Santé et bien-être du chat : les secrets d'une vétérinaire

Céline Gastinel-Moussour, vétérinaire a voulu apporter dans son livre Phytothérapie et soins naturels pour mon chat un panorama très complet des soins que tout maître de chat peut effectuer pour son compagnon. Afin que son propos soit le plus clair possible, elle a tenu à accompagner ce livre d’un DVD, car qu’y a-t-il de plus parlant que les images ? Des soins et des techniques qui peuvent assurer le bien-être de l’animal, le soulager, le soigner, voire être complémentaires à des traitements prescrits, mais comme le rappelle l’auteure ne peuvent jamais dans certains cas et applications se passer de l’expertise et du diagnostic du vétérinaire. Ce livre s’accompagne aussi, grâce à un cahier pratique, de nombreux conseils afin de vivre en parfaite harmonie avec son chat. 

SantéVet : Quelles sont les indications, les maladies que peuvent soigner la phytothérapie et ses domaines d'application ? 


Dr Céline Gastinel-Moussour :
La phytothérapie est utile dans tous les domaines. Cependant, il faut distinguer les soins quotidiens d’hygiène et les maladies. 

Pour les premiers, ils peuvent tout à fait être réalisés avec des solutions naturelles. Et l’important est d’avoir des « recettes sûres » et une bonne connaissance de l’hygiène, qui doit entourer fabrication et conservation - si elle est envisageable - des produits.

Pour ce qui est des maladies, la première étape est le diagnostic et il est le fait du vétérinaire.

Concernant les domaines d’application, de nombreuses pathologies chroniques sont concernées, telles que les douleurs liées à l’âge, le coryza chronique, les problèmes de peau...

Plus généralement, les plantes contiennent de nombreuses molécules qui agissent en divers endroits de l’organisme, elles représentent donc très souvent un intérêt dans le soutien du fonctionnement de l’organisme.

On parle beaucoup de lutter contre les phénomènes oxydatifs en cas de maladies et les plantes sont nombreuses à contenir des antioxydants... ce n’est qu’un exemple.




« Etre vétérinaire, c’est offrir toutes les solutions à même d’améliorer l’état du patient. »



SantéVet : Mais on ne peut tout de même pas se passer de la médecine traditionnelle, comme ne serait-ce que les vermifuges, vaccins ou encore antiparasitaires ? Donc la phytothérapie est-elle un complément dans le cadre de certaines pathologies bien ciblées et en dehors de certains traitements et intervention s'avérant nécessaires ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
La phytothérapie peut être utilisée seule dans certains cas, en complément de l’allopathie, de la chirurgie... Etre vétérinaire, c’est offrir toutes les solutions à même d’améliorer l’état du patient. Et lorsqu’il n’est pas envisageable de soigner, améliorer la qualité de vie, améliorer la tolérance d’une chimiothérapie, par exemple. Les vétérinaires que je côtoie utilisent plantes et solutions allopathiques de concert ou les unes après les autres lorsqu’elles apportent du mieux à leur patient.

Dans votre question j’en pressens une autre : doit-on opposer allopathie et phytothérapie ? Ma réponse est non ! En ce qui concerne les vermifuges, la puissance des molécules de synthèse est  inégalée, mais de nombreux animaux sur la planète n’y ont pas accès et est-il illégitime de proposer des solutions naturelles à nos animaux des pays industrialisés ?

Certains chiens et chats sont très intolérants aux vermifuges. Je vous rappelle que la dose létale d’un certain nombre de vermifuges est la dose efficace multipliée par 3... Faut-il exclure ces animaux de la vermifugation ?

Pour les vaccins, les plantes sont hors de propos... En tant que vétérinaire et vivant avec des animaux, je suis parfaitement sereine. Mes chiens sont vaccinés, car je ne pourrais pas me regarder dans une glace s’ils mourraient d’une maladie si facile à vacciner...

Enfin, pour ce qui est des antiparasitaires externes, je n’ai pas encore trouvé de solution naturelle qui me satisfasse pleinement. En écrivant ceci, je me dis que les solutions allopathiques actuelles ne me comblent pas à 100 % non plus

Vous parlez de pathologies ciblées pour la phyto, je dirais au contraire que le champ d’application des plantes est l’ensemble de l’organisme et des fonctions.
 

Je vais prendre un exemple des plus graves. Les animaux qui subissent des cancers sont de plus en plus diagnostiqués ! Tous les gens qui ont un animal ne prennent pas l’option d’une chimiothérapie... Quelle qu’en soit la raison éthique ou financière, je me dois de la respecter. S’il existe une ou des alternatives, dois-je ne pas les proposer parce qu’il s’agit de plantes ? Actuellement, je travaille avec des cancérologues vétérinaires et les animaux profitent de soins d’accompagnement. Un de mes collègues fait une étude très sérieuse au sujet de l’utilisation de viscum album (le gui), je crois que c’est avec l’école vétérinaire d’Alfort.



