Ectopie testiculaire du chien : une maladie héréditaire

En raison du risque de dégénérescence tumorale, le traitement de l'ectopie testiculaire doit être systématique. La castration reste la méthode de choix. Elle se pratique idéalement avant la puberté (entre six et douze mois selon les races). Une telle opération n’entraîne aucun retard de croissance.

Héréditaire, l'ectopie testiculaire correspondant à une non descente d’un ou des deux testicules dans les bourses. Elle peut être uni ou bilatérale. Dans ce dernier cas c’est une cause d’infertilité, ce qui, en soi, n’est pas dramatique car les mâles atteints d’ectopie testiculaire doivent systématiquement être exclus de la reproduction en raison du risque de transmission de cette anomalie dont le caractère héréditaire est fortement suspecté.

Le ou les testicules absents se trouvent soit dans l’abdomen, soit coincés au niveau de l’aine, soit descendus plus bas mais restés sous la peau. Cette affection est très répandue puisque, selon les études, on estime qu’elle concerne 1 à 15 % de la population canine. Certaines études mettent même en évidence des prédispositions raciales. Cette anomalie constitue un vice rédhibitoire mais qui est néanmoins difficile à interpréter comme tel en raison des modalités d’application très particulières de la loi qui s’y réfère. 

Des facteurs de risque ont été mis en évidence chez l’Homme (obésité de la mère, difficultés à l’accouchement nuisibles à une bonne irrigation vasculaire testiculaire, faible poids du nouveau-né…), mais ne sont à première vue pas transposables chez les chiens.

La composante héréditaire reste la seule piste valable même si elle n’a jamais été totalement démontrée. Plusieurs hypothèses ont été avancées : intervention d’un gène autosomal récessif, intervention de plusieurs gènes à pénétrance incomplète…

On parle indifféremment d’ectopie testiculaire et de monorchidie ou cryptorchidie (étymologiquement « testicule caché »). En réalité, les trois termes présentent à l’origine une légère nuance.

La cryptorchidie se base sur des faits anatomiques et se définit comme l’absence anormale d’un seul ou des deux testicules dans les bourses. Lorsqu’un seul testicule est absent (le plus souvent il s’agit du testicule droit) on parle de monorchidie ou cryptorchidie unilatérale. Si les deux sont absents on parle de cryptorchidie. 

Le terme d’ectopie testiculaire est théoriquement réservé aux cas où le ou les testicules cachés ont normalement franchi l’anneau inguinal mais se trouvent en position anormale (sous la peau, en région inguinale ; au niveau de l’aine ; en région périnéale ou pelvienne…). 

Néanmoins, les deux termes sont aujourd’hui indifféremment employés pour désigner la même anomalie, à savoir l’absence d’un ou des deux testicules dans les bourses (ectopie unilatérale ou bilatérale).


Quel traitement entreprendre ? 


A la naissance, les testicules sont présents dans l’abdomen du fœtus et migrent ensuite vers le scrotum. La descente des testicules est progressive chez le chiot. Ce n’est finalement qu’à l’âge de 10 semaines que les testicules doivent avoir pris leur place définitive, normalement dans le scrotum, et ne plus remonter. L’ectopie ne peut donc généralement pas être diagnostiquée avant 70 à 90 jours.

S’ils ne gênent pas le chien dans sa vie quotidienne, les testicules ectopiques sont davantage susceptibles de subir un phénomène tumoral (risque de tumorisation multiplié par dix par rapport à un testicule normal) et il est donc généralement recommandé de recourir à une opération chirurgicale pour les enlever.

Outre le risque tumoral, il peut arriver que les testicules intra-abdominaux se tordent, ce qui engendre une douleur abdominale importante et peut mettre en péril la vie du chien. 

Tant que le chien est impubère, un traitement hormonal est envisageable et vise à faire descendre le testicule anormal.

Cette thérapeutique hormonale, dont l’efficacité est parfois controversée, doit être initiée de préférence avant l’âge de trois mois. Elle donnerait des résultats satisfaisants dans la moitié des cas. Mais même si ce traitement réussit et que le chien reprend une apparence « normale », il doit toujours être considéré comme atteint d’ectopie testiculaire et doit donc être écarté de la reproduction. Ces traitements ne sont envisageables que pour prévenir un éventuel phénomène de tumorisation mais non pour camoufler un vice rédhibitoire.

Chez l’adulte, on conseille plutôt un traitement chirurgical qui consiste à retirer le ou les testicules ectopiques, à l’instar d’une castration normale. Même en cas d’ectopie unilatérale, il est souvent d’usage de retirer les deux testicules pour s’assurer que le chien ne reproduira pas et donc ne transmettra pas l’anomalie à sa descendance.

Un vice rédhibitoire

L’ectopie testiculaire constitue un vice rédhibitoire chez les animaux de plus de six mois (selon la loi du 22 juin 1989).

Or, « l’action en garantie dans les ventes ou échanges d’animaux domestiques (étant) régie par les dispositions du Code rural » (selon un décret du 28 juin 1990), le propriétaire dispose d’un délai de 30 jours après la vente pour dénoncer le vice et intenter une action en justice. Le recours en justice pour « vice rédhibitoire » ne serait donc théoriquement possible que pour les chiens achetés après l’âge de cinq mois ce qui est loin de constituer la majorité des cas (et est même à proscrire en terme de socialisation du chiot !). Théoriquement, la Loi ne peut donc pas s’appliquer.  

La seule solution juridique possible reste le recours en justice au nom de la garantie conventionnelle pour vice caché antérieur à la vente.

Ce recours n’est possible que si le chiot a été vendu pour la reproduction. Il est utile de recommander la prudence et de consigner sur un certificat le constat du défaut au jour de la vente en émettant des réserves ou des garanties futures. 



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Photo : SantéVet