L'assurance animale vu par le Dr Bozon, vétérinaire

Son souvenir le plus émouvant, le Dr Jean-Hugues Bozon, vétérinaire, l’a ressenti après la réanimation d’un chien en arrêt cardiaque. Là, il s’est dit qu’il existe beaucoup de possibilités dès lors que l’on accepte l’idée de bouleverser notre manière habituelle de voir les choses. Mais ce n’est pas la seule certitude qu’il s’est forgée en exerçant. Selon lui, il est impératif de responsabiliser les maîtres ayant décidé de franchir le pas en faisant l’acquisition ou en adoptant un animal. 

SantéVet : Que pensez-vous de l’assurance santé animale en général ? 


Dr Jean-Hugues Bozon :
Depuis de longues années j'y suis extrêmement favorable. La santé des animaux est à la fois un enjeu économique, mais aussi et surtout à mes yeux un enjeu moral. Avoir un animal de compagnie est un engagement moral au même titre que celui d'avoir un enfant. Un animal n'est pas un objet qui se doit d'être toujours en forme et que l'on change en cas de "dysfonctionnement". 

N'oublions pas que c'est tout simplement un être vivant, sensible. Et de ce fait, en l'adoptant, nous l'adoptons dans sa globalité pour le bon et le « moins bon ». 

Les problèmes de santé relèvent du « moins bon », et il faut être en mesure d'y faire face le cas échéant. Assurer son animal est à mon sens une Obligation, un Devoir dès que l'on décide de l'adopter. Il faut donc en avoir les moyens. La souscription à une assurance santé animale devrait être obligatoire dès l'adoption/acquisition d'un animal au même titre que sont obligatoires nos cotisations sociales, nos assurances voitures ou habitations. Il s'agit d'une vie, une prise de conscience est nécessaire. L'animal n'est pas uniquement "là" pour nous apporter du bonheur et être abandonné au moindre problème... 

 

« Dépenser de l'argent pour la santé de son animal est tabou. »



SantéVet : Comment expliquez-vous que la France accuse un retard en nombre d’animaux assurés ? 

Dr Jean-Hugues Bozon : Il y a à cela plusieurs raisons à mon sens. Tout d’abord, En France, l'animal est considéré comme un objet par beaucoup de propriétaires et il est considéré ainsi dans le droit français. Ensuite, dans l'esprit de la majorité des Français, un animal ne peut pas tomber malade.

Dépenser de l'argent pour la santé de son animal est tabou, gênant, indécent ! Mais acheter un téléviseur à 2 000 € et j'en passe... est tout à fait normal. On marche sur la tête, c'est d'une vie dont on parle !

Il y a aussi la crise : les gens n'ont pas l'argent pour se soigner eux-mêmes et il est dès lors compréhensible que n'ayant pas mis en place les ressources pour soigner l'animal ajouter une dépense au sein du foyer familial devient dès lors impossible.



SantéVet : Les offres se multiplient. Bien que relevant d’une démarche volontaire, l'a suurance santé animale souffre parfois d’une mauvaise image. De quoi cela vient-il : inadaptation de certaines offres, exclusions dues à l’âge, etc. ? 

Dr Jean-Hugues Bozon :
Effectivement, nous entendons toujours le même reproche : « Je paie et je ne suis finalement pas remboursé, ou tardivement, ou après maintes réclamations, ou pas assez bien remboursé, et ma cotisation ne cesse d'augmenter »… 

L'offre doit être simple, transparente, rapide en modalités de remboursement, sans palabre, - sans - ou le moins possible - d'exclusion d'âges, de maladies. Quitte à adapter la cotisation pour des cas à risques élevés. Mais une fois assuré, pas de discussion, pas d'exclusion ni de petites lignes à lire. 

 

SantéVet : « À 5, 6 ou 10 € par mois, l'animal est-il vraiment protégé ? Pour plusieurs vétérinaires interrogés, la réponse est clairement ‘’non’’ », pouvait-on lire dans un dossier de Que Choisir Argent (juillet 2012). Est-ce un point de vue que vous partagez ? 