« Plus de 10 % des vétérinaires français utilisent des plantes pour soigner. »



SantéVet : Un maître peut-il "facilement" avoir recours à la phytothérapie et aux soins naturels pour son animal ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
Plus de 10 % des vétérinaires français utilisent des plantes pour soigner... Il y a des formations très sérieuses et je suis étonnée à chaque fois du sérieux de mes consœurs et confrères et de leur grande ouverture d’esprit !

C’est actuellement bien plus facile qu’il y a dix ans lorsque j’ai commencé. En trois ans, les solutions se sont multipliées sous la pression de nos clients qui sont très au fait de ces médecines et tiennent à en faire profiter leurs animaux comme ils en profitent pour eux-mêmes !


SantéVet : Les maîtres qui choisissent cela sont-ils eux-mêmes plus sensibilisés que d'autres à l'aspect naturel de l'hygiène de vie ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
Au départ, c’était le cas, maintenant c’est très général. Globalement, les gens qui vivent avec les animaux sont plus sensibilisés au naturel et au respect du vivant. Je crois que les Français annoncent à 49 % qu’ils utilisent des plantes pour se soigner, ce qui représente beaucoup de gens avec des animaux.


SantéVet : Quelle différence entre phytothérapie et soins naturels et comment les avez-vous dissociés dans votre livre ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
Dans ce livre, j’ai parlé des plantes dans une partie, par ordre alphabétique pour simplifier la vie. J’ai parlé de gemmothérapie, d’aromathérapie.... parce qu’il y a beaucoup d’amalgames entre homéopathie et phytothérapie tout étant généralement mélangé sous un vocable, celui des «  médecines douces ». 

J’ai aussi abordé des solutions qui font appel aux algues, mais également à l’argile, aux productions animales, en particulier le miel et la propolis.

Si j’avais utilisé comme titre « phytothérapie », j’aurai dû m’interdire de parler de ce qui n’est pas un traitement à base de plantes stricto sensu. Et je trouvais que c’était priver les chats de nombreuses choses qui peuvent faire leur bien !



« Tout ce qui est le fait du diagnostic est du domaine du vétérinaire. »



SantéVet : Les soins naturels que l'on peut prodiguer chez soi à son chat sont-ils sans danger ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
Le chat a une sensibilité particulière aux molécules en raison du fonctionnement de son foie ! C’est parce que je pense sincèrement qu’on peut faire plus de mal que de bien que j’ai mis sur papier des solutions que j’utilise depuis des années. Elles sont le fruit d’une réflexion sur les molécules chimiques contenues dans les plantes utilisées et une pratique quotidienne en partenariat avec celui qui est indispensable au soin : celui qui vit avec l’animal et lui donne le traitement au quotidien ! Vous remarquerez qu’il n’y a pas de solutions à faire absorber avec des huiles essentielles
. 


SantéVet : A quel moment le maître doit-il faire la part des choses entre automédication et nécessité d'une consultation d'un vétérinaire ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
Automédication sous-entend de savoir ce qu’à l’animal ! Et, je l’ai toujours dit, tout ce qui est le fait du diagnostic est du domaine du vétérinaire. Dans ma clientèle, nous parlons de tout et je vois les animaux en moyenne cinq fois par an. Mes clients me parlent autant des lingettes qu’ils utilisent en soins quotidiens que des problèmes de leurs animaux. 


SantéVet : Pourquoi avoir choisi, pour votre livre, de l'accompagner d'un DVD ? 

Dr Céline Gastinel-Moussour :
Le DVD est un cadeau pour mes clients qui voulaient que je leur montre comment nettoyer les yeux de leur chat, comment couper les ongles, comment faire une toilette intime, comment préparer une solution naturelle... Il part de cette réflexion : actuellement, lorsque je veux réaliser une recette, je vais sur Internet et je regarde une petite vidéo généralement amateur, qui plus qu’une recette, me permet de voir la consistance de la pâte, la façon dont les choses se déroulent. Raconter comment couper les ongles d’un chat de façon théorique est moins parlant pour moi que quelques images ! J’aime bien les choses visuelles et pratiques.



SantéVet : Vous avez choisi aussi d'aller plus loin dans votre ouvrage que de donner de simples « recette », mais aussi de nombreux conseils aux maîtres qui seront utiles dans leur quotidien avec leur compagnon ; cela vous apparaissait nécessaire ?

Dr Céline Gastinel-Moussour :
C’est important pour moi. Lorsque j’ai commencé à faire mon métier je croyais que tout le monde savait donner les soins de base à son animal. Nettoyer les yeux d’un chat, curer les pieds d’un cheval, parce que j’avais toujours vécu avec des animaux. Je croyais que tout le monde avait appris à l’école les bonnes pratiques de laboratoire, que tout le monde était capable de désinfecter un « bobo ». Mais ce sont mes clients qui m’ont fait comprendre que c’était bien d’avoir un support.

