Comment faire bien obéir le chien… à distance

Tout propriétaire de chien qui travaille avec son compagnon se trouve rapidement confronté au problème de la distance. Le chien écoute sans problème lorsqu’il est près de son maître, mais son attention et son obéissance diminuent au fur et à mesure que son maître s’éloigne. Antonio Ruiz, éducateur canin, nous explique comment réussir au mieux à travailler à distance avec nos compagnons. 

Conserver le travail acquis alors même que nous sommes à plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres de notre chien ou bien de faire obéir celui-ci lorsqu’il se trouve loin de nous au moment du commandement : un double challenge ! Pourtant, il en va parfois de la sécurité de nos compagnons. 

La difficulté rencontrée est poussée à son maximum alors même que vous n’êtes pas très éloigné de votre chien si vous disparaissez de la vue de celui-ci. 

L’absence du maître, puisque c’est ainsi qu’on appelle le fait de disparaître de la vue de son chien, doit être considérée comme un exercice à part entière, particulièrement délicat à son commencement.  

Une fois que le chien a compris le principe et qu’il est rassuré sur le fait que son maître va revenir, la suite n’est plus qu’une formalité. 

Enfin, le travail à distance, s’il est bien mené, permet une certaine discrétion. Car bien évidemment, vous n’êtes pas obligé de crier pour vous faire entendre et ou obéir parce qu’il est plus discret de faire un signe à son chien pour le faire coucher plutôt que de revenir jusqu’à lui. 

Cerise sur le gâteau : ce confort de vie et d’écoute sont également synonymes de sécurité, puisqu’il vous est possible de faire revenir immédiatement votre chien si nécessaire ou mieux encore, de le bloquer à distance si sa sécurité l’oblige. 


La formule des trois D : durée, distance, distraction 


La base de tout travail d’obéissance pourrait être résumée dans la formule des trois D : durée, distance, distraction. 

Il s’agit de jouer avec ses trois notions et lors de la phase d’apprentissage  de n’augmenter progressivement que l’une ou l’autre alternativement. 

Placez le chien dans une position, puis, tout en restant près de lui, patientez. 

Reprenez-le s’il tente de bouger, et surtout, n’oubliez pas de le récompenser s’il fait l’effort de rester en place. 

Une fois acquis l’obéissance sur la durée espérée, réduisez celle-ci à un laps de temps très court et commencez à vous éloigner pas à pas.  

Une fois atteinte la distance voulue, tout ce travail s’étant effectué dans le calme, vous allez une ultime fois recommencer l’exercice à peu de distance de votre chien, et pour une courte période. Car dans cette phase, ce sont des distractions qui vont apparaître et croître au fil des séances. 

Ainsi, on aura progressivement le résultat escompté, à savoir un chien qui travaille longtemps, loin de son maître malgré les distractions environnantes de quel que type que se soit. 


La longe remplace la laisse


Lorsque l’on travaille avec son chien à distance, c’est la longe qui va remplacer la laisse. Une petite longe peut mesurer cinq mètres de long, une longe « normale » une dizaine de mètres et, bien sûr, plus pour une grande longe. 

Les objectifs que l’on cherche à atteindre avec la longe sont : déclencher le chien qui ne réagirait pas suite à un commandement. Exemple :« viens ici », garder le chien, sur les bons rails (éviter que celui-ci ne s’arrête, ne change d’avis ou ne fasse demi-tour). 

Enfin, la longe permet dans les cas qu’un chien qui cherchait à se soustraire à l’autorité du maître, de ramener celui-ci dans le droit chemin, tout en conservant une attitude déterminée. Certains préconisent l’utilisation de crochets ou d’autres points de fixations (au sol, sur un meuble…).

Bien sûr, cette technique se heurte à des limites liées à la nature des sols, des murs sur lesquels le crochet devrait être fixé, et plus embêtant encore, une fois libre le chien pourrait avoir tendance à vouloir jouir de cette liberté retrouvée au détriment du travail déjà effectué. 

En revanche, bien utilisée la longe peut-être un bon moyen de franchir un cap ; et combiner son utilisation avec un objet fixe permet de s’en affranchir petit à petit. Il suffit de la tenir pour que le chien soit bloqué, puis de la relâcher pour que celui-ci retrouve sa liberté de mouvement.

Pour les fans de merles et (ou) les policiers en retraite, un sifflet est un instrument fort pratique, ayant l’avantage d’une portée bien supérieur à celle de la voix, allié à un son neutre qui semble si difficile à restituer pour les humains. 


