Avec une température annuelle moyenne proche de 14°, l’année 2020 a battu des records en dépassant, selon Météo France, la normale de près de + 1,5°.
Certes l’hiver qui vient de commencer est froid, mais « le mois de septembre a été marqué par un épisode de chaleur tardif exceptionnel avec une température maximale moyenne sur le pays dépassant 30 °C durant 4 jours consécutifs du 13 au 16, ce qui ne s’était jamais produit depuis le début des mesures en 1900 », toujours selon Météo France. « De très nombreux records de température ont été enregistrés en février pour les minimales et en septembre pour les maximales. »
Si l'impact des dérèglements saisonniers sur l'activité des agents vecteurs de maladies canines, félines et sur le parasitisme est bien étudié en santé humaine, il l’est beaucoup moins en santé animale.
Le changement climatique n’est pas sans conséquence sur la santé des chiens et chats
Pourtant, le changement climatique est loin d’être anodin pour la santé de nos animaux de compagnie. Les laboratoires vétérinaires se penchent sur les conséquences sanitaires du dérèglement climatique afin d’alerter sur les conséquences sanitaires que cela entraîne. Ainsi, MSD Santé Animale a lancé en 2020 une campagne baptisée « Protect Our Future Too » visant à améliorer la prise en charge des animaux de compagnie.
Le laboratoire a mené une enquête auprès d’environ 4 000 vétérinaires européens afin d’évaluer leurs impressions sur l’évolution de la pression parasitaire. Il en est ressorti que 78 % d’entre eux pensent que le nombre de parasites externes a augmenté en quelques années et 89 %, qu’il y a de nouvelles espèces de tiques en Europe. 82 % ont par ailleurs observé un accroissement du nombre de tiques en hiver et 62 % voient une influence directe du réchauffement climatique sur la santé des animaux.
« Le nombre de parasites présents dans notre environnement augmente. Ils s’étendent à de nouvelles zones et restent actifs plus longtemps tout au long de l’année », a souligné clairement le programme « Protect Our Future Too ».
« Le dérèglement climatique crée des conditions idéales pour le développement des parasites. Les conditions météorologiques influencent le taux de survie et de reproduction des vecteurs, ce qui a une incidence sur l’habitat, la répartition et l’abondance des parasites mais aussi sur l’intensité et la durée d’activité des vecteurs (en particulier les taux de piqûre) tout au long de l’année. L’augmentation de la température permet aux parasites de vivre plus longtemps et de se reproduire plus rapidement, alors que diverses espèces exotiques survivent dans des régions qui étaient auparavant trop froides. »
Des parasites « gênants » mais surtout dangereux pour nos animaux
Les parasites externes les plus importants sont les puces, les tiques, les moustiques et les phlébotomes. Non seulement ces parasites sont sources de problèmes cutanés entraînant des démangeaisons, mais ils peuvent également transmettre de graves maladies… d’un animal à l’autre, voire à l’homme.
Parmi les maladies très graves qu’ils transmettent, on peut citer la Dirofilariose (ver cardiaque), la maladie de Lyme (Borréliose), la Babésiose et la Leishmaniose. Ces maladies peuvent avoir des conséquences mortelles pour nos animaux de compagnie.
L’aire de répartition des parasites se modifie
Les moustiques tigres remontent vers le Nord, les phlébotomes, vecteurs de la leishmaniose, également, tout comme certaines espèces de tiques traditionnellement plutôt inféodées aux régions du Sud.
Des études en Allemagne ont montré qu’entre 2001 et 2015, la contamination possible des moustiques par ces agents pathogènes était à la fois plus précoce et plus tardive dans l’année (de mai à octobre).
Pour l’instant, en France métropolitaine, des cas très ponctuels de dirofilariose ne sont décrits qu’en Camargue et dans le centre du pays. Mais la maladie pourrait s’étendre.
La situation est identique pour la maladie de Lyme, transmise par la tique Ixodes ricinus, qui est, elle, déjà beaucoup plus présente sur notre territoire. Et son aire de répartition s’étend.
Espèce de tiques encore plus importante en médecine vétérinaire, Dermacentor reticulatus transmet la babésiose à B. canis, un agent pathogène majeur chez le chien. Un foyer très actif de la maladie est recensé dans le Sud-Ouest mais d’autres zones sont aujourd’hui impactées (Franche-Comté notamment).
Plusieurs publications ont montré une extension de la tique à l’échelle européenne, qui est retrouvée en Europe du Nord, aux Pays-Bas notamment.
Le comportement des chiens et chats peut être touché par les dérèglements climatiques
Les dérèglements climatiques ne constituent pas seulement un danger pour la santé des chiens et chats. Ils peuvent également perturber leur bien-être et leur comportement.
Avec des températures qui augmentent ou à l’inverse diminue trop, chiens et chats peuvent souffrir d’anxiété, de perte d’appétit et même de dépression saisonnière.
Le dérèglement climatique augmente de plus en plus la probabilité de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tempêtes, des orages…. Ceux-ci peuvent causer une anxiété considérable à nos animaux de compagnie.
En période de chaleur inhabituelle, nos animaux domestiques peuvent souffrir de déshydratation, de stress thermique et même d’un coup de chaleur, mortel dans 50 % des cas.
