Le bouledogue américain n’est pas en 1ere catégorie

Le bouledogue américain, originaire des USA, n’est pas une race reconnue à part entière en France. Les amoureux de la race craignent que sa morphologie de molosse le classe parmi les chiens dits « dangereux ». Le point. 

Le bouledogue américain n’est pas une race reconnue à part entière en France. Les amoureux de la race craignent que sa morphologie de molosse le classe parmi les chiens dits « dangereux » tels que définis par la loi de janvier 1999.

Ce qui imposerait donc aux maîtres certaines obligations (assurance responsabilité civile, évaluation comportementale, permis de détention, stérilisation, etc.). Maud Lafon, propriétaire et passionnée de boulam (c’est le diminutif donné à la race), vétérinaire et par ailleurs journaliste a publié un article dans La Dépêche Vétérinaire*. S’appuyant sur des analyses de ses confrères, elle revient sur les caractéristiques morphologiques du boulam et de tout ce qui fait sa spécificité. 

Présent en France depuis une vingtaine d’années, le bouledogue américain pâtit de son physique de molosse doublé d’une absence de reconnaissance par la FCI (Fédération Cynologique Internationale). Les vétérinaires peuvent être amenés à rédiger des diagnoses morphologiques ciblant les critères distinctifs entre les chiens de type bouledogue américain et les trois morphotypes visés par l’arrêté du 27 avril 1999. 

Le constat récurrent, ces derniers temps, de la qualification en première catégorie, par certains vétérinaires, de chiens de type bouledogue américain, sur des diagnoses morphologiques réalisées à la demande des propriétaires, est inquiétant car cette situation pourrait avoir des conséquences sur le devenir de ces chiens. 

Certes, le bouledogue américain n’est pas reconnu par la FCI et n’est donc, a fortiori, pas LOF (inscrit au Livre des Origines Français). Néanmoins, comme le précise notre confrère Jean-François Courreau, professeur de zootechnie à l’école vétérinaire d’Alfort, « le bouledogue américain a une morphologie originale qui, considérée globalement, le distingue sans ambiguïté des trois morphotypes » cités dans l’arrêté du 27 avril 1999 et définissant les chiens de première catégorie. 

Les points de comparaison sont en effet bien réels entre la grosse majorité des bouledogues américains et les chiens de première catégorie tels qu’ils sont définis dans l’arrêté. Chien médioligne Le bouledogue américain est ainsi un chien médioligne, à tendance bréviligne, avec un stop bien marqué, un fanon pas très prononcé, des masses musculaires équivalentes à l’avant et à l’arrière, etc. 

Le Pr Courreau souligne ces différences et précise que l es chiens de type bully (lire encadré), brachycéphales et dont la tête « bulldogoïde » ne se retrouve chez aucun des trois morphotypes cités dans l’arrêté, peuvent d’emblée être écartés de la première catégorie. 

La situation est plus problématique pour les « standards » chez lesquels on peut trouver des animaux « ambigus ». Néanmoins, des éléments de diagnose différentielle existent et les écartent d’une éventuelle classification. Ainsi, le Pr Courreau souligne les différences suivantes : 

- par rapport au morphotype pit-bull (apparence de race american Staffordshire terrier) : le bouledogue américain de type standard est trop grand, son arrière-train est aussi massif que son avant-main, son stop est bien marqué, il n'a pas la musculature globalement rebondie et, au final, « bouledogue américain et american Staffordhire terrier n’ont finalement rien à voir » ; 


« Les vétérinaires doivent être au courant de la situation complexe du bouledogue américain. » 


- par rapport au morphotype boerbull ([boerboel de son vrai nom, Ndlr,]apparence de race mastiff) : le corps du bouledogue américain n’est pas « haut, massif et long », ses babines ne sont pas pendantes, sa tête et son crâne ne sont pas assez larges, son fanon pas assez développé et, là aussi, bouledogue américain et mastiff sont forts différents ; 

- par rapport au morphotype tosa : les possibilités de ressemblance existent à ce niveau pour certains bouledogues américains mais des éléments de taille et de couleur l’en distinguent comme, par exemple, le blanc envahissant, quasi général chez le bouledogue américain et qui n’existe pas chez le tosa ; attention toutefois, l’argument de la couleur, apparemment évident pour une diagnose différentielle, ne suffit pas. 

« Il n’est pas toujours simple d’exposer de façon analytique les différences entre le bouledogue américain et un morphotype de chien de première catégorie quand c’est leur globalité qui rend la distinction évidente », insiste notre confrère. 


Gestion au cas par cas 


Ces éléments prouvent que la situation du bouledogue américain vis-à-vis de la loi « chiens dangereux » devrait faire l’objet d’une gestion au cas par cas et il revient à chaque propriétaire et éleveur, de démontrer que leur chien diffère, par ses caractéristiques morphologiques, des chiens de première catégorie et ne peut donc pas être considéré comme tel. 

Pour ce faire, les propriétaires se tournent souvent vers les vétérinaires et leur demandent de réaliser pour leur animal une diagnose morphologique . Les vétérinaires doivent donc être au courant de la situation du chien et lister avec soin les critères précisés ci-dessus qui permettent de lui éviter le classement en première catégorie. 

Sans être banalisée, la diagnose est un outil que les vétérinaires doivent être en mesure de s’approprier et qu’ils doivent connaître pour utiliser à bon escient.  

Un chien, deux morphotypes 


Le bouledogue américain descendrait du bulldog anglais originel, importé aux Etats-Unis pour accomplir des tâches diverses (conduite du bétail et protection…). Après la deuxième guerre mondiale, deux éleveurs ont œuvré pour sauver la race presque éteinte : John D. Johnson et Allan Scott.

Ils sont à l’origine des deux types actuels de bouledogue américain : le type Johnson ou bully, plus typé bulldog, et le type Scott ou standard, plus fin et sans doute plus problématique aux yeux de la loi. 

Les deux chiens sont morphologiquement très différents : le bully est plus massif et ramassé, avec un museau plus court et un prognathisme prononcé ; le standard est plus grand et élancé, avec une tête moins typée mastiff. L’articulé en ciseaux de la mâchoire est même autorisé pour ce type par certains standards. 

Aujourd’hui, on rencontre souvent un troisième type, qualifié d’hybride, qui résulte du croisement des deux autres. Il a été initié par Kyle Symmes, premier éleveur à avoir pratiqué ces croisements. 

En France, les premiers bouledogues américains sont arrivés dans les années 90, principalement importés des Etats-Unis. Depuis, la race s’est développée et la SIEV fait part de quelque 5 000 chiens de ce type enregistrés dans sa base de données.

Si on ajoute à ces chiens pucés ceux qui sont tatoués, on peut estimer l’effectif du chien à environ dix mille individus sur le sol français, même si, pour certains éleveurs, on s’approche plutôt des quinze à vingt mille représentants. 

Reconnue par de nombreuses fédérations canines américaines (UKC, NKC, ABRA…) mais pas par l’AKC, seul membre correspondant de la FCI, le chien est géré en France par deux associations : le Club français du bouledogue américain (www.cfba.fr) et le Bouledogue américain association (www.baassoc.fr), qui organisent chacun des shows annuels et font sa promotion.



Source : La Dépêche Vétérinaire, n° 1118 du 2 au 8 avril 2011. 



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Photos : Maud Lafon - DR