L'essentiel (TL;DR)
- La prostatite chez le chien est une inflammation de la prostate qui touche surtout les mâles adultes non castrés et peut provoquer douleurs, troubles urinaires et infections répétées.
- Le diagnostic repose sur l’examen clinique, l’imagerie et les analyses biologiques pour différencier prostatite, hyperplasie bénigne ou cancer de la prostate.
- Le traitement associe antibiotiques, anti-inflammatoires et mesures de soutien, tandis que la castration reste une méthode efficace pour prévenir les problèmes prostatiques à long terme.
Qu'est-ce que la prostatite chez le chien ?
Définition
La prostatite est une inflammation de la prostate, une glande située en arrière de la vessie et entourant l’urètre chez le chien mâle. Cette glande produit une partie du liquide séminal et joue un rôle dans la fertilité. L’inflammation peut être aiguë ou chronique, et elle peut toucher tout chien mâle, castré ou non, mais elle est plus fréquente chez les chiens adultes non castrés.
Pathogénie
La prostatite résulte d’une réaction inflammatoire de la prostate, souvent déclenchée par l’infection bactérienne. L’inflammation entraîne un gonflement de la glande, une douleur locale et parfois des perturbations urinaires. Chez les cas chroniques, la prostate peut fibroser ou se calcifier, provoquant des troubles persistants.
Causes
Plusieurs causes peuvent être à l’origine d’une prostatite :
- Infections bactériennes : le plus souvent des bactéries intestinales comme E. coli, Staphylococcus, ou Enterococcus.
- Traumatismes ou micro-lésions : causés par l’activité sexuelle ou des manipulations.
- Hyperplasie bénigne concomitante : l’élargissement de la prostate peut favoriser la stagnation d’urine et le développement bactérien.
- Prédisposition hormonale : les chiens non castrés sont plus à risque en raison de la stimulation continue par la testostérone.
Âge d'apparition
La prostatite est surtout observée chez les chiens adultes à partir de 5 ans, mais elle peut survenir plus tôt en cas de prédisposition ou d’infections répétées. Les chiens jeunes castrés sont rarement affectés.
Quels sont les symptômes de la prostatite chez le chien ?
La prostatite peut être aiguë ou chronique, avec des symptômes variables :
- Signes urinaires : difficulté à uriner, miction fréquente, urine sanglante ou trouble (similaires aux signes en cas d'infection urinaire chez le chien).
- Douleur abdominale ou lombaire : le chien peut se tenir raide ou montrer une sensibilité lors de la palpation de l’abdomen.
- Fièvre chez le chien et baisse d'état général : surtout dans les formes aiguës.
- Troubles sexuels : diminution de la libido, éjaculation douloureuse ou sang dans le sperme.
- Constipation chez le chien ou douleurs lors de la défécation : due à la compression du rectum par la prostate enflammée.
- Signes chroniques : fatigue, amaigrissement, infections urinaires récidivantes, parfois asymptomatique si l’inflammation est modérée.

Comment différencier prostatite, hyperplasie de la prostate et cancer de la prostate ?
Voici un tableau comparatif des différentes maladies de la prostate chez le chien :
| Critère | Prostatite | Hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) | Cancer de la prostate |
|---|---|---|---|
| Âge fréquent | Adultes à seniors (5-10 ans) | Chiens adultes >5 ans | Chiens âgés >8 ans |
| Symptomatologie | Douleur, fièvre, troubles urinaires, sang dans l’urine | Souvent asymptomatique, parfois difficultés urinaires ou constipation | Symptômes urinaires sévères, parfois sang dans l’urine ou selles, perte de poids |
| Consistance de la prostate | Douleur, gonflée, molle ou ferme selon l’inflammation | Glande symétriquement augmentée, ferme mais non douloureuse | Masse irrégulière, dure, souvent asymétrique |
| Évolution | Aiguë ou chronique, réversible avec traitement | Lente, progressive | Rapide, dégénérative, métastatique possible |
| Diagnostic | Palpation, échographie, analyse bactériologique | Palpation, échographie | Palpation, échographie, biopsie, examens sanguins |
|
Le volume de la prostate d’un chien tend à augmenter avec l’âge. Après 5 ans, un chien sur deux a une prostate d’un volume anormalement élevé et après 9 ans, quasiment 90 % des chiens présentent une hyperplasie bénigne de la prostate (HBP). Comme cette affection se développe sous l’influence de la testostérone, les chiens qui ont été castrés jeunes sont rarement victimes d’HBP*. |
Diagnostic de la prostatite canine

Le diagnostic est réalisé par un vétérinaire en plusieurs étapes.
Examen clinique
- Palpation rectale de la prostate (avec un doigt ganté) : permet d’évaluer sa taille, sa consistance et la douleur.
- Observation des signes urinaires ou génitaux.
Analyses biologiques
- Analyse d’urine et culture bactérienne pour identifier l’agent infectieux.
- Prélèvement prostatique par massage prostatique ou aspiration si nécessaire.
Analyses biologiques
- Analyse d’urine et mise en culture bactérienne pour identifier l’agent infectieux.
- Prélèvement prostatique par massage prostatique ou aspiration si nécessaire.
Imagerie
- Échographie abdominale chez le chien : évalue l’inflammation, les abcès ou les kystes.
- Radiographie : parfois utilisée pour détecter des calcifications ou anomalies osseuses en cas de cancer.