Des habitudes de reproduction perturbées, notamment chez les chats
En plus de perturber leur vie quotidienne, le dérèglement climatique peut également affecter les habitudes de reproduction de nos animaux de compagnie, souligne enfin le programme « Protect Our Future Too ».
L’effet est particulièrement visible chez les chats qui ont tendance à se reproduire pendant les mois les plus chauds. De nombreux chats se reproduisent maintenant en plein hiver, ce qui entraîne une abondance de chatons (et malheureusement un nombre croissant d’abandons). En cela, la stérilisation se révèle indispensable et votre vétérinaire vous conseillera en répondant à toutes vos interrogations.
« Il est également important de surveiller le comportement des femelles pour détecter les signes de chaleur. Pendant cette période, les chattes sont susceptibles de produire des miaulements de maraudage (un son plus aigu qu’un miaulement ordinaire) et d’être plus affectueuses que la normale, se frottant contre les meubles et les murs, mais aussi contre leurs personnes préférées. »
Conséquences : « La chatte se frottera probablement surtout avec son arrière-train et adoptera souvent une position de cavalier, avec les pattes arrière et la queue relevée. Le plus problématique pour les propriétaires, c’est la vocalisation et le marquage. Elle tentera également de quitter la maison à la recherche d’un mâle avec les risques associés (transmission de maladies, portées non désirées, accidents...). Les chattes en chaleur nécessitent une attention particulière. »
En résumé, il va falloir s’habituer à cette situation. Les 5 prochaines années pourraient être les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde, selon le service météo britannique, qui évoque un risque que la Terre atteigne un réchauffement de +1,5 °C d'ici 2024.
La chenille processionnaire du pin gagne aussi du terrain
La chenille processionnaire du pin est aujourd’hui présente du sud de la Manche à l’Île-de-France dont Paris (..). Seule exception : les sommets du Massif central, probablement à cause de la fraîcheur des températures, selon une enquête réalisée par La Croix (2/04/2019.
Mais, malgré son invasion à petits pas, la chenille du pin est loin d’être statique, souligne l’article. « Elle a progressé de plus de 100 kilomètres vers le nord en vingt ans », affirme Hervé Jactel, spécialiste de la chenille du pin à l’Inra de Bordeaux. « Une évolution favorisée par le réchauffement climatique, notamment les températures de l’air plus clémentes durant l’hiver, explique Alain Roques, du laboratoire de zoologie forestière à l’Inra d’Orléans. Auparavant, la chenille processionnaire n’était qu’un ravageur forestier. Aujourd’hui, elle se propage aussi en zone ouverte via des arbres isolés (Beauce) et à cause des nombreuses importations de plants par l’homme. »
Que faire pour protéger son chien ou son chat des risques causés par les dérèglements climatiques?
L’infestation par des parasites n’est plus de nos jours une question de saison. Il faut être vigilant tout au long de l’année pour protéger son chien ou son chat et prévenir toute maladie grave.
- Vous connaissez bien votre compagnon. Au moindre comportement anormal (perte d’appétit, apathie, toux, gencives pâles, selles ou urines décolorées…), prenez rendez-vous sans attendre avec votre vétérinaire.
- Pensez à traiter régulièrement votre animal de compagnie contre les parasites. Votre vétérinaire vous conseillera l’antiparasitaire le mieux adapté. Il est nécessaire de traiter tous les animaux vivant sous le même toit, avec l’antiparasitaire approprié car chiens et chats ont chacun le leur. Votre vétérinaire vous indiquera le dosage, le mode d’application et l’intervalle entre les traitements qu’il faudra respecter. Il existe de nombreux traitements vétérinaires très efficaces. Si vous disposez d’une assurance santé animale, votre chien ou votre chat sera couvert en cas de maladie et vos frais éventuels remboursés jusqu’à 100 %.
Par ailleurs le forfait prévention tel que SantéVet le propose dans toutes ses formules et qui est renouvelé chaque année vous permettra de financer l’achat de produits de soin et/ou d’entretien chez votre vétérinaire, ainsi que des actes chirurgicaux telle la stérilisation.
- Une bonne hygiène est essentielle. L’environnement de votre chien ou chat doit être nettoyé.
- Pensez à protéger votre chien ou chat de la chaleur, notamment s’il fait partie des races brachycéphales (à face aplatie). Ils doivent pouvoir disposer d’endroit ombragé et plus frais et avoir toujours à disposition de l’eau. Inversement, lorsqu’il fait froid, pensez à bien essuyer votre chien au retour de promenade ou votre chat s’il a accès à l’extérieur. S'il neige, vous pouvez lui nettoyer les pattes à l’eau tiède afin d’éliminer la glace et éventuellement le sel de déneigement des coussinets.
- « Les puces se développent dans les endroits chauds et humides. Les moustiques prolifèrent dans les zones humides telles que les marais, les marécages et même les pots de fleurs. Nettoyez régulièrement vos espaces extérieurs, videz les petites flaques d’eau, contrôlez la croissance de votre végétation et éliminez les débris organiques de votre maison. Soyez conscient des risques liés aux tiques pour vous-même », rappelle encore le programme « Protect Our Future Too ».
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Photos : 123RF