Covid-19 et animaux: origine mystérieuse, avenir incertain

Alors que les feux de l’actualité sont braqués sur la mise en place du pass sanitaire en France afin de lutter contre la Covid-19, l’Académie Vétérinaire de France et l’Académie Nationale de Médecine publie un rapport intitulé. : « Covid-19 et monde animal, d’une origine encore mystérieuse vers un futur toujours incertain. » Une partie de ce rapport est consacré aux espèces animales sensibles aux SARS-CoV-2 parmi lesquelles les animaux domestiques.  Chiens, chats, furets, lapins, hamsters : quels sont les animaux de compagnie les plus sensibles à la Covid-19 ? Quels sont ceux les plus à risque de transmission inter-espèces ou à l’Homme ? Quelles mesures faut-il prendre ?  Ce rapport fait le point en fonction des connaissances mises à jour. Il propose par ailleurs une série de recommandations. 

Adopté par 92 voix pour, 3 voix contre et 18 abstentions, l’Académie Nationale de Médecine a adopté dans sa séance du mercredi 30 juin 2021, le texte du rapport bi académique (Académie Nationale de Médecine et Académie vétérinaire de France) : « Covid-19 et monde animal, d’une origine encore mystérieuse vers un futur toujours incertain. »

Ce rapport fait suite à l’avis de l’Académie nationale de médecine (ANM) et de l’Académie vétérinaire de France (AVF) du 24 novembre 2020 sur le sujet de la sensibilité des espèces animales au SARS-CoV-2. 

En premier lieu, le rapport souligne que « si le SARS-CoV-2 responsable de la Covid-19 a été immédiatement isolé et identifié, il n’a pas été possible de déterminer l’origine exacte de ce virus ni les animaux ayant pu éventuellement le transmettre dans le marché de Wuhan ».

Très rapidement la chauve-souris a été suspecté. Puis l’hypothèse impliquant un coronavirus du pangolin (Pangolin-CoV), capable d’infecter l’Homme a été évoquée

Le chat est plus sensible au SARS-CoV-2 que le chien

Une partie de ce rapport fait le point sur les espèces animales sensibles aux SARS-CoV-2 et en particulier les animaux de compagnie. 

« Après l’apparition d’un premier cas de contamination d’un chien de compagnie par son propriétaire malade à Hong Kong le 26 février 2020, plusieurs cas d’infections sporadiques d’origine humaine chez les chiens et les chats ont été observés dans le monde », indiquent les auteurs du rapport*. 

« Expérimentalement le chat semble plus sensible au SARS-CoV-2 que le chien, avec la possibilité d’une transmission inter-espèc. Des études sérologiques effectuées dans plusieurs pays ont permis de confirmer qu’il existait un risque de contamination des chiens et surtout des chats par la Covid-19. »

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Le rapport rappelle une  étude italienne récente qui a montré une séroprévalence du SARS-CoV-2 plus élevée chez les chats (16,2 %) que chez les chiens (2,3 %). Et cela « en particulier chez les animaux vivant en contact étroit avec des propriétaires ayant été contaminés par le virus ». 

La question de la contamination des chats errants se pose

L’origine de la contamination des chats errants est une question qui s’est posée dès avril 2020 à Wuhan puis dans d’autres pays (Iran, Italie, Espagne, Pays-Bas). Des chercheurs néerlandais ont démontré pour la première fois que la contamination du chat errant pouvait avoir pour origine le vison. 

Le rapport cite le variant B.1.1.7, qui « n’a pas épargné les animaux de compagnie au Texas et en Angleterre. Dans ce dernier pays, des vétérinaires ont observé une augmentation de l’incidence des troubles cardiaques, en l’absence de tout signe respiratoire, dans leur clientèle de référés de cardiologie passant de 1,4 % à 12,8 % (8,5 % chez les chats et 4,3 % chez les chiens) ». 

