Claude Pacheteau

Chien et chat : gare aux otites !

Les otites sont des motifs de consultation vétérinaire particulièrement fréquents chez le chien, et un peu moins chez le chat. Mais dans tous les cas leur traitement doit être raisonné pour éviter les récidives.

L’otite est une inflammation du conduit auditif externe. C’est une affection douloureuse, fréquente dans l’espèce canine et plus particulièrement chez certaines races, en raison de la conformation de l’oreille, mais aussi d’autres facteurs. Plus ‘’rare’’ chez le chat, il ne faut pas pour autant la sous-estimer non plus.

Otites : de nombreux facteurs en cause

Parmi les facteurs favorisants de l’otite figurent un nettoyage trop agressif ou irritant, des facteurs environnementaux (chien nageur) ; la race (cocker spaniel, épagneul breton…), la confirmation des oreilles (tombantes, pilosité abondante), l’âge (gale d’oreilles plus fréquente chez les chiots), etc.

Sans traitement, elle peut se compliquer et toucher des structures plus internes de l’oreille avec des conséquences parfois graves.

Pour traiter correctement une otite, il faut d’abord comprendre le mécanisme qui conduit à son installation. On distingue différents types d’otites en fonction des structures de l’oreille qui sont atteintes.

Surtout l’otite externe…

La plus fréquente est l’otite externe qui intéresse le conduit auditif externe. Il existe aussi des otites moyennes et internes qui touchent des structures plus profondes de l’oreille et sont plus graves.

Chez le chien, plusieurs particularités anatomiques peuvent expliquer la prévalence élevée des otites et notamment le conduit auditif en L inversé dont l’angle favorise l’accumulation de cérumen.

Théoriquement, cette accumulation est sans conséquence, car elle est prise en charge par un phénomène naturel d’auto-nettoyage de l’oreille (par migration épithéliale qui permet une évacuation du cérumen depuis le tympan vers l’extérieur du conduit auditif). Mais pour différentes raisons (corps étranger, parasite, allergie…), il arrive que cet auto-nettoyage se fasse mal. L’accumulation de cérumen conduit alors à une inflammation puis à une surinfection secondaire liée à l’action de champignons ou de bactéries.

Cette multiplication microbienne entraîne elle-même des modifications épidermiques, dermiques et du cartilage et entretient un cercle vicieux.

Faire attention à la chronicité

L’otite est rarement primitivement infectieuse, car l’oreille se défend bien. C’est l’inflammation qui survient en premier.

Sans traitement, la situation risque de s’aggraver et quand l’otite devient chronique, elle est plus compliquée à gérer.

Les connaissances sur ces affections ont progressé ces 5 dernières années et permettent aujourd’hui de raisonner le traitement.

En effet, loin de se restreindre à un traitement antimicrobien, la gestion d’une otite externe doit être raisonnée et axée en premier lieu sur la lutte contre l’inflammation. Elle nécessite une évaluation complète préalable et une bonne observance de la part du propriétaire.

Le nettoyage du conduit auditif en fait partie, car il permet de limiter la prolifération des micro-organismes.

L’amélioration clinique survient si on traite les surinfections bactériennes, mais se contenter de l’abord infectieux masque une partie du problème et explique les récidives des otites.

Il faut d’abord favoriser le retour à un phénomène d’auto-nettoyage normal et pour cela, le vétérinaire prescrit un traitement adapté.

Remerciements à Maud Lafon, vétérinaire

 

Des examens complémentaires parfois nécessaires

Le recours à des examens complémentaires et parfois un scanner peut être nécessaire pour comprendre le phénomène pathologique en cause.

Il pourra être nécessaire dans certains cas d’orienter la prise en charge vers un traitement chirurgical.

On peut retenir que le traitement d’une otite vise à réduire le microbisme, éliminer le cérumen en excès et, surtout, rétablir « l’auto-nettoyage » naturel de l’oreille et prévenir l’inflammation.

Plusieurs molécules peuvent être prescrites pour cela (antimicrobiens topiques, corticoïdes, antifongiques…).

Le nettoyage est fonction du cérumen, de l’aspect de l’otite et de son évolution.

Dans tous les cas, l’observance du traitement et le suivi vétérinaire sont primordiaux pour adapter le traitement en fonction de l’évolution.

Tout cela est pris en charge par l’assurance santé animale du chien et du chat.

Le nettoyage doit parfois être poursuivi beaucoup plus longtemps que le traitement et toujours être réalisé de façon non agressive.

Une fois l’otite guérie et le phénomène naturel de défense de l’oreille rétabli, il devient inutile (sauf cas particuliers).

Seul le vétérinaire pourra donner les bons conseils pour la gestion d’une otite d’un chien donné, chaque cas étant spécifique.

 

SantéVet

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