J’ai écrit un premier livre sans recettes pour expliquer l’intérêt des plantes et des solutions naturelles. Et, avec finesse, ils m’ont fait remarquer que des recettes simples seraient les bienvenues. Plus j’explique dans le détail ce que je fais plus les gens viennent et j’ai beaucoup de plaisir à partager le savoir avec eux !

Et surtout avec elles, car ce sont les femmes qui soignent la plupart du temps. Alors elles aiment que les choses soient pratiques. En ce qui concerne les maladies, je le répète sans cesse, rien ne peut être fait sans que le diagnostic soit posé par le vétérinaire ! 

Une dernière chose : j’ai aussi à cœur que les animaux soient bien dans leur environnement affectif, ni trop ni pas assez, et dans le respect des besoin du chat, du chien, de la tortue.


SantéVet : La phytothérapie peut être prise en charge par certaines assurances santé animale*. Que pensez-vous de cette "mutuelle" pour animaux de compagnie, alors qu'elle est peu répandue en France comparée à d'autres pays ?

Dr Céline Gastinel-Moussour :
L’assurance pour les animaux se développe assez peu en France, pourtant nous avons tous envie que nos animaux reçoivent les meilleurs soins, ce qui représente un vrai budget !

Je ne trouve pas que les assurances soient une mauvaise chose. J'ai une clientèle très concernée et qui se pose des questions à deux fois ! L'assurance permet d'envisager les soins avec calme - d'un point de vue financier – tant pour le vétérinaire que la personne qui vit avec l'animal et accessoirement, a les soins à ses frais.

C'est vrai que prescrire une IRM et un scanner sur un animal non assuré, c'est presque impossible ; sur un animal assuré cela fait partie des possibilités actuelles de la médecine vétérinaire

Je suis enchantée que la phytothérapie soit prise en charge, je regrette juste qu’aucune assurance ne soit venue me dire en tant que véto : voici ce que nous remboursons et pourquoi ! Pour moi, les plantes sont un médicament comme un autre, leur remboursement tombe sous le sens.

Propos recueillis par Claude Pacheteau


* Certaines « médecines » bénéficient des mêmes conditions de remboursement dans le cadre d’un contrat de santé animale pour chien et chat.

Ainsi, SantéVet prend en charge, à hauteur de la formule choisie, l’homéopathie, la phytothérapie, l’acupuncture ou encore l’ostéopathie.


« L’intérêt pour les plantes croît dans les écoles vétérinaires. »

La phytothérapie n'est pas une spécialisation vétérinaire. Il existe toutefois des occasions pour les étudiants vétérinaires de s’informer et de se former, tout comme ceux qui pratiquent en cabinets ou cliniques. 

« La phytothérapie n’est pas enseignée en tant que tel en France, ça reviendra ! », assure le Dr Céline Gastinel-Moussour. « En revanche, les modules de pharmacologies et de toxicologie qui touchent aux plantes sont très copieux dans les écoles françaises. J’ai des souvenirs d’examens où les plantes me donnaient des sueurs froides ! Jusque dans les années 60, les jeunes vétérinaires apprenaient telle quantité de telle plante pour traiter telle pathologie chez tel animal et aujourd’hui encore les plantes faisant partie de l’alimentation des animaux (y compris des chats), il y a des modules de formations obligatoires à leur sujet. »

« L’intérêt pour les plantes croît dans les écoles vétérinaires comme partout en France en ce moment et je pense qu’il faut beaucoup de rigueur pour que les animaux en tirent profit ! Les praticiens peuvent suivre des formations proposées par des laboratoires et il existe des formations universitaires. J’ai passé un diplôme de troisième cycle de phytothérapie réservé aux médecins, pharmaciens, vétérinaires et sages-femmes à l’université de Clermont-Ferrand en 2006. Tous les vétérinaires n’ont pas envie d’utiliser les plantes, mais comme je vous l’ai indiqué auparavant, 10 % des praticiens mêlent les plantes à leur pratique quotidienne. »

 

Phytothérapie et soins naturels pour mon chat


Dr Céline Gastinel-Moussour 

Editions Le Courrier du Livre (mars 2012)

19 € (prix indicatif), DVD inclus. 

 

Pour en savoir plus sur l’auteure

Céline Gastinel-Moussour est diplômée de l’école vétérinaire de Lyon. Elle travaille en tandem avec son mari, lui aussi vétérinaire ; leurs filles partagent leur passion et ne se lassent pas de la présence constante d’animaux dans la maison ! Elle est l’auteur de Des plantes et des soins naturels pour mon animal de compagnie (Courrier du livre, 2009).



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