Frais pour la prise en charge d’une prostatite chez le chien
| Acte / Poste de dépense | Fourchette de prix sans assurance |
|---|---|
| Consultation vétérinaire initiale | 30 – 60 € |
| Analyses (urine, culture, prise de sang) | 50 – 100 € |
| Échographie abdominale / prostatique | 50 – 150 € |
| Radiographie (si nécessaire) | 60 – 90 € |
| Médicaments (antibiotiques, anti-inflammatoires, traitements associés) | 20 – 100 € |
| Consultation(s) de suivi / contrôles | 30 – 150 € |
| Castration (optionnelle mais souvent recommandée en prévention ou en cas de récidives) | 150 – 300 € |
L'avis de Santévet : en pratique, un simple toucher rectal accompagné d'une échographie permet de diagnostiquer un problème de prostate chez le chien et permet donc de prescrire le traitement adéquat. Dans tous les cas, les frais engendrés sont remboursés par l'assurance maladie pour chien.
Comment soigner la prostatite du chien ?
Traitement médical
- Antibiotiques pour chien : prescrits souvent sur 4 à 6 semaines pour assurer l’élimination complète des bactéries.
- Anti-inflammatoires : pour réduire la douleur et l’inflammation.
- Fluidothérapie : en cas de fièvre ou de déshydratation.
- Traitement des infections urinaires associées : souvent nécessaire pour prévenir les récidives.
Traitement naturel
Certains compléments peuvent soutenir la santé prostatique, mais ne remplacent pas le traitement vétérinaire :
- Saw palmetto (Serenoa repens) : plante réputée pour ses effets anti-inflammatoires sur la prostate.
- Pygeum africanum : utilisé pour améliorer le confort urinaire.
- Oméga-3 et zinc : contribuent à réduire l’inflammation et soutenir le système immunitaire.
Ces traitements sont complémentaires, et le suivi vétérinaire reste indispensable.
Un chien peut-il guérir d’une prostatite ?
La prostatite est souvent réversible, surtout si elle est diagnostiquée tôt et traitée correctement.
- Les formes aiguës répondent bien aux antibiotiques et aux anti-inflammatoires.
- Les formes chroniques peuvent nécessiter un traitement prolongé et des suivis réguliers pour prévenir les récidives.
- La prévention des infections urinaires et le contrôle de l’hygiène génitale sont essentiels pour éviter les complications.
La castration pour prévenir les problèmes de prostate chez le chien
La castration est souvent recommandée chez les chiens mâles pour prévenir les pathologies prostatiques :
- Elle réduit fortement le risque d’hyperplasie bénigne, car la stimulation hormonale par la testostérone est supprimée.
- Elle diminue le risque de prostatite chronique et de formation d’abcès.
- Chez les chiens âgés, elle peut également limiter l’évolution vers des complications graves.
La décision de castration doit être discutée avec le vétérinaire, en fonction de l’âge, de l’état de santé et de la situation reproductive du chien.
FAQ sur la prostatite chez le chien
Mon chien peut-il avoir une prostatite même s’il est jeune ?
Oui, mais c’est peu fréquent : la maladie touche surtout les chiens adultes non castrés. Chez un jeune chien, on suspecte d’abord une infection urinaire.
La prostatite est-elle contagieuse ?
Non, elle n’est pas transmissible aux humains ni aux autres animaux. Les bactéries présentes dans l’urine nécessitent simplement une bonne hygiène lors du nettoyage.
Combien de temps dure la guérison ?
Les formes aiguës s’améliorent en quelques jours, mais le traitement doit durer 4 à 6 semaines. Les formes chroniques demandent souvent un suivi plus long.
La prostatite peut-elle revenir ?
Oui, surtout chez les chiens non castrés ou sujets aux infections urinaires. Un suivi vétérinaire régulier limite fortement les récidives.
Les traitements naturels peuvent-ils remplacer les antibiotiques ?
Non, ils ne sont qu’un soutien et ne suffisent pas à éliminer l’infection. Seul un traitement antibiotique peut soigner une prostatite.
La prostatite affecte-t-elle la fertilité ?
Oui, elle peut temporairement altérer la qualité du sperme ou rendre l’éjaculation douloureuse. Une fois traitée, la fertilité peut revenir à la normale.
La prostatite canine est donc une affection fréquente mais souvent sous-estimée. Elle peut provoquer des douleurs, des troubles urinaires et des infections chroniques. Le diagnostic repose sur l’examen clinique, l’imagerie et les analyses biologiques. Le traitement combine antibiotiques, anti-inflammatoires et mesures de soutien, parfois complétés par des approches naturelles. La castration reste une méthode efficace pour prévenir les problèmes prostatiques à long terme. Avec un suivi approprié, la plupart des chiens atteints de prostatite peuvent retrouver une bonne qualité de vie.
*Sources :
- HOULIHAN K.E., et al., “A literature review on the welfare implications of gonadectomy of dogs”. J Am Vet Med Assoc, 2017, 250, 1155-1166.
- POLISCA A., et al., “A retrospective study of canine prostatic diseases from 2002 to 2009 at the Alfort Veterinary College in France”, Theriogenology, 2016, 85, 835-840.
- WERHAHN BEINING F. et al., “ Rhodesian Ridgebacks have an increased risk to develop benign prostatic hyperplasia”, Reprod Domest Anim, 2020, 55, 283-292.
- FLORES R.B., et al., “The influence of benign prostatic hyperplasia on sperm morphological features and sperm DNA integrity in dogs”, Reprod Domest Anim, 2016, 52, 310-315.
Santévet
Leader de l'assurance santé animale