L’intérêt du séquençage de ce virus en médecine vétérinaire

« La courbe épizootique de ces cas suit la même dynamique que celle de l’épidémie humaine due au variant anglais », note le rapport. Ces aspects cliniques particuliers liés à un variant du SARS-CoV- 2 chez l’animal démontrent l’intérêt du séquençage de ce virus en médecine vétérinaire.

Qu’en est-il de la situation sanitaire vis-à-vis des animaux de compagnie ? « Au 20 juin 2021, il n’a pas été démontré que le chien ou le chat infecté dans les « conditions naturelles » (autres qu’expérimentales) pouvait transmettre le SARS-CoV-2 à un autre animal ou à l’Homme », conslut le rapport. Ce qui confirme ce qui jusqu’à présent a toujours été affirmé. 

En revanche, le rapport revient sur le cas du furet : autre animal de compagnie très sensible à l’infection expérimentale et chez lequel quelques cas de contamination naturelle ont été observés.

Envisager la vaccination, la surveillance,et la prévention de la contamination des espèces animales sensibles par l’Homme

Parmi les mesures préconisées pour prévenir le risque hypothétique d’un réservoir animal du SARS-CoV-2, le rapport indique que l’on peut « envisager la vaccination, la surveillance des espèces animales sensibles, la prévention de leur contamination par l’Homme et accorder une attention soutenue à la surveillance des chauves-souris  ».

« Les autres espèces sensibles concernant les animaux de compagnie comme les chats, les chiens et les furets ou certains animaux de zoo (gorilles, félins) ne jouent pas de rôle épidémiologique dans le maintien et la propagation du SARS-CoV-2. » 

Toutefois, selon les auteurs du rapport, « la diffusion possible chez les chats errants ou à comportement nomade justifie une surveillance systématique de ces populations animales dans lesquelles peut se développer une transmission intraspécifique. Dans le cas des autres espèces animales sensibles, la contamination a été démontrée expérimentalement mais on ne connaît pas de maladie naturelle spontanée. Cependant une surveillance de la faune liminaire peut se justifier si des cas naturels sont observés (lapin, hamster, souris...). »

Quelles recommandations, quelles précautions ?

Le rapport liste une série de recommandations suite à l’état de la situation connue à l'heure actuelle. 

- Proposer un dépistage du SARS-CoV-2 chez les animaux exprimant des signes cliniques évocateurs de la Covid-19 pendant la période d’un mois suivant la maladie de leur propriétaire (confirmée Covid-19) et, en cas de positivité, effectuer un séquençage des produits d’amplification ;

- maintenir une surveillance continue des infections à coronavirus détectées chez les animaux domestiques et dans la faune sauvage et liminaire ;

- prévenir tout risque de transmission du SARS-CoV-2 de l’Homme aux espèces animales sensibles en informant les personnes présentant les symptômes de Covid-19 de cette possibilité (animaux de compagnie : hamsters, furets, chats, chiens...; animaux d'élevage : primates non humains, visons, animaux de laboratoire sensibles...) ;

sensibiliser les chasseurs, les travailleurs forestiers et toute personne exerçant une activité au contact de la faune sauvage et liminaire (centres de soins spécialisés, zoos...) aux risques zoonotiques encourus ainsi que les visiteurs des parcs animaliers.

*BRUGERE-PICOUX J, LEROY E, ROSOLEN S, ANGOT J-L, BUISSON Y. Académie nationale de médecine et Académie vétérinaire de France. Les auteurs déclarent ne pas avoir de lien d’intérêts avec le sujet abordé.

Source : Covid-19 et monde animal, d’une origine encore mystérieuse vers un futur toujours incertain - Covid-19 and the animal world, from a still mysterious origin towards an always unpredictable future.

Rapport bi-académique - Académie vétérinaire de France Académie nationale de médecine. Un rapport exprime une prise de position officielle de l ’Académie Nationale de Médecine.

 

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Photos : 123RF