Bruno Masure : « Je suis comme mes chats. »

A l’occasion de la réédition sous forme de livre-coffret de son ouvrage à succès sur les chats, Bruno Masure nous livre dans un entretien sa passion pour ces animaux dont il se sent finalement très proche. 

Bruno masure a insufflé un style nouveau chez les présentateurs de journaux télévisés. Ce passionné de politique, qui n’a pas sa langue dans sa poche, la donne volontiers… au chat ! Il a un profond respect pour cet animal qui le captive. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la réédition sous forme de livre-coffret de son ouvrage à succès sur ses animaux de prédilection. 

SantéVet : Vous passez avec facilité de la politique (Journalistes à la niche) à un sujet que l’on pourrait qualifier de plus « léger » sur les chats. Comment est né ce projet ? 

Bruno Masure : Cela ne me serait jamais venu à l’idée d’écrire un livre sur les chats ! C’est une commande de mon éditeur. Il savait que j’étais dingue de chats et je me suis donc lancé dans cet exercice de style particulier qui n’avait rien à voir avec la politique ou les médias. 

 

SantéVet : C’est une parenthèse « plaisir » en quelque sorte ? 

B. M. : J’ai écrit ce livre durant la campagne présidentielle de 2002. Le matin j’étais avec mes « chats » et l’après-midi avec Ségolène Royale et Nicolas Sarkozy ! Cela me permettait effectivement une rupture dans la journée.

 

SantéVet : Ce livre a connu un franc succès lors de sa sortie ; il est réédité à l’occasion des fêtes. Quelle est la nouveauté ? 

B. M. : Pour ce livre, j’ai joué sur une soixantaine de mots. Le livre est illustré de photos. J’ai tenu à y apporter également une touche pédagogique. Grâce à la documentation que je possède sur les chats, j’ai pu travailler dans ce sens. Cette réédition se présente sous la forme d’un coffret et contient une souris ainsi qu’une brosse. 

 

SantéVet : D’où vient cette passion pour les chats ? 

B. M. : J’aime les chiens, ce n’est pas le problème, mais à Paris et compte tenu de mon métier surtout, c’était une question de commodité. Entre les voyages, les reportages, il était impossible d’avoir le temps nécessaire pour m’en occuper. Les chats sont plus faciles à gérer. 

 

SantéVet : Que représentent-ils à vos yeux ? 

B. M. : Pour moi, les chats sont la grâce incarnée. Ils sont synonymes de liberté. Ils n’en font qu’à leur tête. Ils sont capables de vous snober, de ne pas répondre à vos appels, de foutre le camp ! J’ai trois chats qui sont totalement autonomes. Ils peuvent disparaître 24H sans que je ne les vois. Je suis en pavillon et ils vivent leur vie comme ils l’entendent.

 

SantéVet : Parlant de vos chats, vous n’hésitez pas à dire parfois « mes amours » ; feriez-vous un tant soit peu d’anthropomorphisme ?

B. M. : On connaît tous des gens qui en font beaucoup trop avec leurs animaux ; à mon avis cela relève de la psychanalyse. On transfert des choses sur nos chiens ou nos chats. Si on est normal on s’attache à ses animaux, sinon cela ne vaut pas la peine ; ce n’est pas de l’anthropomorphisme.  

En tout cas, les chats ne sont pas capables de trahison, ils ne font pas la gueule, ne viennent pas quand on les siffle. Quand ils sentent que vous n’allez pas bien, ils vont vous faire un câlin. C’est vraiment une relation extraordinaire. 

 

SantéVet : Etes-vous chats de race ou chats de gouttière ? 

B. M. : Je suis de ceux qui pensent que les chats de race sont quelque peu plus capricieux. Je suis attiré par les chats de gouttière. Ils sont vraiment increvables ! Je n’ai jamais eu de pure race. 

 

SantéVet : Pot de colle, Teigne, etc. Vos chats sont-ils vraiment à l’image des noms que vous leur donnez ? 