Dr Jean-Hugues Bozon : Je répondrais également "non", n'ayant pas encore rencontré d'assurance offrant un niveau de prestation compatible avec des soins médicaux suffisants à ce prix là. Mais il s'agit déjà une avancée.


SantéVet : Y a-t-il certaines races ou types de chiens et chats qui, plus que d’autres, doivent être « protèges » par une assurance santé animale ? 

Dr Jean-Hugues Bozon : Il est évident que certaines races sont plus critiques en termes de santé. Faut-il leur appliquer un tarif particulier ? Faut-il au contraire mutualiser le risque ? Et baisser les cotisations des animaux sans maladie après 4-5 ans ? Vaste débat. Je n'ai pas la réponse, qui est bien évidemment une réponse économique. 

 

« Economiser plutôt que d’assurer est un conseil de niveau ‘’0’’. »



SantéVet : On peut parfois entendre qu’il vaut mieux économiser de l’argent que de contracter une assurance. Au regard de certains actes dont le coût est élevé, voire de pathologiques chroniques nécessitant un traitement à vie, que vous inspire ce genre de conseil ?

Dr Jean-Hugues Bozon : C'est un conseil de niveau "0". Personne ne « trésorise » pour prévoir les soins de son animal. Une assurance fonctionne de manière différente avec la certitude d'avoir une prestation. Nous sommes ici sur deux concepts opposés. Il est normal que ce deuxième concept plus évolué et garanti ait un coût. La tranquillité de l'esprit se paie, il faut l'accepter et être heureux d'offrir à son compagnon une couverture médicale. 

Il faut changer les mentalités et arrêter de penser que cet argent est perdu. Il existe une foule de dépenses similaires : les alarmes individuelles, qui ne servent à rien si vous n'êtes pas cambriolés, les assurances de voitures et individuelles bien sûr, les forfaits de téléphones tout compris où vous ne consommez pas tout, les clubs de vacances tout compris où vous ne consommez pas tout... C'est sans fin et personne n'y trouve à redire, bien au contraire ....

Le problème vient du fait que "argent et santé" ne se marient pas bien en France ! La sécurité sociale en atteste depuis des années avec son déficit inexorablement croissant. Il faut changer les mentalités par une prise de conscience que la santé à un coût qui doit faire partie, en toute première ligne, de nos dépenses... avant la télé, avant la canalisation, avant les vacances, etc. 


« En matière de soins, les nanotechnologies seront les acteurs de demain. »



SantéVet : En 15 ans, il semblerait que l’ensemble des pathologies vétérinaires ait été multiplié par trois. Dans le même temps, les animaux vivent, comme les humains, de plus en plus vieux. Quelle est, dans votre expérience, l’avancée vétérinaire qui a le plus « chamboulé » vos techniques de diagnostic, d’investigation et de soins ?

Dr Jean-Hugues Bozon : Notre métier, comme tous les métiers, bénéficie des avancées technologiques qui permettent de mieux comprendre le monde du vivant. A notre échelle de vétérinaire, c'est à mon sens le développement de l'imagerie (échographie, scanner, IRM...), le développement de l'imagerie interventionnelle (pose de stents, biopsies écho-guidées...) et des machines de visualisation directe des structures internes (endoscopie, cœlioscopie,...) afin de conduire au diagnostic et aux traitements qui ont modifié le plus nos approches techniques et thérapeutiques.

Les voies génétiques, immunologiques, cellules souches et les nanotechnologies seront les acteurs de demain. 


SantéVet : Quel est le plus beau souvenir lors de votre carrière ou bien le plus touchant ? 

Dr Jean-Hugues Bozon : Ma première réanimation cardio-pulmonaire à succès alors que le cœur de cet animal avait cessé de battre depuis plus d'une minute. Ce jour, j'ai compris que beaucoup de choses sont possibles quand on y croit et que l'on accepte de bouleverser les paradigmes. 

Propos recueillis par Claude Pacheteau



SantéVet

Le spécialiste de l’assurance santé chien, chat et NAC

 

Photos DR