologie du lait pour rechercher des cellules inflammatoires ou des bactéries.
Comment soigner une mammite chez le chien ?
Le traitement d’une mammite chez la chienne repose sur trois approches : contrôler l’infection, soulager la douleur et restaurer le fonctionnement mammaire.
Après examen et prélèvement de lait, le vétérinaire prescrit d’abord une antibiothérapie, la durée classique est de 10 à 14 jours, prolongée si l’inflammation est sévère. Un anti-inflammatoire atténue la douleur et l’œdème. Dans certains cas de traitement par voie orale, les chiots devront arrêter de téter car les médicaments peuvent passer dans le lait maternel.
Pour limiter la stagnation du lait, on favorise la vidange de la mamelle : tétée surveillée des chiots quand le lait n’est pas purulent, ou massage / traite manuelle douce associée à des compresses tièdes trois fois par jour.
Si un abcès ou un foyer nécrotique se forme, une incision-drainage ou l’excision partielle de la glande est nécessaire, suivie de pansements antiseptiques quotidiens.
Comment éviter une mammite chez le chien ?
Pour la prévention d'une mammite, il est important de maintenir une bonne hygiène autour de la mise bas et pendant l’allaitement.
- Les mamelles doivent rester propres et intactes : couper les griffes des chiots et surveiller qu’ils ne blessent pas les trayons.
- Éviter la surproduction de lait en limitant les stimulations inutiles pendant une pseudogestation.
- En cas de sevrage, procéder de manière progressive pour éviter la stagnation du lait.
- La stérilisation réduit aussi fortement le risque de mammite à long terme, notamment en évitant les lactations inappropriées liées aux cycles hormonaux.
Quand faut-il consulter en cas de mamelle gonflée chez la chienne ?
Une consultation vétérinaire est recommandée dès qu’une mamelle apparaît anormalement gonflée, chaude, douloureuse ou rouge. Il ne faut pas attendre l’apparition d’un écoulement ou de signes généraux pour consulter.
Une masse mammaire persistante, même non douloureuse, doit être examinée pour exclure une tumeur. En période de lactation, un changement de comportement de la chienne ou des chiots (refus de tétée, pleurs) peut aussi alerter. Toute modification rapide de l’aspect d’une mamelle justifie un avis vétérinaire : la mammite peut évoluer vite et provoquer des complications graves si elle n’est pas traitée à temps.
Une mammite est donc une maladie résultant d'une inflammation de la mamelle, qui survient surtout chez les chiennes qui allaitent. Une prise en charge rapide est nécessaire pour éviter les complications pour la mère et pour les chiots.
Sources :
- Oliveira, A., Amorim, I., Sargo, R., Correia, J., Tavares, L., & Gärtner, F. (2021). Canine mastitis: a one-health concern. Animals, 11(11), 3259.
Santévet
Leader de l'assurance santé animale