Une récompense particulière : la voix 


Parmi toutes les récompenses qui s’offrent au maître, la voix  est quelque chose d’unique : le fait de pouvoir être utilisée à distance. 

Le jeu et autres activités appréciés du chien ne conviennent pas pour un travail à distance, car ils induisent du mouvement chez l’animal.  

La voix, bien utilisée, permet de féliciter son chien simplement mais efficacement. Deux conditions à cela : que le ton de voix soit juste, et que le timing soit bon. 

Quelques points particuliers à prendre en compte : le chien ayant une ouïe particulièrement fine ainsi qu’une vue de prédateur (adaptée à décrypter des mouvements même infimes), le chien est donc un animal parfaitement apte au travail à distance. 

Inutile donc, quand vous lui donnez un ordre, de hurler celui-ci, même si votre compagnon se trouve à plusieurs dizaines de mètres. 

Un chien avec une audition normale, entend et reconnaît son nom, prononcé normalement, à environ 300 mètres. 

Il est donc évident que lorsque vous donnez un ordre à votre chien situé au bout de sa laisse de 1,50 m de long, un murmure est suffisant pour commander son animal. 

J’ai personnellement assisté à des jeux canins où les maîtres se faisaient obéir de leurs chiens alors que ceux-ci étaient environ à 100 mètres. Sans atteindre de tels records, le propriétaire lambda peut avoir besoin de maîtriser son chien à une distance comprise entre 30 et 50 mètres. 

Pour un tel résultat, une simple progression dans la distance appliquée au programme d’obéissance est suffisant. 

Tous les conducteurs sportifs de chiens savent à quel point il est important de maîtriser leurs partenaires, y comprit à distance. 

Citons pêle-mêle : le berger qui peut envoyer son chien récupérer des moutons à plus d’un kilomètre (le sifflet prend ici toute sa valeur). Dans les sports de défense (Ring, Campagne) les positions se pratiquent le plus souvent à une vingtaine de mètres ; quant aux exercices de mordant proprement dits, ils peuvent être commandés entre 40 et 80 mètres. 

Lorsque l’on sait dans quel état d’excitation le mordant plonge certains chiens, il est tout de même impressionnant que leurs conducteurs gardent une telle maîtrise à une si grande distance. 

Le record américain dans la discipline du frisbee catégorie longue distance est d’une centaine de mètres. 

Chapeau bas au maître capable d’envoyer son disque à une telle distance !, et bien sûr au chien capable de le rattraper après une tel course. 

Enfin, parmi les dernières disciplines apparues, l’obérythmée met également le travail à distance à l’honneur. En effet, l’immense variété des figures possibles sera appréciée et notée différemment en fonction que celles-ci auront été réalisées près du maître ou à l’autre bout du terrain. 

De nombreuses figures dans cette discipline sont très spectaculaires, mais loin d’être naturelles pour nos compagnons (pattes arrières, reculer, ramper…). Les obtenir à courte distance n’est pas chose aisée, je vous laisse imaginer à quel point la distance peut encore rendre complexes leurs exécutions. 

Conclusion : que vous soyez simple propriétaire de chien ou compétiteur, vous aurez un jour ou l’autre besoin de commander votre ami plein de poils à distance.

L’idéal est de vous y préparer, sachant que ce n’est pas si difficile pour peu que vous respectiez une progression dans votre travail quotidien.


Antonio Ruiz, éducateur canin, centre Pile-Poil




Au clicker aussi

Un certain nombre d’idées reçues circule quant au travail au clicker (clicker training). Parmi celles-ci, le fait qu’il serait impossible ou même seulement difficile de travailler un chien au clicker et à distance. 

Cette erreur est due au fait que les gens s’imaginent que la récompense qui accompagne le son « click » doit être donnée dans l’instant. Il n’en est rien. 

En effet, s’il est primordial de cliquer au bon moment, le comportement souhaité, le don de nourriture qui accompagne le clic, peut être dans certains cas doit être décalé de l’action proprement dite. 

Par exemple, si vous faites reculer votre chien, que celui-ci se retrouve à cinq ou six mètres de vous et que vous souhaitez le récompenser à ce moment-là, rien de plus simple : cliquez au moment où le chien recule ou si celui-ci reste simplement immobile mais loin de vous, puis prenez le temps d’apporter sa récompense à votre compagnon avant de repartir à votre point de départ et de continuer l’exercice.  




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