B. M. : Il arrive chez les humains que des jumeaux aient un caractère différent. Cela, je l’ai vécu avec une portée de trois chatons. A les regarder vivre, au bout de trois semaines environ, leur nom a été choisi comme une évidence : Fanfaron, Grognon et Godichon. 

Ils ont chacun garder leur caractère absolu, très différent l’un de l’autre, alors qu’ils avaient la même mère. Je trouve cela extraordinaire. 

 

SantéVet : Votre plus beau souvenir ?

B. M. : Godichon était mon chat préféré. Il avait chaque matin un rituel extraordinaire à me yeux : il venait me lécher tout doucement le bout du nez. Ce n’était ni pour me réveiller ni pour réclamer à manger. Il savait qu’il aurait sa gamelle quoi qu’il arrive. Rien ne l’obligeait à le faire, c’était devenu une habitude entre nous. 

Il était incroyablement affectueux. Incapable d’attraper un oiseau. Il était un peu « couillon » je dois dire ! Il avait besoin d’être protégé.

 

SantéVet : Comment vivez-vous la disparition de l’un d’entre eux ? 

B. M. : La disparition de Godichon m’a beaucoup touchée. Il a eu un cancer et il n’était pas bien du tout. Alors qu’il n’était jamais sorti de la maison durant douze ans, il a un jour traversé la route pour aller se réfugier sous une voiture. J’ai traduit cette attitude comme une tentative de suicide. Les chats sont pudiques quand ils souffrent. 

Je suis contre l’acharnement médical. La décision est très difficile à prendre. Avoir un bon vétérinaire est important. La tentation de faire durer est là, mais… il faut savoir abréger les souffrances. 


« Pas de contraintes, c’est le grand pied ! »



SantéVet : Vous assurez vos chat ? 

B.M. : Je ne savais pas qu’il existait des assurances santé pour les animaux ! 

 

SantéVet : Vous n’êtes pas du genre langue de bois et vos coups de griffes à l’égard de vos confrères, par exemple, sont parfois aussi acérés que ceux des plus rebelles des matous ! Cela vous a-t-il fait du tort dans votre carrière et comment l’assumez-vous ? 

B. M. : Ça, c’est inscrit dans mes gènes ! Ce n’est pas un hasard si j’ai été mis à la porte de France 2 en 97. Ce n’était pas une bonne tactique carriériste, mais je suis ainsi. C’est mon tempérament.

 

SantéVet : Vous aviez à l’époque insufflé un nouveau style, entre sérieux et décontraction. 

B. M. : Je n’avais ni conseiller en communication ni gourou. Le journal télévisé est quelque chose d’assez anxiogène avec chaque jour son lot de drames. On ne parle que de ce qui ne va pas. On ressent alors le besoin presque inconscient de lever le pied. 

 

SantéVet : Quel est le moment le plus fort que vous ayez vécu à la télé ?

B. M. : Adjani, c’est un bon souvenir [venue faire taire la rumeur en direct au JT, elle s’est expliquée, s’est levée, à embrasser Bruno Masure puis est partie, Ndlr]. Rien n’avait été négocié à l’avance. Quelques minutes avant le générique de début du JT, on sentait qu’il se passait quelque chose sur le plateau. Il y avait un silence de cathédrale. 

 

SantéVet : Quels sont vos projets ? 

B. M. : Je planche sur un livre qui n’a rien à voir avec la politique, les médias ou les chats. Une manière de varier les plaisirs. 

Je suis comme mes chats. J’ai la liberté et le temps, et cela est formidable. Ce n’est pas étonnant que les écrivains – et je ne dis pas cela pour moi - apprécient leur présence. On travaille au même rythme qu’eux, on est sur la même longueur d’ondes. Pas de contraintes horaires, travailler le matin, la nuit, quand on en a envie. C’est le grand pied ! 

Propos recueillis par Claude Pacheteau




Coffret pour mon chat, par Bruno Masure, éditions Hugo et Cie, mise en vente le 22 octobre 2009, format : 23 x 27,5 x 8 cm ; 19,95 € (prix public conseillé). 











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